mercredi 13 août 2014

Mort de Frans Brüggen mercredi 13 août 2014 à l’âge de 79 ans. Il était l’un des maîtres du renouveau de la musique baroque

Frans Brüggen (1934-2014). Photo : (c) Annelies van der Vegt

Né le 30 octobre 1934 à Amsterdam, Frans Brüggen est le premier grand virtuose moderne de la flûte à bec et de la flûte traversière baroque, deux instruments qui n’existaient quasi plus avant lui. Il a ainsi démontré que le premier est un instrument de musique à part entière, contrairement à celui qui aura dégoûté à jamais de la musique quantité d’adolescents dans les collèges. Brüggen est aujourd’hui encore considéré par les flûtistes à bec comme le père du renouveau de l’école de leur instrument.
Frans Brüggen (1934-2014). Photo : DR
Frans Brüggen, qui avait étudié la flûte à bec avec Kees Otten et obtenu un premier prix de flûte au lycée musical d’Amsterdam ainsi que son diplôme de musicologie à l’Université de sa ville natale, était devenu un professeur fort couru. Il a fondé une grande école de flûte à bec où il formera les plus éminents de ses jeunes confrères. Dès 1955, il enseigne au Conservatoire de La Haye jusque dans les années 1970 et participe dans les années 1960-1980 à la renaissance de la flûte baroque. En 1972-1973, l’Université de Harvard l’invite à donner des conférences consacrées à la musique baroque, qu’il enseigne également au Conservatoire d’Amsterdam. Son style brillant, sa vélocité, ses sonorités transparentes et fluides le conduisent très vite à collaborer avec des musiciens comme Gustav Leonhardt et Anner Bylsma. Il renonce progressivement à la flûte moderne de Boehm au profit des originaux ou de leurs copies, du XVIe au XVIIIe siècle. Ce qui ne l’empêche pas de s’intéresser à la musique de notre temps, au point que Luciano Berio lui dédie en 1966 ses Gesti, qui associent jeu traditionnel et théâtralité, et d’être membre du groupe d’avant-garde Sourcream.
Frans Brüggen (1934-2014). Photo : DR
Après avoir créé un premier ensemble, le Brüggen-consort, Frans Brüggen se tourne de plus en plus vers la direction d’orchestre et fonde en 1981 l’Orchestre du XVIIIe Siècle où il réunit une cinquantaine d’instrumentistes en provenance de seize pays différents pour des sessions annuelles. Avec cette formation, il donne une impulsion nouvelle à l’interprétation du répertoire symphonique baroque et classique sur instruments d’époque, avec quelques incursions dans le premier romantisme. Cette quête de l’« authenticité » conduit les grands orchestres symphoniques à faire appel à ses services pour diriger et travailler Haydn, Mozart et Beethoven, particulièrement l’Orchestre Philharmonique de Vienne, l’Orchestre du Concertgebouw d’Amsterdam et l’Orchestre de Paris qui l’invitent tous pour des sessions annuelles. Il est également l’un des hôtes privilégiés de l’Orchestre de l’Âge des Lumières dont il est Chef émérite. De 1991 à 1994, il est le directeur musical du Het Radio Kamerkorkest dont il est ensuite chef associé aux côtés de Péter Eötvös de 2001 jusqu’à sa dissolution en 2005.
Frans Brüggen (1934-2014). Photo : DR
Frans Brüggen est mort dans la matinée de mercredi 13 août 2014. Il avait 79 ans. Epoux de l’historienne d’art Machtelt Israëls, il est le père de deux filles, Zephyr et Eos.

Frans Brüggen laisse à la postérité une impressionnante discographie, dans chacune de ses spécialités. En tant que flûtiste à bec, il convient de retenir entre autres une anthologie de douze CD qui couvre tout le répertoire de cet instrument (Teldec Classics), une autre consacrée à dix maîtres italiens de la flûte à bec (Telefunken das alte Werk) et les Concertos brandebourgeois de Jean-Sébastien Bach avec Gustav Leonhardt, Sigiswald et Barthold Kuijken et Paul Dombrecht (Seon/Sony). A la flûte traversière, notons les Sonates et Partita pour flûte de Jean-Sébastien Bach et les Sonates méthodiques de Telemann  (Seon/Sony). 

Comme chef, il a gravé les intégrales des symphonies de Beethoven et de Schubert, plusieurs symphonies (Sturm und Drang, Parisiennes, Londoniennes) et les Sept dernières Paroles du Christ sur la Croix de Haydn, des symphonies, la Gran Partita, la Messe du Couronnement et le Requiem de Mozart, les deux Passions et la Messe en si de Jean-Sébastien Bach, le tout chez Philips/Glossa. 

Bruno Serrou

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