vendredi 30 septembre 2022

Dirigé par Paavo Järvi, l’Orchestre de Paris a forgé un écrin féerique pour la violoniste María Dueñas

Paris. Philharmonie. Salle Boulez. Jeudi 29 septembre 2022

María Dueñas, Paavo Järvi et l'Orchestre de Paris. Photo : (c) Bruno Serrou

Retrouvant avec un plaisir non fin son ex-directeur musical Paavo Järvi (2010-2016), l’Orchestre de Paris a reçu cette semaine pour la première fois la jeune violoniste María Dueñas. Née en 2003 à Grenade, élève à sept ans de l’Académie de Musique Carl Maria von Weber de Dresde, l’artiste espagnole a fait ses études auprès de Boris Kuschnir à l’Université de la Musique et des Arts de Vienne. Vainqueur de nombreux concours, le dernier en date étant le Yehudi Menuhin à Richmond en 2021, elle s’est déjà produite dans la majorité des grandes capitales musicales du monde. Egalement compositrice, elle joue sur des instruments prestigieux qui lui sont confiés par trois fondations, un Niccolo Gagliano de 1774, le Guarneri del Gesu « Muntz » de 1736 et un Stradivarius qui lui est prêté grâce à sa victoire au Concours Menuhin.

María Dueñas (violon) et l'Otchestre de Paris. Photo : (c) Bruno Serrou

Sans précision quant à l’instrument qu’elle a choisi pour sa première prestation parisienne, la première des qualités qu’il convient de relever chez María Dueñas est la rondeur et la plénitude de sa sonorité, lumineuse et charnelle, sa main gauche déliée et précise mais au vibrato un rien trop ample. Son Concerto pour violon et orchestre en majeur op. 35 de Tchaïkovski a séduit par sa maîtrise, son ampleur, son chant épanoui, où seul un vibrato légèrement trop large déjà signalé a pu gêner certains auditeurs. Son engagement et sa musicalité radieuse qui ont engendré quelques facéties de la part de son archet dont les crins se rompaient à l’envi, ont envoûté une Salle Pierre Boulez remplie à ras bord qui l’a écoutée médusée dans un silence souverain. Couvée du regard par Paavo Järvi, attentif à la moindre de ses inflexions, la violoniste andalouse a dialogué avec un Orchestre de Paris polychrome, de sonorités chaudes et onctueuses. En bis, María Dueñas a donné Recuerdos de la Alhambra de Francisco Tarrega (1852-1909) dans un arrangement pour violon solo de Ruggiero Ricci.

Paavo Järvi. Photo : DR

Avant le concerto, l’orchestre au complet a donné une interprétation poétique et flamboyante de la première suite de la musique de scène de Peer Gynt op. 23 d’Edvard Grieg, et en seconde partie la trop rare Symphonie n° 2 « Les Quatre Tempéraments » op. 16 que Carl Nielsen a composée en 1901-1902, une musique dans laquelle Paavo Järvi excelle, lui donnant tout son bouquet, ses contrastes, sa puissance évocatrice, sa fluidité intrinsèque, tandis que les pupitres solistes, à l’instar des tutti, ont trouvé à exprimer à satiété leur virtuose musicalité.

 Bruno Serrou

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