mercredi 20 juillet 2022

Adélaïde Ferrière et son marimba convertissent la cité balnéaire bretonne de Dinard à la percussion

Dinard (Ille-et-Vilaine). Salle Debussy. Mercredi 13 juillet 2022

Adélaïde Ferrière en répétition Salle Debussy de Dinard. Photo : (c) Bruno Serrou

Silhouette oblongue et racée, bouillonnante d’énergie, volontaire et spontanée, le geste chorégraphique et précis, Adélaïde Ferrière est une éblouissante musicienne qui transcende le gigantesque instrument qu’est la percussion le rendant apte au chant

Adélaïde Ferrière en concert Salle Debussy de Dinard. Photo : (c) Bruno Serrou

Au sein d’une programmation mêlant en dix jours du musicien star aux grands amateurs du piano, la trente-troisième édition du Festival de Dinard(1), dirigé avec conviction par la pianiste Claire-Marie Le Guay qui a des projets plein son escarcelle, a été magistralement lancée le 13 juillet par un impressionnant récital de la star de la percussion, Adélaïde Ferrière, qui a conquis ce soir-là un public qui découvrait avec enthousiasme cet instrument polymorphe autour d’adaptations (Jean-Philippe Rameau, Niccolo Paganini, Claude Debussy, George Gershwin) pour marimba réalisées avec sensibilité par la percussionniste elle-même, et deux œuvres impressionnantes, l’une pour caisse claire, Asventuras d’Alexej Gerassimez, l’autre pour peaux, Rebonds B d’Iannis Xenakis.

Adélaïde Ferrière à la caisse claire Salle Debussy de Dinard. Photo : (c) Serge Bireul/Festival de Dinard

Révélée au grand public en 2017 par une Victoire de la Musique, Adélaïde Ferrière est à 25 ans une virtuose étourdissante. « Cet instrument est certes populaire, dit-elle, mais peu connoté musique classique, qui ne l’a vraiment intégré qu’au XXe siècle, devenant peu à peu soliste puis chambriste. » La musicienne se joue des pires acrobaties avec une telle aisance qu’elle semble être née baguettes à la main. Espace, temps, rythme, virtuosité, musicalité, fluidité forment avec elle un tout qui confine au talent naturel faisant oublier 7 heures de travail quotidien. Et à ceux qui lui demandent si le fait d’être femme n’est pas un handicap pour cet instrument très physique, elle se plaît à rappeler que nombre d’ensembles constitués comptent des femmes, et que le premier soliste est une femme, Dame Evelyn Glennie. « Au Japon, insiste la percussionniste, la culture du marimba est féminine. »

Adélaïde Ferrière en concert Salle Debussy de Dinard. Photo : (c) Bruno Serrou

Adélaïde Ferrière a commencé à huit ans le piano et la percussion, cette dernière par le xylophone et la caisse claire. « Mon père est percussionniste, ma mère pianiste. Passionné de danse, le geste, l'aspect chorégraphique de la percussion m’ont séduite autant que l’infinie variété du son. Tout objet a des propriétés percussives. Tant et si bien que la percussion ne tient pas du rituel mais du plaisir musical qui est immense, avec un nuancier digne des instruments à cordes. Il m’a été conseillé de ne faire ni du piano, parce qu’il y a trop de monde, ni de la percussion, parce qu’il n’y a personne... Autre attrait de l’instrument, la création, centre de mon activité. Ce qui me permet d’entretenir des liens étroits avec les compositeurs. »  Les 80 récitals solistes annuels qui la conduisent devant tous les publics - elle se plaît à introduire le marimba jusque dans les hôpitaux et les EHPAD -, ne lui suffisant pas, elle fait beaucoup de musique d’ensembles avec les Trios KDM et Xenakis, qu’elle a fondé, et se produit en duo avec des artistes comme Fanny Azzuro, Renaud Capuçon, Bertrand Chamayou, David Guerrier…

Bruno Serrou

1) Adélaïde Ferrière se produit cet été aux festivals du Potager du Roi-Château de Versailles (16/07), Les Nuits du Mont Rome (21/07), Musique en Chemin (23/07), 1001 Notes (29-30/07), des Baronnies (15/08), Ravel (20/08, 4/09), Villers-sur-Mer (21/08), Berlioz (23/08)

D'après l'article paru dans le quotidien La Croix le 15 juillet 2022


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