samedi 30 octobre 2021

Portrait de la basse autrichienne Günther Groissböck

Günther Groissböck (né en 1976). Photo : (c) Dominik Stixenberger

« Le compositeur le plus important pour ma voix est Richard Wagner. C’est un cadeau de pouvoir le chanter, se félicite Günther Groissböck. Stabilité de la ligne, puissance, couleur me permettent de m’exprimer pleinement dans ce répertoire, mais c’est bien plus que pour mes capacités vocales, c’est dans l’intellectuel, l’émotionnel que je me sens très proche de cette musique, à la fois opéra, théâtre, lied. »

Né en 1976 dans les environs de Vienne, la basse autrichienne se distingue par sa voix harmonieuse, son articulation digne du récitant des Passions de Bach, l’élégance de sa tenue vocale, sa haute exigence envers lui-même, au point que se jugeant incapable de se donner totalement pour ses Wotan à Bayreuth, il a décidé de renoncer en 2020, cinq jours avant la première de La Walkyrie (il a cependant été le Landgrave dans Tannhäuser), ainsi que 2022 pour manque de préparation dû au Covid-19. L’été dernier, il y cependant donné ses premières master-classes, Villa Wahnfried. « J’ai beaucoup apprécié, car on apprend abondamment des échanges professeur-élève. On sait instinctivement, mais quand il s’agit de transmettre on analyse ce que l’on fait surtout dans ce métier où l’on a plus de vingt langues à chanter. » Il y a aussi chanté les Adieux de Wotan dans La Walkyrie en concert. « J’aime Bayreuth, où j’ai débuté en 2011, mais cet été a été si difficile que j’ai préféré faire un ’’Bayreuth Brake’’ jusqu’en 2024, sachant que dans deux ans je serai content de retrouver le Festspielhaus. »

Groissböck a été l’élève de Robert Holle à l’Académie de Vienne, et de José Van Dam, dont il a fait la connaissance à Zürich dans une production des Maîtres Chanteurs où il était le Veilleur de nuit aux côtés du Sachs de la basse belge. « Un jour, il est venu me parler, se souvient-il. Il m’a dit ’’Tu as une grande voix mais tu n’es pas un bon chanteur’’. Il a commencé à m’entraîner de façon suivie et nous avons développé une longue et belle relation. » Le public français le découvre dans Fierrabras de Schubert au Châtelet en 2006 dans une production de Zürich, puis dans le Ring à Strasbourg en 2007 (Fasolt), celui de l’Opéra de Paris (Fafner/Hunding) en 2010 et 2013 - année où il participe au Ring de Genève (Hunding) -, dans Les Maîtres Chanteurs (Veit Pogner) à l’Opéra de Paris en 2016, Parsifal (Gurnemanz) en 2018… Ce mois-ci, il est de retour à l’Opéra de Paris dans la production de Willy Decker du Vaisseau fantôme (1). Célébré pour sa constance vocale et sa noblesse de ton, il sera cette saison Wotan de La Walkyrie à l’Opéra de Vienne. L’Opéra de Paris le programme en 2023 dans un ouvrage slave... Avant, il aura été Banco (Macbeth) au Covent Garden de Londres, Sarastro (la Flûte enchantée) à l'Opéra d'Etat de Munich, le baron Ochs (le Chevalier à la rose) à l'Opéra d'Etat de Vienne, le Commandeur (Don Giovanni) à La Scala de Milan, Philippe II (Don Carlos) à l'Opéra de Wiesbaden…

Bruno Serrou

(Paru dans La Croix datée vendredi 29 octobre 2021)

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