lundi 11 janvier 2021

CD : Yan Levionnois, musicien-poète, réunit Benjamin Britten et Arthur Rimbaud pour faire œuvre unique


Epris autant de poésie que de musique, jouant de l’instrument le plus humain qui soit, le jeune violoncelliste Yan Levionnois réunit ses trois passions dans un disque onirique qu’il a intitulé Les Illuminations. Il s’agit du vingt-quatrième disque d’un label qui tire son nom d’un poème de Paul Verlaine, Les Belles écouteuses

« Fou de littérature, j’adore raconter des histoires, voyager d’une œuvre à l’autre. Je ne peux concevoir mes programmes autrement. J’ai l’âme d’un conteur. J’entends créer une cohérence entre les œuvres. » Ainsi se présente Yan Levionnois. Né en 1990 dans une famille de musiciens, fils d’Eric, violoncelle solo de l’Orchestre Philharmonique de Radio France, et Hélène Levionnois, altiste comme son frère aîné Ludovic, Yan s’est rapidement imposé comme l’un des violoncellistes les plus doués de sa génération. Lauréat des Concours Reine Elisabeth et Rostropovitch, Yan Levionnois se distingue par sa curiosité qui le conduit à multiplier ses expériences artistiques. Ce qu’il a commencé à faire dès ses études, débutées avec ses parents à Tours à sept ans, puis à Paris, au CNSMDP où il est l’élève de Philippe Müller et de Marc Coppey, puis à Oslo avec Truls Mork, enfin à la Juilliard School de New York avec Timothy Eddy. Riche d’un tel cursus, le jeune Yan ne pouvait que s’intéresser à la création contemporaine, travaillant avec des compositeurs comme Jonathan Harvey, Krystof Maratka ou Eric Tanguy, jouant des œuvres solos dès seize ans en tournées internationales organisées par l’Alliance française. « Le contact avec les compositeurs me fascine, s’enthousiasme-t-il, et j’éprouve les plus grandes émotions lors des concerts de création. » 

Yan Levionnois. Photo : (c) Natacha Colmez

Chef de pupitre de l’ensemble Les Dissonances, aimant à se produire autant en soliste qu’en chambriste, il est depuis l’été 2019 le violoncelliste du Quatuor Hermès, qui est désormais sa priorité. « Le quatuor m’est devenu vital, car le travail y est extrêmement profond, et l’osmose est telle que le regard des partenaires est primordial si l’on tient à obtenir une cohésion totale, le quatuor étant un instrument unique constitué de quatre individualités qui visent le même but, un son indivisible et spécifique. Ce qui nous conduit à travailler ensemble tous les jours. » Ainsi, l’absence frustrante du concert public est compensée par ses partenaires avec qui travaille à fond les œuvres d’un répertoire d’une richesse infinie. « J’ai pu jouer dans des festivals l’été dernier, et entre septembre et novembre, rappelle-t-il, puis tout s’est annulé du jour au lendemain tout a été annulé... Le plus terrible est de ne pas savoir jusqu’à quand nous serons privés de concert, faut-il ou non nous préparer ? En tout cas il nous faut impérativement agir dans la perspective d’une reprise en février pour pouvoir retrouver le public sans attendre... Je table sur février… Mais rien n’est moins sûr ! »

Depuis 2013, Yan Levionnois a enregistré une quinzaine de disques. Celui qui vient de paraître, Les Illuminations, est le fruit de quatre années de travail et de tournées avec ce programme qui réunit les Trois Suites pour violoncelle seul de Benjamin Britten et une large sélection de poèmes du recueil d’Arthur Rimbaud Les Illuminations. « Sans connaître à l’époque le cycle de dix mélodies du même titre de Britten, lorsque j’ai abordé les Suites du compositeur britannique, je lisais le cycle de rimbaldien, ressentant immédiatement une filiation entre le poète et le compositeur, particulièrement pour ce qui concerne le rythme et la musique des mots. » Au point qu’en soixante-dix minutes, Yan Levionnois mêle étroitement jusqu’à la fusion musique et poésie qu’il joue et dit avec des accents de vérité qui ne peuvent qu’émouvoir. 

Bruno Serrou

2CD « Les Illuminations, Britten/Rimbaud ». Les Belles Ecouteuses

C/o Quotidien La Croix

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