samedi 11 juillet 2020

L’Orchestre de Paris et Klaus Mäkelä, son directeur musical désigné, font une réouverture enthousiasmante de la Philharmonie après cinq mois sans public

Paris. Philharmonie. Salle Pierre Boulez. Jeudi 9 juillet 2020

Klaus Mäkelä et l'Orchestre de Paris, jeudi 9 juillet 2020. Photo : (c) Mathias Benguigui Pasco & Co / Orchestre de Paris

Rendez-vous d’importance le 9 juillet à la Philharmonie de Paris : c’était en effet le premier concert public de l’Orchestre de Paris après presque cinq mois de silence forcé. Mais pour une seule soirée en clôture d’une saison 2019-2020 sérieusement amputée…

Klaus Mäkelä et l'Orchestre de Paris, jeudi 9 juillet 2020. Photo : (c) Mathias Benguigui Pasco & Co / Orchestre de Paris

Ce concert exceptionnel de l’Orchestre de Paris a marqué la réouverture au public de la Philharmonie de Paris après dix-sept semaines de fermeture due à la covid-19, le dernier concert en date de l’orchestre parisien remontant au 5 mars sous la direction du Finlandais Esa-Pekka Saraste. C’est dire combien après une si longe privation le public mélomane était heureux de retrouver sa salle emblématique de la musique qu’est la Philharmonie voulue par Pierre Boulez. Les contraintes sanitaires (demi jauge, soit mille deux cents spectateurs au lieu de deux mille quatre cents, un siège sur deux occupé, port du masque obligatoire, contact réduit avec les ouvreurs, pas d’entracte) n’ont en rien entaché l’enthousiasme du public (au sein duquel la maire de Paris Anne Hidalgo et son adjoint à la Culture), qui, après un discours de bienvenue du président de la Philharmonie, Laurent Bayle, a réservé aux musiciens de l’Orchestre de Paris durant leur installation une très longue ovation ravivée par l’entrée du chef d’orchestre finlandais tout juste nommé conseiller artistique et futur directeur artistique de l’Orchestre de Paris, Klaus Mäkelä.

Klaus Mäkelä et l'Orchestre de Paris, jeudi 9 juillet 2020. Photo : (c) Mathias Benguigui Pasco & Co / Orchestre de Paris

Trois semaines après sa nomination comme directeur musical de l’Orchestre de Paris, Klaus Mäkelä se produisait sur la scène de la Philharmonie, qui s’ouvrait après quatre mois sans spectateurs. Cette fois, le public était donc bel et bien là, et, privé de musique vivante depuis bien trop longtemps, il s’est montré plus enthousiaste que jamais, pressé d’étancher enfin sa soif, au point que les musiciens de l’Orchestre de Paris en ont été transcendés par l’attente fervente de son auditoire. La Philharmonie et autres salles de concerts et d’opéras n’ont donc pas à s’inquiéter du retour ou non du public en septembre, si bien sûr la pandémie de la covid-19 ne reprend pas sa course folle. Soirée singulière aussi parce qu’il s’est agi du premier concert avec tous les pupitres d’un orchestre (à l’exception des trombones et de la percussion seulement représentée par une paire de timbales placée côte cour à gauche des deux trompettes tandis que les six contrebasses étaient disposées façon viennoise, c’est-à-dire au fond de l’orchestre au centre), avec les soixante-trois musiciens requis par la partition de la Septième Symphonie de Beethoven et disposant de pupitres individuels afin de faciliter la distanciation dite « sociale »…

Klaus Mäkelä et l'Orchestre de Paris, jeudi 9 juillet 2020. Photo : (c) Mathias Benguigui Pasco & Co / Orchestre de Paris

Ce rendez-vous marquait en effet la deuxième prestation du chef désigné un an tout juste après sa première apparition en juin 2019. Impressionnantes « fiançailles » de l’Orchestre de Paris avec son directeur musical désigné. A 24 ans, ce chef n’a rien d’un chien fou. Il mène ses troupes avec une extraordinaire vivacité, mais sans précipitation. A son jeune âge, il s’impose par sa précision, le contrôle incroyable de sa gestique, sa maîtrise exceptionnelle du discours, du rythme, du temps, de l’espace, de la couleur. Les voix sont clairement différenciées, les lignes aérées, l’harmonie est luxuriante. Il n’en fait jamais trop, au contraire, il sait laisser à l’orchestre la bride sur le cou. Il atteste ainsi d’une grande maturité... Cinq minutes d’applaudissements avant le début du concert ; sept minutes à la fin interrompues par Philippe Aïche, premier violon de l’orchestre. Un programme (Ravel Le tombeau de Couperin, Beethoven Septième Symphonie) sans originalité a priori, mais le talent du chef et l’engagement de l’orchestre ont donné à ces œuvres archi rabâchées un élan et une vigueur pour le moins enthousiasmants. 

Klaus Mäkelä et l'Orchestre de Paris, jeudi 9 juillet 2020. Photo : (c) Mathias Benguigui Pasco & Co / Orchestre de Paris

L’entente de l’orchestre et de son jeune chef, qui prendra officiellement ses fonctions de directeur musical le 1er septembre 2022, est patente. Le sourire et l’enthousiasme des musiciens n’étaient pas dus au seul plaisir de se retrouver ensemble entourés de leur public. « Cet orchestre a une longue et fascinante tradition, se félicite Klaus Mäkelä. Les musiciens ont remplacé leurs aînés au fil du temps au contact de ceux encore en poste à leur arrivée. Les jeunes se sont ainsi forgés à la tradition, tout en apportant quelque chose de neuf. En outre, cet orchestre est très flexible, et ce que j’aime le plus chez lui est son extrême sensibilité et sa discipline. Je sais aussi que je peux lui apporter quelque chose de neuf, ce qui est important parce qu’avec une telle tradition il y a la possibilité de développer différentes façons de jouer, des styles baroques aux contemporains, ce qui est pour moi à la fois un grand plaisir et un grand honneur. Un orchestre pour un chef est une grande famille, il nous faut respirer ensemble, ressentir la même chose au même moment. »

Bruno Serrou

Le concert est disponible en streaming sur Internet sur live.philharmoniedeparis.fr. Prochains concerts de l’Orchestre de Paris les 9 et 10 septembre www.orchestredeparis.com/fr

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