lundi 13 août 2018

Le Festival de La Roque d’Anthéron face aux aléas de la météo

La Roque d'Anthéron. Le plateau et la coque acoustique du Parc du château de Florans. Photo : (c) Bruno Serrou

La Roque d’Anthéron, Lambesc (Bouches-du-Rhône). Festival international de piano. Parc du château de Florans de La Roque d’Anthéron. Parvis de l’église Notre-Dame de l’Assomption de Lambesc. Mercredi 8 et jeudi 9 juillet 2018.

La Roque d'Anthéron. Avant-concert sous les séquoïas du Parc du château de Florans. Photo : (c) Bruno Serrou

Si la canicule ne contrarie pas mélomanes et musiciens, il n’en est pas de même lorsque les orages, qui ramènent certes la fraîcheur, conduisent à l’annulation de concerts qui se déroulent tous en plein air

La Roque d'Anthéron. Parc du château de Florans. Photo : (c) Bruno Serrou

En vingt-cinq ans de festival, c’est la première fois que le commentateur de la vie musicale que je suis ait eu à subir des intempéries à La Roque d’Anthéron. En effet, la célèbre manifestation pianistique provençale, que la bonne étoile a pour habitude de protéger des intempéries, a été contrainte d’annuler une journée entière d’activité après deux semaines de canicule. 

Photo : (c) Bruno Serrou

Considérant la programmation à flux tendu jusqu’à la fin de cette trente-huitième édition, il n’était malheureusement pas question de report, en dépit de la présence des artistes, qui n’ont pas même eu le loisir de répéter in situ. La soirée était donnée à guichets fermés, car il s’agissait de rien de moins que de l’immense pianiste allemand Lars Vogt, qui jouait et dirigeait deux concertos de Beethoven, dont « l’Empereur », ainsi que la Symphonie n° 4

Lambesc (Bouches-du-Rhône). Photo : (c) Bruno Serrou

Il faut dire que, si la majorité des concerts continue à se tenir dans ce lieu désormais mythique qu’est le Parc du château de Florans dont la coque de bois a été agrandie et l’acoustique grandement améliorée en 2007, grâce à une organisation sans défaut, le Festival de La Roque d’Anthéron présente de plus en plus de concerts hors les murs, comme cette nuit du piano proposée sur le parvis de l’église Notre-Dame de l’Assomption de Lambesc.

Lambesc, le parvi de l'église Notre-Dame de l'Assomption. Photo : (c) Bruno Serrou

Devant le succès des fameuses « Nuits du piano », la formule se développe désormais loin du parc de Florens. Ainsi la « Nuit Liszt », qui a réuni deux jeunes pianistes français déjà consacrés par la critique pour leurs indéniables qualités musicales, s’est-elle déroulée au centre du charmant village de Lambesc, à une quinzaine de kilomètres de La Roque, sur le parvis de l’église Notre-Dame de l’Assomption qui fleure bon l’architecture toscane. 

Nathanaël Gouin. Photo : (c) Bruno Serrou

Nathanaël Gouin, qui fait partie des pianistes soutenus par René Martin, directeur du Festival de La Roque d’Anthéron, a présenté un programme athlétique et profond, avec lequel il a imposé sa technique imparable avec l’assurance d’un grand du clavier, amenuisé par une narration un peu trop linéaire et manquant d’émotion. Ce qui est regrettable avec les œuvres choisies, les quatre Valses oubliées, la dernière étant donnée en bis et révélant le meilleur du pianiste, la Rhapsodie espagnole et, surtout, la fabuleuse Sonate en si mineur, sommet du romantisme en forme de poème symphonique, jouée avec une technique irréprochable mais manquant d’unité. 

Tanguy de Williancourt. Photo : (c) Bruno Serrou

Ce qui n’a pas été le cas de Tanguy de Williancourt, qui allie à sa technique parfaite une musicalité de bon aloi. Ainsi, sa conception de la première des Années de Pèlerinage est-elle apparue comme une suite de saynètes d’un onirisme saisissant, et d’une unité présentant les neuf volets comme autant d’étapes d’un voyage mystique conclu par une Bénédiction de Dieu dans la solitude qui a atteint une force et une authenticité vivifiantes, tandis qu’en bis c’est avec l’une des transcriptions de Tannhäuser de Wagner que le brillant artiste a conclu son récital.

Jonathan Fournel. Photo : (c) Bruno Serrou

Auparavant, dans l’après-midi, dans un Parc du château de Florans brûlé par le soleil, la prestation de Jonathan Fournel a indéniablement été victime de la canicule, sa Sonate n° 3 de Brahms s’étirant en longueur et sans aspérités, à l’instar du Scherzo n° 3 et de la Ballade n° 4 de Chopin, plus concentrés néanmoins. Mais c’est dans les bis que le talent du jeune pianiste français s’est illustré, avec Jésus que ma joie demeure de Bach et un extrait d’une Sonate pour flûte du cantor transcrite pour le piano par Wilhelm Kempff.

Bruno Serrou

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