Maurice André - Photo : DR
L’immense trompettiste cévenol Maurice André est
mort à l’hôpital de Bayonne dans la nuit du samedi 25 au dimanche 26 février. A 78 ans, il laisse une œuvre à la fois
virtuose et populaire, sa grande maîtrise technique, son sens artistique et sa
virtuosité ayant contribué à populariser la trompette partout dans le monde. Professeur
de trompette au Conservatoire de Paris où il a introduit l'enseignement de la
trompette piccolo, notamment pour le répertoire baroque, il a joué et
enregistré les grands concertos du répertoire avec les orchestres et les chefs
les plus illustres jusqu’au début des années 2000, après cinquante ans de
carrière. Il a par ailleurs inspiré quantité d’innovations pour son instrument,
Né dans une famille de mineurs le 21 mai 1933, à Rochebelle dans les environs
d'Alès dans le département du Gard, Maurice André, a commencé l’étude de
solfège à 11 ans, avant de travailler à la mine entre 14 et 18 ans, tout en
étudiant la trompette avec son père, tandis qu’il commence à se produire en
concert avec son frère, également trompettiste. En 1951, il entre au
Conservatoire de Paris après s'être engagé comme trompettiste au 8e
régiment de transmissions. Il est l’élève de Raymond Sabarich et obtient un
premier prix d'honneur de cornet en 1952 et, l’année suivante, un premier prix
de trompette. Membre de l’Orchestre
de la Société des concerts du conservatoire, il s’impose rapidement comme la
figure de proue d’une brillante génération de trompettistes de l’école française,
devenant trompette solo de l’Orchestre Lamoureux (1953-1960), de l’Orchestre
Philharmonique de l’ORTF (1953-1963)et à l’Opéra Comique (1962-1967). À
l'automne 1953, il enregistre avec l'Orchestre Jean-François Paillard le premier de ses 250 disques, tout en se produisant au Cirque Médrano, au Théâtre Mogador. Il effectue également de
nombreux enregistrements studio avec des artistes comme Henri
Salvador et Charles Trenet, dont le fameux Nationale
7. En 1955, il remporte le Premier prix du Concours
international de Genève, mais ce n’est qu’en 1963, après avoir remporté le Concours
international de musique de l'ARD à Munich que sa carrière internationale de
soliste démarre véritablement. En effet, il est dès lors invité par les plus grands chefs d'orchestre, Leonard Bernstein,
Karl Böhm, Herbert von Karajan, Charles Mackerras, Karl Münchinger, Riccardo Muri, Michel Plasson, entre autres, enchaînant
concerts et récitals, s’imposant notamment comme un merveilleux interprète du Deuxième Concerto
Brandebourgeois de Jean-Sébastien Bach.
En 1967, Maurice André est nommé professeur au Conservatoire de Paris où il
enseignera jusqu’en 1978, après y avoir introduit la trompette piccolo pour le
répertoire baroque. Il y forme plus d'une centaine de trompettistes, parmi lesquels
Bernard Soustrot, Guy Touvron, Éric Aubier, Thierry Caens, Jean-Paul Leroy et
Pierre Palas. En 1980, Jacques Chancel et son émission de télévision Le
Grand Échiquier lui ouvrent les portes du grand public. En 1979, il préside
le premier concours de trompette que la Ville de Paris organise à son nom, la quatrième
et dernière édition ayant eu lieu en 2006. Malgré cette prestigieuse carrière dont
le succès ne s’est jamais démenti, Maurice André n’a jamais oublié ses modestes
origines, y faisant constamment référence où qu’il se trouve, ne craignant pas
d’enregistrer de nombreux airs populaires, mais avec la même exigence que pour les
grands concertos classiques ou les œuvres qu’il se plaisait à commander à des compositeurs comme Boris Blacher, Claude Bolling, André Jolivet, Jean
Langlais, Marcel Landowski ou Henri Tomasi.
En 2003, Maurice André a été consacré par ses pairs « trompettiste
du siècle ». Il avait fait ses adieux en concert le 9 octobre 2008, en la
cathédrale Saint-Nazaire de Béziers, à l’âge de 75 ans. Il s’était déjà retiré au Pays basque dans les années 1990, à Saint-Jean-de-Luz
puis à Urrugne.
Bruno Serrou
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