mercredi 10 avril 2013

Lettre de Pascal Dusapin au directeur du Collège de France


Le 20 décembre 2012, invité par le compositeur pianiste pédagogue Karol Beffa, titulaire pour l'année 2012-2013 de la Chaire de Création artistique du Collège de France, le pianiste Jérôme Ducros prononçait une conférence qu'il avait intitulée "L'atonalisme. Et après ?". Diffusée sur le site du Collège de France, cette conférence a fait le buzz sur Internet. Pour ma part, je m'inquiétais du fait que ce qui a plus ou moins le tour d'un certain révisionnisme musical ait trouvé une tribune dans l'un des plus hauts lieux de la Culture en France. En effet, de tels propos sentent à plein nez le traditionalisme extrémiste frisant l'intégrisme. Ce qui fait froid dans le dos, car la classification "Art dégénéré" ou "conformiste" y est plus ou moins ouvertement exprimée. Sans souhaiter raviver la polémique, qui s'est répandue ces derniers jours jusque dans les colonnes des magazines musicaux, je prends l'initiative de publier ici la lettre que Pascal Dusapin, titulaire de cette même Chaire de Création artistique en 2007, a adressée au directeur du Collège de France, en réaction aux propos exposés par ledit Jérôme Ducros. Cette lettre reste aujourd'hui encore sans réponse...

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Pascal Dusapin

Paris le 5 février 2013

Monsieur le Directeur Serge Haroche
 Collège de France
11, place Marcelin Berthelot
75231 Paris Cedex 05

Monsieur le Directeur,

Vous savez peut-être comme j'ai été heureux au Collège de France. Cette institution unique au monde m'a offert une liberté d'expression inconcevable ailleurs. Des cours que j'ai donnés lors de l'année 2007, j'ai publié un livre au Seuil (que je m'autorise à joindre à cette lettre) "Une musique en train de se faire" qui reprend l'exergue de votre établissement : le savoir en train de se faire.

Lorsque j'ai dû aborder la série de cours qu'impose cette charge, j'ai pris au mot la définition de la Chaire : "Chaire de création artistique". J'ai pensé que je n'étais pas invité à parler seulement de musique mais de création. J'ai donc fait en sorte que ma réflexion porte sur tout ce qui pouvait conduire à l'acte même de créer.

En un mot, aborder la question "comment invente t-on? ", c'est-à-dire, avant la mise en œuvre que le choix de son matériau impose. Dans le respect de l'institution, j'espère avoir tenu cet engagement sans jamais aborder des propos trop spécialisés qui auraient d'emblée écarté une partie des auditeurs (dont votre prédécesseur Pierre Corvol était chaque semaine un fidèle).

Mon projet fut de rendre compte d'un travail en train de se faire.

La Chaire de création artistique est occupée cette année par le compositeur et pianiste Karol Beffa.

Je me réjouis que la musique ait pris autant de place. En 2008/2009, le Collège avait nommé Pierre Laurent Aimard, pianiste à la renommée internationale également connu pour son engagement dans la musique d'aujourd'hui. Pierre Laurent Aimard est aussi un grand pédagogue. Pour avoir suivi quelques-uns de ses cours, je peux témoigner avec enthousiasme de l'excellence de ses analyses.

Le 20 décembre dernier, Karol Beffa a invité Jérôme Ducros, pianiste (dont j'apprends qu'il est également compositeur).

Après avoir visionné ce cours intitulé " L'atonalisme et après ? " sur le site du Collège, je me permets de vous écrire pour vous signaler que les propos tenus par Jérôme Ducros s'écartent singulièrement du cadre défini pour cette chaire de création artistique. Pour avoir participé au comité de réflexion que le Collège organisait, je me souviens qu'il était entendu que cette chaire devait être dévolue à des artistes et non des polémistes, fussent-ils invités par le titulaire dans le cadre d’un séminaire. Or, ce qui apparaît dans le cours que Jérôme Ducros a donné ce 20 décembre ne relève pas de la création, c'est-à-dire d'une énergie généreuse et positive, mais d'une controverse partisane visant à détruire.

Le cours commence par un anachronisme (efficace comme tous les anachronismes) mettant en scène Jules Verne et la musique du futur, suivi d'un panorama des styles concernant l'atonalisme et le tonalisme pour finalement se concentrer sur ce que Jérôme Ducros appelle les "capacités discriminantes du jugement". Il donne ensuite une série d'exemples joués au piano si désolants dans leur démonstration que j'ai cru assister à une mauvaise émission de télévision.

Le "cours" commence donc par une vidéo (31secondes) de Maurizio Pollini interprétant "Klavierstück X" de Stockhausen, pièce écrite en 1961.

Sans même citer le nom de cette partition très spectaculaire ni s'interroger sur l'engagement de l'immense artiste qu'est Maurizio Pollini, l'objectif de Jérôme Ducros est clair : noter l'état supposé de déliquescence dans laquelle se trouve la musique composée depuis la fin de la guerre. L'exercice consistant à déplacer puis replacer un extrait hors de son contexte est connu. On peut ainsi tout prouver sans prendre le risque du contraire puisque sans rien induire, on en déduit ce que l'on veut immédiatement. Evidemment, le public n'a rien compris de cette musique puisqu'il n'y peut rien comprendre. Que lui a t-on proposé pour qu'il comprenne si j'excepte le fait que Maurizio Pollini passe pour un imbécile ?
S'ensuit un extrait audio (1 minute 42 secondes) du concerto de violon de Karol Beffa censé nous démontrer que tout semble rentrer dans l'ordre ; la musique reprenant enfin le droit chemin d'une histoire qu'elle n'aurait (sans doute) pas dû quitter.

Dont acte.

Mais de quel ordre s'agit-il ?
Et de quelle histoire ?

Je vous ferai grâce d'un rapport exhaustif de ce cours. Tout au long de sa prise de parole, Jérôme Ducros disposera au piano les éléments rhétoriques d'une notion qui lui tient à cœur : celle de la fausse note. La démonstration est efficace auprès du public car on peut toujours prouver que Schoenberg sonne faux si on lui oppose Mozart. Remarquons que le même exercice vaudrait idem pour Mozart apposé à Monteverdi, Mahler à Haydn, vice-versa etc.

En revanche, ne présentant que des principes d'harmonie élémentaires, on n'aura distingué aucune ambition théorique nouvelle.

C'est ainsi qu'usant d'arguments prétendument linguistiques dispersés à tout va (que penserait de ce désordre Claude Hagège professeur honoraire du Collège de France ?…) , Jérôme Ducros pourrait prouver dans le même élan que Marcel Proust ou Céline ne savaient pas écrire français. D'un point de vue grammaticalement orthodoxe, c'est sans doute vrai mais ne prouve rien. Ou encore, comme s'il s'agissait de justifier que le peintre Soulages ne sait rien de la couleur puisqu'il ne peint qu'avec du noir. Un poème de Tristan Tzara passe également à la trappe d'une déduction si courte, si absurde et si violente au fond, que l'on se demande de quelle intention éthique Jérôme Ducros se veut le héraut. On tremble un instant qu'il en vienne à citer Mallarmé…

Jérôme Ducros a plusieurs fois défendu ces "théories" sur lesquelles il spécule avec ardeur depuis des années pour des raisons qui lui appartiennent mais peu "théorétiques" comme il semble le croire lui-même. On est loin ici d'un projet personnel visant à accroître la connaissance.

Certes, il en a le droit et il a le droit de défendre les musiques et les esthétiques qu'il aime. Mais on ne bâtit rien sur le sarcasme et la haine. Il ne sera jamais le porte-parole libre d'une expression qu'il appelle de ses vœux s'il ne construit et ne propose rien à la place de ce qu'il détruit. Or, tout au long de cette heure passée à parler dans l'amphithéâtre Marguerite de Navarre, on ne saura strictement rien de sa musique. Où est donc sa musique ? Sa musique à lui. Celle qui résoudrait les problèmes qu'il pointe chez celles des autres avec tant d'aversion ?

Profitant (malgré lui…) de l'extrême faiblesse du « comment taire » dans laquelle se trouve la pensée musicale dans notre pays, Jérôme Ducros ne manque pas de s' exprimer dès que l'occasion se présente. Les quelques journalistes ou musicologues qui pourraient encore débattre d'un point de vue cultivé - et plus respectueux de l'histoire de la pensée - n'ont pas l'espace dans les médias pour le faire. On sait que la composition musicale n'est pas en France un enjeu pour la presse, ni pour les intellectuels, ni pour les hommes politiques en charge de la culture.

C'est tout à l'honneur du Collège d’offrir à la musique une telle opportunité d’expression mais permettez-moi de m'inquiéter qu'une institution aussi digne ait laissé un tel espace à si peu d'esprit et d'entendement.

Comment le Collège de France - qui accueille certains des plus grands penseurs de la planète - et dont vous êtes le garant des principes fondateurs peut-il être compagnon d'une telle indigence ?

Les principes multiséculaires nobles et profonds du Collège de France ont été bafoués par une extrême incorrection intellectuelle qui a pris la forme d'un discours - non d'un cours - proféré avec une détermination sans nuance ni empathie avec son sujet mais seulement par le ressentiment d'une histoire qui submerge son auteur.

A la fin de l'intervention de Jérôme Ducros, Karol Beffa reprend la parole et déclare qu'il est parfaitement d'accord avec tout ce qui vient d'être dit.

Karol Beffa a-t-il pris la mesure de l'honneur qui lui a été signifié d'avoir été invité en votre
institution ?

Karol Beffa se souvient-il que le Collège de France est un lieu où l'on pose des questions qui concernent l'intelligence, le savoir, la connaissance, non une tribune où l'on confond jugement et pensée ?

Comment est-il possible que Karol Beffa, titulaire de huit premiers prix au Conservatoire national supérieur de Musique de Paris (CNSM) en harmonie, contrepoint, fugue, musique du XXème siècle, orchestration, analyse, accompagnement vocal, improvisation au piano, licencié en histoire et en philosophie, également Master of Philosophy de l'université de Cambridge, diplômé de l'Ecole nationale de la Statistique et de l'Administration économique (ENSAE), reçu premier à l'Ecole normale supérieure, agrégé d'éducation musicale (reçu premier), titulaire d'un doctorat en musicologie du XXème siècle à l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences sociales (EHESS), qui a enseigné la musicologie à Paris IV, à Polytechnique, aujourd'hui maître de conférence à l'Ecole normale supérieure et titulaire de la chaire de création artistique au Collège de France pour l'année académique 2012/13 puisse avaliser quoi que ce soit d'une pensée aussi rudimentaire que celle formulée par Jérôme Ducros ?

De quelle pensée en train de se défaire s'agit-il ?

Je ne doute pas que vous saurez comprendre le sens de cette lettre. Je suis extrêmement attaché à l'image du Collège et je ne saurais supporter cela sans réagir.

Histoire de conscience sans doute…

Veuillez agréer, Monsieur le Directeur, l'expression de mes sentiments respectueux.
 
Pascal Dusapin

Photo : DR


47 commentaires:

  1. J'ai, pour ma part, trouvé cette conférence très intéressante, et très utile ; je me suis dit "enfin quelqu'un qui ose dire tout haut ce que la grande majorité des auditeurs pense tout bas, que l'atonalisme est la pire invention musicale de l'histoire"...

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    1. I have heard the conference and it really sound as banal propaganda. Of course if I place a wrong chord in a Mozart sonata every one will immediately hear it...the same will happen if I will place a major triad in a Webern dodecaphonic composition...really bad propaganda...the "college the france" should be a place for real investigation and not for such a low level propaganda. So sad !!

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    2. That's wrong, there is some major triad in some dodecaphonic composition!

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    4. I was speaking in particular about Webern !
      Place a major triad in Webern's op 21 and see the odd effect !
      in Berg's violin concert there are lot of chords by thirds but without any "tonal function" ...without any direction..And by the way Atonal music is a too wide generalisation and Tonal as well even wider therefore the conference is based on a really stupid point of departure and it is totally idiotic. I would really say that the duo Ducros & Beffa is similar to the duo Bouvard et Pécuchet. I m going to listen to Boulez 2nd sonata to refresh my soul after such an idiotic conference !!

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    6. Pour en rester exclusivement au niveau "factuel" cette conférence est truffé d'erreurs et de contre-vérités historiques. Par ailleurs, les exemples sont parfaitement inadaptés a l'illustration du propos, en un mot cette conférence est inutile et inopportune dans le cadre de cette chaire de création artistique qui n'a pas pour but de polémiquer. Concernant vos choix musicaux, ils sont parfaitement respectables mais vous ne pouvez en tirer la moindre déduction "majoritaire" comme vous semblez le faire.
      Cordialement

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  2. J'ai également trouvé la conférence très intéressante, particulièrement la partie sur l'écoute passive vs l'écoute active. De plus, je ne comprends pas pourquoi le tonal serait réactionnaire et l'atonal révolutionnaire. Quels enjeux derrière ces querelles ?

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    1. The problem here is that Atonal doesn't mean much and Tonal also can be used only for a little part of the classic repertoire. Perotinus is not tonal and Grisey is not atonal...the conference point of departure is really a nonsense and totally banal...such a pity that this prestigeous institution is sinking in such a huge ingnorance and superficiality.

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  3. Je n'ai pas vu la conférence de Jérôme Ducros en entier, mais déjà je suis pour le moins étonné des contradictions dans la lettre même de Pascal Dusapin! Il écrit «on ne bâtit rien sur le sarcasme et la haine.». Pourtant, il bâtit sa lettre entière sur la haine de la conférence de Ducros! Je perçois beaucoup moins de haine et de sarcasme du début de la conférence de ce dernier que dans cette lettre.

    C'est d'ailleurs amusant que vous-mêmes taxez de «révisionnisme» une conférence qui propose entre autres une démonstration empirique de certains procédés psychologiques de l'audition musicale. Ce n'est pas parce que vous n'êtes pas d'accord avec Jérôme Ducros que celui-ci n'aurait pas le droit de faire une conférence sur la musique au Collège de France !

    Pour répondre au commentaire d'Élisabeth Chamontin, les enjeux de ces diatribes sont évidemment politiques. L'important est de s'assurer que notre groupe de compositeurs obtienne toujours les subventions. Cela ne se passe pas qu'en France, hélas...

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    1. Le problème de cette conférence ce n ‘est pas la démonstration empirique en soi, mais la manière extrêmement réductrice comme elle a été fait. Les exemples donnés marchent, mais ils ne sont pas tout à fait exempts ou neutres, comme il le fallait. Oui, leur choix est tendancieux, fallacieux et polémique. C’est pourquoi une telle conférence n’aura jamais pu se produire au Collège de France. M. Claude Abromont a organisé une réponse assez claire, avec des exemples neutres et il explique très bien comme dans la musique atonale on ne peut pas non plus faire de "fausses notes" car elles sont également perceptibles. Comme plusieurs personnes l’on déjà dit, le goût personnel est à respecter, mais il ne faut pas confondre les opinions personnelles avec la recherche scientifique (par exemple la musicologie) et les commentaires scientifiquement justifiés.

      http://www.melozzoo.org/melozzoo/Home-JMV/rezzoO/Tonal-atonal-retour-vers-le-futur

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  4. Je n'ai pas du tout d'éducation musicale formelle, juste une expérience de l'écoute, et moi je trouve la musique atonale de Schoenberg, Stockhausen, Boulez et autres belle, plus belle que Tchaikovsky, plus belle que Beethoven ! C'est pour dire que des mélomanes peuvent s'intéresser à la musique atonale, ce n'est pas réservé aux intellectuels. Il suffit juste d'y être emmené par une bonne expérience de l'écoute.
    Ducros ferait mieux de vendre ses épices et abandonner la composition - la musique atonale est trop complexe pour qu'il le comprenne.

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    1. "la musique atonale est trop complexe pour qu'il le comprenne."

      Ne venez-vous pas vous-même de dire que la musique atonale n'est pas réservée aux intellectuels ?
      Outre cette incohérence spectaculaire dans votre propos, au départ on a l'impression que vous défendez une ouverture et la subjectivité de l'expérience musicale mais, au final, un élitisme prend le dessus et vous resserrez les angles sans ménagements.

      De quel côté êtes-vous, en réalité ?

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  5. liz: "Ducros ferait mieux de vendre ses épices et abandonner la composition - la musique atonale est trop complexe pour qu'il le comprenne."

    Est-ce alors aussi trop complexe pour Karol Beffa, dont il n'est pas utile de rappeller le parcours universitaire et musical?

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  6. Tres juste reponse ( et drole) de Thomas Volta. En résumé, Dusapin, dans la grande tradition d'inquisition, delegitimise son adversaire, et demande sa destitution ( au lieu d'accepter la contradiction de point de vue theorique). Un vent de panique commence à se faire sentir chez ceux qui, grace à l intimidation, excommuniait les compositeurs hors de leur famille musicale, afin de se garder postes et subventions ( et cela malgré une impopularité quasi unanime hors des interressés subventionnés.) Heureusement que le vent tourne , quel bol d'air ! Et peut etre que le divorce avec le public va commencer à se resorber peu à peu . Le fait que le directeur du college de france n'ai pas meme daigné repondre à l'inquisiteur Dusapin est un signe assez encourageant que ce genre de methodes ne marchent plus.

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  7. Sorry if I am writing in english .
    Already Schönberg in the first half of the 20th century has critcized the word "atonal". Still using this word in opposition to "tonal" is a nonsense. Would be much more interesting to explore the limits of the tempered system : an aquarium were semi unconscious fishes swim without even knowing the huge limits of their limited universe. Mr Ducros why don't you speak about this simple fact ? So sad that in such an important institution this kind of non relevant problems are taken in consideration.

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  8. Si on écoute la conférence de M. Ducros l'esprit ouvert, sans parti pris ni dogme absolu, on reconnaîtra en lui " l'intelligence, le savoir, la connaissance" que M. Dusapin réclame mais qui, au contraire, sont absents dans sa lettre venimeuse. Et c'est aussi pour ça que M. Dusapin ne peut comprendre le soutien de Karol Beffa au contenu de la conférence: manque de "intelligence, savoir, connaissance", à cause d'une foi aveugle dans le programme moderne/atonaliste qui a paralisé la création musicale et laissé l'imagination seulement pour la musique populaire, qui a retenu le language tonal.

    Aussi peut intelligente est l'image de l'aquarium de Mme(?) Shiama: de Monteverdi à Mahler, tous seraient des poissons inconscients !

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    2. On peut quand même reconnaitre "l'intelligence, le savoir, la connaissance", comme dit M. Mario, mais complètement distordu, pas du tout dans un contexte, historiquement fondé. Comme j'ai déjà dit plus haut, cette conférence a été extrêmement réductrice, et tendancieuse, avec le seul objectif de détruire toute l'histoire de la musique. Sinon, quelle a été la réaction du public à la première audition de la 5ème symphonie de Beethoven? (musique tonal) Pour ne cité qu'un exemple très connu de la plupart des personnes. Même en ce qui concerne la très belle musique de Debussy, on le sait bien qu'il a été aussi assez critiqué, comme presque tous les compositeurs qui, tout au long de l'histoire, ont apportés des nouveautés. Réduire à l'expression "atonalisme" toutes les techniques compositionnelles, toutes les esthétiques, tous les systèmes, toutes les connaissances sur le son lui-même, la note elle-même, tout un siècle de travaille et de recherches, révèle soit de l'ignorance soit de la mauvaise foi ! Donc, plutôt que de "prouvé" la "fausse note" qui, pour l'auteur, caractérise toute la musique non tonal (que dire donc de la musique modale ancienne?), il faudrait mieux d'expliquer les systèmes, les langages, leurs convergences et divergences, ce qui les approche, ce qui les sépare, son encadrement historique, les idées qui sont à la base de leurs origines, etc. Il y en a BEAUCOUP de choses à dire sans détruire ! Il faut savoir séparer rationnellement nos goûts personnels des évidences scientifiques.

      Cordialement

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  9. Voici donc toute la panoplie des "arguments" des Modernes.

    M. Serrou sort la Grosse Bertha, l'indispensable "reductio ad Hitlerum" : "Ce qui fait froid dans le dos, car la classification "Art dégénéré" (...) y est plus ou moins ouvertement exprimée.". Manque de pot : rien de tel n'apparaît dans ce que dit Ducros, mais cela ne surprend plus personne.

    Quand à Mlle Fifi, elle nous ressort la vieille blague du "c'était pareil pour ....." (inscrivez le nom de votre artiste du passé préféré). N'importe quoi, évidemment, comme toujours : l'échec de la 5ème n'avait rien à voir avec l'oeuvre, comme n'importe quel wikipedia vous le dira.

    Voir aussi, à côté, la diatribe non moins amusante de M. Monnet.

    La cause de la musique "contemporaine" (notion d'esthétique et non de chronologie : Webern est "contemporain", Lady Gaga n'est qu'"actuelle") ne saurait-elle être défendue que par ces moyens? Cela jetterait une ombre sur sa légitimité.

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  10. La musique de Monsieur Ducros ne m'a pas du tout convaincu par contre, et c'est un peu embêtant, j'eusse aimé qu'elle m'en apprit plus ou autant que cette intéressante discussion.

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  11. Intéressante la conférence de Jérôme Ducros, que j'ai écoutée très récemment. Même si certaines démonstrations ne m'ont pas convaincue,
    et étant hermétique à la musique atonale, je cherche à comprendre. Tout support de réflexion m'intéresse. Ce fut le cas ici.

    Par contre, Pascal Dusapin, qui est le polémiste? Le propos "haineux" que vous prêtez à celui de J.Ducros est le vôtre.
    Propos élitiste et méprisant: "honneur". " indigence".

    Je vous cite:"Karol Beffa a t'il pris la mesure de l'honneur qui lui a été signifié..." Le brillant parcours de K.Beffa ne lui laisse t'il pas sa liberté de "jugement" ?

    " art dégénéré,conformiste, plus ou moins exprimé

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  12. Intéressante la conférence de Jérôme Ducros, que j'ai écoutée très récemment. Même si certaines démonstrations ne m'ont pas convaincue,
    et étant hermétique à la musique atonale, je cherche à comprendre. Tout support de réflexion m'intéresse. Ce fut le cas ici.

    Par contre, Pascal Dusapin, qui est le polémiste? Le propos "haineux" que vous prêtez à celui de J.Ducros est le vôtre.
    Propos élitiste et méprisant: "honneur". " indigence".

    Je vous cite:"Karol Beffa a t'il pris la mesure de l'honneur qui lui a été signifié..." Le brillant parcours de K.Beffa ne lui laisse t'il pas sa liberté de "jugement" ?

    "art dégénéré, conformiste,plus ou moins exprimé",c'est votre interprétation.

    Quel regret de constater que la musique puisse amener à de telles rivalités trop nombreuses.

    Vous nous en apportez une nouvelle démonstration féroce monsieur Dusapin.

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  13. On a quand même l'impression que les "atonaux" passent par simples pertes et profits le fait, indubitable je crois, que depuis qu'ils font de la musique atonale, le public les boude, trouve leur production absolument atroce et ne va pas les écouter. Si bien qu'on se demande par quelle perversion ils s'entêtent à des principes qui conduisent à des œuvres à peu près unanimement moquées, sinon détestées, et cela depuis en gros un siècle. Les arts officiels précédents eux, au moins, étaient assez largement appréciés du public même s'ils n'étaient pas toujours très inspirés...

    (Quant à Pérotin, s'il n'est pas tonal, il n'est bien entendu pas atonal au sens que cela prend comme mouvement esthétique revendiqué et théorisé sept siècles après lui : la malhonnêteté de l'argument laisse sans voix, surtout chez des gens qui par ailleurs chicanent Ducros sur des manques de rigueur qu'ils trouvent dans son propos.)

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  14. Absolument, l'absence de public est la vraie raison de tels propos exécrables tenus par P.Dusapin.
    Là où il y a malhonnêteté également, c'est de s'investir de la mission de se préoccuper à ce point de "l'image" de l'institution qu'est le Collège de France. C'est misérablement puéril.

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  17. Le Collège de France aura offert cette année une tribune au courant "tonalitaire" (néotonal canal "anhistorique"), où une sorte d'"ana" ou d'"uchroniqueur", milite pour un retour à la belle époque d'avant l'atonalité* (cette "novlangue" inintelligible, contre nature et stérile), oubliant que la tonalité n'est pas LA panacée, mais a longtemps été une sclérose. Il escamote une partie considérable du répertoire du XXe siècle étiqueté "inclassable" par manichéisme ; pire, il passe complètement sous silence, toutes les musiques antérieures à la tonalité! Cela simplifie drastiquement la problématique, mais en compromet dramatiquement la pertinence.
    Si la musique académique se fossilisait dans la tonalité, elle laisserait le terrain de l'inventivité à la variété, à la pop, au rock etc... lesquelles incorporent de plus en plus de sophistications et d'innovations. Alors, la musique populaire deviendrait plus savante que la musique savante!
    Naturellement, il y aura toujours des compositeurs qui chercheront d’autres voies. Concédons que ça sera de plus en plus difficile (comme composer de nouveaux chefs d'œuvre tonaux), quoique les progrès des savoirs et des techniques continueront à apporter aux modernistes, des opportunités encore insoupçonnées. Ce qui est sûr, c'est qu'il faudra toujours avoir du génie pour être "résolument moderne" et encore plus pour écrire des œuvres tonales intéressantes. Mais le génie, ne s'apprend pas, même en accumulant les diplômes et les titres!

    Après tant de "révolutions musicales", on a du mal à en imaginer de nouvelles et la tendance actuelle est plutôt en effet à l'assimilation par les compositeurs, de tout ou partie de ces acquis, dont ils effectuent des synthèses selon leurs affinités intellectuelles ou esthétiques.
    Si de ce foisonnement, Jérôme Ducros ne perçoit qu'une grise uniformité, c'est que son écoute serait incroyablement restreinte (même si on ne s'en tient qu'à la bagatelle, la dialectique de la tension-détente, est loin de couvrir le champ des possibles).

    Pour rendre sa thèse un minimum vraisemblable, Ducros joue sans vergogne sur toute la gamme des procédés de désinformation et de manipulation avec une virtuosité déconcertante. Il serait intéressant d'y regarder de plus près pour réaliser à quel point la « démonstration » est biaisée et sa conclusion fausse.
    L’attrait du public pour toutes les musiques de toutes époques et de toutes origines continue de croître, amplifié par l’évolution des médias; les oeuvres intéressant un auditoire plus ou moins vaste selon leurs difficultés ou leurs pouvoirs de séduction. Ainsi, pour les contemporains, la concurrence est beaucoup plus rude que pour leurs aînés. Malgré ça, et nonobstant les a priori de Ducros, certaines oeuvres contemporaines radicalement atonales peuvent très bien attirer un auditoire sensiblement plus large que tel obscur épigone de Haydn, ou de Brahms, quand bien même vivrait-il au XXIe siècle.

    On comprend pourquoi Karol Beffa -grand amateur d'impostures musicales- a délégué son temps de parole à J. Ducros. On comprend moins bien pourquoi le Collège de France assume cette prestation si contraire à la méthode et à l’éthique scientifique (on note d’ailleurs beaucoup de citations et d'allusions à des avis culturels, mais aucune référence scientifique) et qu’il n’ait daigné répondre à la protestation de Pascal Dusapin. Ce prédécesseur de Beffa la digérant très mal, nourrit de légitimes inquiétudes, quant à la réputation et à la crédibilité même de cette vénérable institution, et finalement, on a tort de l’enguirlander.
    Le Collège de France se veut être "un lieu de débat et de confrontation d'idées", l'idéal ne serait-il pas d'y organiser des débats contradictoires plutôt que de petites expériences de musique amusantes pour salons mondains?
    -
    *tel Marcellin Berthelot, chimiste conservateur accroché à celle d’avant l’atome.

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  18. Quelques procédés employés par Jérôme Ducros qui confinent à la perfidie :

    1) Il embrouille en plaçant à un même niveau de vérité des constatations de faits et des interprétations fort contestables et contestées, de telle manière que ce qui est bien établi induit à considérer comme avéré ce qui l'est beaucoup moins. Par exemple (comme on le voit dans le paragraphe suivant), une large partie de sa démonstration tourne essentiellement à la mise en évidence d'une tautologie, en prélude à des considérations relatives à l'écoute des musiques non tonales. Or, aucune étude en psychologie cognitive n'a abouti à des résultats tangibles à ce propos; c'est un sujet extrêmement délicat où les biais et la subjectivité sont très difficiles à contourner.
    D'autre part, il devrait parfaire un peu ses connaissances ethnomusicologiques afin de relativiser les universaux cognitifs qu'il présuppose dans le système tonal.

    2) Dans sa petite mise en scène des morceaux qu'il jouait en introduisant volontairement des fausses notes au piano, J. Ducros feignait de craindre que son auditoire allait ne plus lui faire confiance après qu'il eut avoué ces "forfaits", mais c'était certainement ici aussi pour achever de mettre son auditoire définitivement en confiance et faire passer une tromperie supplémentaire . Et effectivement, lorsqu'il conclut:
    "Il semblerait que les facultés discriminantes de jugement soient présente lorsque l'œuvre est tonale et qu'elles disparaissent lorsqu'elle est atonale." le "semblerait" est judicieux, car là aussi, il y a matière à discussion. JD avait dit que ce sont les fausses notes qui se remarquent aisément dans les musiques tonales et qui seraient impossibles à identifier dans les musiques atonales, ce qui est faux. En fait, une fausse note peut parfaitement passer inaperçue à l'écoute d'une musique tonale inconnue, si celle-ci n'entraîne pas de dissonance. Ce qui frappe dans un contexte tonal, consonant, c'est à dire linéaire, ce sont les dissonances, les irrégularités, les ruptures de linéarité par trop marquées. Il va de soi que des dissonances dans un contexte dissonant ont beaucoup plus de chance de passer inaperçues, si celles-ci ne perturbent pas trop les règles régissant ce système. Ainsi, réciproquement, dans un contexte dissonant, des consonances tranchent nettement, néanmoins, certaines dissonances doivent y être aussi plus ou moins repérables. Certes, cela est beaucoup plus aisé à l'écoute d'une musique tonale inconnue, qu'à l'écoute d'une musique atonale connue (ce qui relève plutôt des limites de nos capacités psycho-cognitives), mais gageons que J. Ducros n'ait pris aucun risque en choisissant soigneusement les fausses notes qu'il a introduites dans ses exemples atonaux, de manière à ce que celles-ci n'engendrent aucun accord sortant trop de la métrique du système régissant ces pièces.
    Pour clore ce chapitre, notons encore cette incohérence dans l'argumentation de J. Ducros, il omet justement le cas de figure de l'"embryon mélodique ou harmonique" envisagé ci-dessus et qui se repère immédiatement par n'importe qui, dans une oeuvre atonale inconnue, ce qui est évidemment un procédé très courant (Schnittke, Goubaïdoulina...) pour créer l'effet de surprise si crucial pour J.Ducros, et dont il veut nous faire croire qu'il n'est envisageable qu'avec la musique tonale. Cependant, il en constate effectivement l'usage de plus en plus fréquents à un autre moment, mais il le qualifie alors de palinodies, de timides retours à la tonalité et ceux-ci ne lui occasionnent aucune surprise, bien au contraire, il n'y perçoit que les signes prémonitoires de l'avènement de sa seule et inéluctable solution: le retour total et pour toujours à la tonalité! (difficile de se débarrasser des idées fixes !).

    (suite dans le commentaire suivant)

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  19. 3) Il procède par amalgame ; ainsi, pour étayer son sentiment d'uniformisation des styles, il fait un quiz à partir de quatre brefs extraits, qu'il a sélectionnés habilement pour leurs similitudes expressives et « timbrales ». Il aurait pu en choisir de forts dissemblables parmi des millions de combinaisons possibles, comme c’est le cas dans les concerts d'ensembles comme 2e2m, Court-circuit ou autres.
    Il opère les rapprochements qui sont les plus favorables à son point de vue, alors qu'un critère de robustesse d'une thèse est de l'envisager en la plaçant dans le cas le plus défavorable. Il en est ainsi dans tous les exemples qu'il choisit, notamment dès le début avec le Klavierstück IX de Stockhausen placé en repoussoir du concerto pour violon de Beffa.

    4) Il avance aussi avec aplomb des arguments débiles: "j'affirme... qu'on ne peut plus... imputer à la peur du nouveau... ce divorce... entre la musique contemporaine et les mélomanes qui la rejettent... ils achètent les livres qui viennent d'être publiés, voient les films qui viennent de sortir", tout en décrétant que la création musicale elle, « n'a rien apporté de profondément nouveau depuis des décennies ». Or, depuis des décennies, il y a bien rarement du nouveau dans la production littéraire et cinématographique!
    Non, c'est justement concernant la musique que sa remarque selon laquelle les créateurs "les plus modernes se situent au début du modernisme" est sans doute la moins pertinente. Certes, les innovations musicales les plus radicales et déterminantes se sont produites à la fin du XIXe et surtout au début du XXe siècle, mais les innovations significatives et considérables se sont poursuivies jusqu’aux années 80. Sur ce plan, la musique fait exception, on peut même oser postuler que l'avenir de l'avant-garde sera musical ou ne sera pas et la dualité
    Duchamp-Schönberg évoquée par J. Ducros vers la fin peut s'interpréter tout à fait autrement: Duchamp était un génie qui avait pressenti la mort prochaine des arts plastiques, alors que Schönberg était un génie qui entrevoyait un long avenir pour l'évolution de la musique.

    Il y a aussi ce passage de sa conférence assez cahotique, c'est au début, lorsqu'il annonce qu'il va se "risquer" à effectuer une "étude comparative langage tonal versus langage atonal" car selon lui celle-ci sera "schématique", mais : "L'intérêt d'une analyse aussi binaire est qu'elle permet d'expliquer -au moins en partie- le divorce entre le public mélomane et la musique contemporaine du XXe.". Hallucinant! ce "contrepoint" de fausse sincérité, et de
    vraies inepties, comment une analyse simpliste de la réalité pourrait-elle aboutir à une conclusion valide? Comme il est conscient que cela n’a aucun sens, il évoque "le besoin d'imposer les partitions de style contemporain dans les conservatoires et les concours internationaux, pour s'assurer que les étudiants les jouent.", ce qui suffirait pour preuve de la
    réalité du "divorce", assimilant au passage les étudiants et les mélomanes.

    5) Avant de conclure, J. Ducros part dans une série sans fin de digressions "scolastiques" insistant sur le renversement de situation avec les atonaux devenus conservateurs et les néotonaux révolutionnaires etc etc... , qui résonne comme une sorte de matraquage publicitaire.

    Tout cela est facilité par le fait qu'il s'agit d'une conférence (et non d'un débat contradictoire), les auditeurs écoutant le discours sont mis en confiance par le cadre dans lequel il se trouve
    (en l'occurrence le Collège de France) et soumis au ton très BCBG et au rythme du locuteur, qui captive l'attention avec brio. Ils s'efforcent surtout de ne pas décrocher et sont réceptifs. Leur esprit critique n'est donc pas particulièrement stimulé, moins par exemple que s'ils lisaient un texte. D’où ce long retour sur ses propos trompeurs !

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    1. Belle analyse critique des procédés ! Merci beaucoup

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  20. A mon modeste niveau, Je vous répondrai que l'évolution de toute forme de langage: musical,pictural,l'évolution de notre langue qui lui permet de rester vivante, nous sommes, je veux le penser, nombreux à en comprendre l'importance et la nécessité.
    Les querelles de chapelles s'enflamment irrémédiablement.
    Ne peut-on pas en tirer une richesse de débat,de conférences, de plus de pédagogie aussi? Non, c'est reparti sur le même ton:
    " arguments débiles"- "inepties"... C'est inacceptable et stérile.
    On s'insulte entre professionnels. On est rivaux.
    "Le génie ne s'apprend pas" avez-vous écrit. On ne peut qu'être d'accord. Sur le sujet qui nous intéresse, le public peu présent
    ( dans le répertoire atonal) n'attend t'il pas le génie d'un Haydn, d'un Brahms que vous citez ?
    Comment expliquez-vous l'engouement actuel pour le répertoire baroque ? (qui en a entendu aussi). Le génie d'un Haendel, d'un Jean Gilles d'un Moulinié, Porpora, Durante et tant d'autres.(je n'ose nommer Bach...) Le génie est la réponse.
    Le public ne s'y trompe pas.

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    1. >Ne peut-on pas en tirer une richesse de débat,
      ------------------------------------------------------------
      Certainement, c'est ce que je tente de faire.

      >" arguments débiles"- "inepties"... C'est inacceptable et stérile.
      On s'insulte entre professionnels.
      ------------------------------------------------------------
      débile et ineptie ne sont pour moi nullement des insultes, je les emploie strictement dans le sens qu'ils ont dans le
      dictionnaire, ce qui se vérifie quand je développe l'argument correspondant.
      Vous croyez donc qu'il y a du radicalement nouveau dans la productions littéraire et cinématographique actuelle comme
      le prétend -selon un argument débile (c'est à dire très faible) J. Ducros? Moi non, je ne sache pas qu'il y ait actuellement un nouveau Joyce ou un nouveau Céline et je ne me souviens pas qu'un Claude Simon (par exemple) ait eu des succès de librairie mirobolants.

      >Comment expliquez-vous l'engouement actuel pour le répertoire baroque ? (qui en a entendu aussi).
      Le génie d'un Haendel, d'un Jean Gilles d'un Moulinié, Porpora, Durante et tant d'autres.(je n'ose nommer Bach...) Le génie est la réponse.
      ------------------------------------------------------------
      Je crois que tous les systèmes musicaux, tous les styles -y compris ceux antérieurs et postérieurs à la tonalité- ont
      apporté leurs chefs d'oeuvre et ont donc leur public, lequel est plus ou moins large en fonction de l'accessibilité de ces différents répertoires. Ce n'est donc pas à moi qu'il faut poser cette question, mais à Jérôme Ducros et aux tonalitaires, car je ne suis pas sûr qu'ils considèrent Étienne Moulinié comme un tonal authentique. Même Jean Gilles, pour eux, ça doit être limite!

      >Le public ne s'y trompe pas.
      ------------------------------------------
      pas toujours

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    2. En tant que "tonalitaire", et comme je l'ai déjà écrit, cherchant à avoir accès à l'atonal auquel je ne comprends rien, je ne peux que répondre que je vis la musique comme bon nombre d'entre nous je présume, d'abord avec ma sensibilité. J'attends d'elle qu'elle me transporte, qu'elle m'élève. Banal ce que je dis, mais essentiel.
      Si elle répond à cette attente,le public est présent dans les salles de concerts.
      Des chefs d'oeuvres, de styles et de systèmes différents, nous en découvrons toujours.

      Jean Gilles fait partie de ces compositeurs que j'ai découverts tardivement, et qui fut un choc.
      Je connais bien son oeuvre, interrompue trop tôt, mais que j'ai énormément écoutée, et travaillée aussi. Je ne me pose pas la question de savoir s'il est tonal ou limite tonal.
      Pour d'éventuels lecteurs qui seraient intéressés, je me permets de vous conseiller d'écouter son "Requiem"; ainsi que ses "Lamentations".

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    3. Je ne crois pas du tout que vous soyez "tonalitaire". D'ailleurs, il me semble que les oeuvres de Etienne Moulinié et même de Jean Gilles ne font pas encore vraiment partie de la tonalité. Moi aussi, quand j'écoute une musique, je me moque de savoir comment elle a été fabriquée, à quel style elle se rattache, je dis ce qui précède uniquement pour mettre en évidence le côté dérisoire des classifications. L'objet de cette polémique n'est pas de juger les goûts de chacun.
      Ceux que je vise par ce terme "tonalitaire" ne sont pas les gens qui apprécient la musique tonale, même à l'exclusion de toutes autres, ce sont ceux qui ne tolèrent pas l'existence d'autres systèmes musicaux, (aussi bien ceux qui ont succédé à la tonalité, que ceux qui l'ont précédé) et qui justifie leur sectarisme avec des arguments pseudo scientifiques. Bon, J. Ducros a tout à fait le droit de dire ce qu'il veut, mais, ce qui est (à mon avis) scandaleux est qu'il ait pû le faire au Collège de France qui est une référence multiséculaire concernant la connaissance. Et qu'il l'ait fait avec
      l'assentiment du titulaire Karol Beffa, et a posteriori avec la caution (sous réserve il est vrai, mais il n'y a eu aucune mise au point ultérieure) de Jacques Bouveresse (ex titulaire de la chaire de philosophie de la connaissance) et dans le mutisme de Serge Haroche (l'administrateur)! C'est ça le vrai sujet de la polémique.

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    4. La parenthèse J.Gilles se voulait être simplement une bouffée d'oxygène. Le hors sujet ne m'a pas échappé.

      Cette controverse guerrière laisse chacun sur ses positions et explique peut-être le silence des instances du Collège de France.
      Cette polémique n'est pour moi, qu'un obscur snobisme intellectuel.
      Merci pour cette conversation.

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    5. Non, il n'y a rien de guerrier, c'est tout simplement une controverse, motivée par un désaccord.

      Mais vous disiez vous-même dans votre commentaire du 10 août à propos de la conférence de Jérôme Ducros que:
      "certaines démonstrations ne m'ont pas convaincue"
      Serait-il indiscret de vous demander les quelles?

      Je crois que le silence de Serge Haroche est signficatif de son embarras. Objectivement (indépendamment d'éventuelles préférences esthétiques, qui n'ont d'ailleurs pas à s'exprimer dans ce contexte), il y a eu une entorse à la déontologie scientifique de la part de l'administration du Collège de France. Et Serge Haroche n'a pas le courage de l'admettre.

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  21. Ce qui ne m'a pas convaincue? vous en parlez: ce sont les exemples choisis, et plus particulièrement les extraits joués par lui-même, dans lesquels il introduisait une fausse note. ces exemples que j'ai trouvés simplistes, n'illustraient pas son propos de manière convaincante. (pour moi, étrangère à cette musique.)

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    1. Avez-vous lu l'article de Philippe Manoury « Mais de quoi donc ce “néo” veut-il nous parler ? » qui est accessible depuis ce même blogue en cliquant sur ? C'est daté du 3 mai. Il a donné bien avant moi, beaucoup d'arguments que je partage et il s'appuie sur de nombreux exemples musicaux, très convainquants ceux-ci. Moi, j'ai voulu surtout chercher à décortiquer les procédés de manipulation "tonalitaires" que Jérôme Ducros a employé dans « L’atonalisme et après ? ». Il y a aussi dans une intervention intéressante de Marc Monnet.

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    2. Avez-vous lu l'article de Philippe Manoury « Mais de quoi donc ce “néo” veut-il nous parler ? » qui est accessible depuis ce même blogue en cliquant sur mai ? C'est daté du 3 mai. Il a donné bien avant moi, beaucoup d'arguments que je partage et il s'appuie sur de nombreux exemples musicaux, très convainquants ceux-ci. Moi, j'ai voulu surtout chercher à décortiquer les procédés de manipulation "tonalitaires" que Jérôme Ducros a employé dans « L’atonalisme et après ? ». Il y a aussi dans juin une intervention intéressante de Marc Monnet.

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  22. Je n'ai pas lu les articles auxquels vous faites référence.
    Je viens par contre de relire (j'avais évacué à la première lecture) les propos tenus par P.Dusapin concernant le silence de Serge Haroche.
    Je cite:
    "Il a dû prendre ça pour une histoire d'artistes qui se bignent la gueule. Le directeur précédent ne m'aurait jamais opposé cette fin de non recevoir. Il assistait à tous mes cours, il les appelait son "happy hour"....etc. ça vaut tout de même son pesant d'or! La suite n'est pas mal non plus. L'égo d'un enfant de huit ans,qui veut toujours être le meilleur et toujours gagner. A huit ans rien de plus normal, mais la vigilance de l'entourage est déjà souhaitable. Un apprentissage pour le petit garçon.

    Je n'en lirai pas davantage dans l'immédiat. Merci à vous.

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  23. Imaginons qu'un essayiste à succès prononce à l'Institut de France une conférence intitulée "La physique moderne. Et après?", prétendant démontrer à un public assez candide en la matière, que la Relativité et la physique quantique ne sont qu'aberrations discordantes d’avec le sens commun, l’entendement et partant de la découverte, et que la seule issue à cette impasse serait de revenir définitivement à la physique de la fin du XIXe.
    Or, la recherche actuelle en physique fondamentale, qui privilégie excessivement le spéculatif au détriment de l’expérimental constitue, elle, une cible parfaite pour une telle attaque; comment Serge Haroche la vivra t-il? Admettrait-il qu’on ne réponde pas à ses objections?
    La conférence "L'atonalité. Et après?", basée sur des opinions préconçues plutôt que sur des concepts rigoureusement définis, nous fait énormément douter que le Collège de France -temple de la science et du rationalisme-, prenne autant au sérieux sa récente chaire de création artistique que ses cours institués de longue date, ainsi que des critères selon lesquels il en choisit désormais les titulaires! Aussi, il doit impérativement en maîtriser les disciplines à l’instar des cours magistraux, sans quoi, il devrait y renoncer pour préserver sa renommée.

    De création, il en a été d'ailleurs fort peu question de la part de cet interprète, qui -aliéné par ses leçons d’harmonie, au demeurant, le meilleur moyen de tuer la créativité musicale- ne voit pas plus loin que son clavier, auquel il croit réductible tout l'univers musical, pourtant si complexe et multidimensionnel. A tel point qu’il n’entend même pas le caractère manifestement inharmonique du piano (un comble!), qui projette son riche spectre dissonant y compris sur un accord parfait! De même, il passe sous silence la distorsion que le tempérament égal inflige à la série harmonique, seule source de consonance dans la culture européenne, tout en fétichisant cette arbitraire dichotomie consonance-dissonance (le statut de la tierce, de la quarte et autres ayant alterné au gré des époques), héritée d’une approche empirique et versatile qui n’a jamais su expliquer scientifiquement la consonance de l’accord parfait mineur.
    Notons aussi parmi ses oublis symptomatiques, que suite au tempérament égal, l'atonalité était inéluctable au même titre que la tonalité (le sujet de la dernière fugue du Clavier Bien Tempéré comporte les 12 notes et anticipe la fin du XIXe)!

    Cet exposé d’incohérences et de malentendus dénote également un rapport problématique avec la psycho-cognition musicale, dont il ne mentionne aucune étude scientifique et, n'ayant jamais publié lui même de travaux sur la question, ce qu'il en dit n'est ni plus élaboré ni plus légitime que ce qu’en aurait dit le professeur d'harmonie lambda du XIXe. Il considère comme évident et établi que les lois de la tonalité seraient inscrites dans nos processus cognitifs, telle la grammaire universelle de Chomsky, nous donnant la maîtrise innée du langage. Or, comme toutes les thèses de la musicologie cognitive, celle-ci est scientifiquement contestable et contestée! Ce qui est sûr, c’est que la dissonance est structurelle dans diverses musiques ethniques: Afrique, Asie (Chine, Vietnam, Mélanésie, Caucase…), Europe (Balkan, Bulgarie, Lituanie).

    Quant à la rupture de l’atonalité d’avec les mélomanes, elle est aussi bien spéculative puisqu’on constate par exemple qu’un compositeur particulièrement mis en cause par le conférencier et un autre encore plus éloigné de la note, respectivement Stockhausen et Xenakis (esthétiquement fort différents donc), atteignent le demi-million de visites sur Youtube:
    http://www.youtube.com/watch?v=3XfeWp2y1Lk
    http://www.youtube.com/watch?v=SZazYFchLRI
    Aussi bien qu'Ella Fitzgerald ou que notre grand maître de la tonalité Jonnhy!
    De toutes ces musiques, on aimerait d’ailleurs beaucoup entendre les réductions au piano!

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  24. Pourquoi Accords mineurs sonne triste?
    La Théorie de la "musical équilibration" dit contrairement aux hypothèses précédentes - .la musique ne décrit pas directement émotions: à la place la musique évoque processus de volitions, avec qui l'auditeur identifie.
    Un accord majeur est quelque chose que nous identifions avec le message, «Je veux!" L'expérience de l'écoute d'un accord mineur peut être comparé au message véhiculé quand quelqu'un dit: «non plus." Si quelqu'un venait à dire les mots "non plus" lentement et calmement, ils créer l'impression d'être triste, si quel'qun dit les mots haut et fort rapidement, Ils seraient apparaissent comme des furieux. Donc cette distinction applique pour le caractère émotionnel d'un accord mineur: si une harmonie mineure est répété plus rapidement et à plus grand volume, sa nature triste semble avoir soudainement transformé en fureur.
    La Théorie de la "musique équilibration" applique ce principe comme il construit un système qui décrit et explique la nature émotionnelle des harmonies musicales. Pour plus d'informations, vous pouvez google "musical equilibration".
    Bernd Willimek

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  25. Mécanique quantique et relativité général aussi sont en contradiction mais on ne peut nier qu'elles ont toutes les deux fait leurs preuves et qu'elles sont exactes. Plutôt que de prêcher pour ça paroisse, ne serait il pas plus judicieux d’accepter la critique de monsieur Ducros comme pertinente. Malgré qu'on puise se sentir attaqué dans ses gouts et choix personnels artistique. Je suis plus ou moins partisans de ce qu'il démontre. J'apprécie aussi un peu la musique atonal dans un contexte qui lui va bien, par exemple, les musiques de film, ou pour mettre du suspens afin de créer une atmosphère étrange ou des onomatopées expressives, ce style s'y prête très bien.
    Mais je préfère de loin écouter le clavier bien tempéré pour le plaisir orgasmique des oreilles ( et surtout pas au piano :). Il me semble que a part la musique électro les œuvres de musique populaire actuel sont majoritairement modal ou tonal. J'ai eu l'occasion d’écouter divers compositeurs amateurs qui ne connaissaient rien au solfège et a mon grand étonnement, après analyse, ils étaient tous tonal ou modal. Seul mon chat quand je joue vient m’apporter une touche d'atonalisme, certes involontairement. Merci quand même de m'avoir fait découvrir au cours de ce débat intéressant, certains artistes atonaux comme Messiaen ou Xanakis, qui ont su relever l'opinion que je m'en faisait. Et merci à Ducros qui c'est décarcassé pour mettre en évidence pourquoi la musique atonal me fait souvent tant grincer des dents.

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  26. I] Au sujet de la musique savante et de cette vidéo

    Jérôme Ducros donne ici une conférence avant tout destiné à des non connaisseurs. Le message général est bon et il montre parfaitement l'absurdité des atonalistes radicaux.

    L'amalgame entre musique contemporaine et atonalisme est cependant extrèmement gênant. La musique contemporaine n'est pas que destructrice des rythmes et des harmonies, elle a également permis une nouvelle approche de la question du timbre et de la superposition des sons, et je pense notamment aux oeuvres de musiques spectrales. Ces expérimentations sont loin d'êtres stériles, puisque nous en voyons beaucoup d'aspects dans ce qui reste aujourd'hui la musique orchestrale la plus populaire : la musique de film.

    Ainsi, j'ai pu être agréablement surpris d'entendre au sein de l'OST d'Inception de Hans Zimmer, des éléments tout droit issu des expérimentations de la musique spectrale. Cela n'est qu'un des exemples les plus frappants de ce que permet encore aujourd'hui la "musique savante expérimentale".

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  27. II] La mort du concept de "musique expérimentale savante"

    Je suis totalement d'accord avec Jérôme Ducros concernant les finalités de l'atonalisme radicale. C'est une impasse et cela a surtout permis l'émancipation, la liberté de reconstruire le langage musicale que nous souhaitons, plus ou moins mixés avec les anciens styles. Sauf que bon, le débat a déjà eu lieu et nous avons aujourd'hui de nombreuses oeuvres ni strictement tonale ni strictement atonale.

    En fait, la seule musique contemporaine qui garde un avenir est la musique qui se renouvelle, et comme il l'a bien montré, il n'y a pas de vrai renouvellement en atonalisme radicale, seulement une absence récurrente de tonalité. Le renouvellement passe donc par l'expérimentation des sons, et bien sur comme autrefois des harmonies aux couleurs et aux sentiments nouveaux, et des styles propre à chaque mouvance ou artiste.

    A l'heure d'internet, de la formidable connaissance ouverte à tous, de techniques pédagogiques adaptés à chacun pour apprendre les bases de la musique savante passée et des expérimentation du siècle dernier, nous constatons aujourd'hui que la notion de musique "savante" n'a plus aucun sens.

    Le renouvellement peut aujourd'hui tout autant voir plus se produire au sein des mouvements "prolétaires", et je ne parle absolument pas de mouvements "populaires". Le punk hardcore indépendant, par exemple, n'a rien d'un mouvement populaire aujourd'hui (le public est restreint). C'est un style à part entière, qui a appris de toute la musique du siècle dernier et qui sait exploiter les instruments de musique à la fois pour produire de nouveaux sons, de nouvelles sensations, de nouvelles harmonies, mais surtout des styles nouveaux.

    La musique "savante" devient par essence une musique du passé. Le "savoir" c'est apprendre le passé. L'expérimentation est souvent aveugle et s'impose par la force de la sélection naturelle. Les expérimentateurs qui ont réussi à vraiment TOUCHER le public survivent dans les mémoires. On n'est plus là dans une écoute passive où on ne s'attend à rien et à tout en même temps dans la musique que l'on écoute, on est dans une véritable écoute active, où l'on a adhéré à la nouvelle architecture musicale que l'artiste a crée.

    La musique expérimentale sera toujours "savante" dans le sens où elle nécessitera toujours du savoir pour proposer des nouveautés. Mais il n'y a plus de scission, plus d'écarts de créativité entre les musiciens du conservatoires et les prolétaires.

    J'en veux pour preuve aujourd'hui cette présence nombreuse de fans de metal et de punk que l'on croise constamment aux concerts de free jazz, de musiques contemporaines électroniques (et je ne parle pas de techno, je parle bien de musique contemporaine électronique). Ils connaissent Boulez et Cage, ils connaissent Bach et Schubert, et ils connaissent Converge et Electric Wizard, et ils n'ont pas fait le conservatoire, et ils gagnent un smic qui leur permet de se payer quelques concerts.

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  28. III] Au sujet de la notion de surprise et d'attente dans la musique dissonante

    Les reproches de Jérôme Ducros vis à vis du manque de surprise et d'attente à l'écoute d'une oeuvre purement atonale, proviennent avant tout du fait que ces musiques, la plupart du temps, n'apportent pas de notion de "goût". En voulant tout rendre théorique et intellectuel, ils ont perdu la valeur première de l'expérience et du goût.

    Pourtant, il existe aujourd'hui de nombreuses musiques dissonantes qui possèdent cette notion de goût, et son succès le plus populaire à ma connaissance se trouve dans le punk hardcore indépendant.

    A partir du moment où l'on est capable de rattacher des accords et harmonies dissonantes à des émotions et pensées humaines, comme la folie ou l’écœurement, tout comme autrefois nos accords majeurs et mineurs rappelaient joie et tristesse, alors il est à nouveau possible de faire "vivre" la musique en tant qu'expérience sensible et plus seulement intellectuelle. Et il en est de même pour les rythmes complexes et chaotiques, si on prend la peine de rattacher cela à des pensées et conditions extrêmes bien présentes dans la psyché humaine avant la théorie.

    Je peux alors totalement contredire Jérôme Ducros : Je connais des oeuvres punk hardcore totalement dissonantes mais où je détecterai la moindre fausse note, ainsi que des oeuvres aux rythmes chaotiques où je détecterai le moindre écart.

    Parce que la dissonance et les rythmes chaotiques ne sont pas pour autant de l'aléatoire !! Tout cela prend un sens et est compris, et est relativement populaire au sein d'un public initié.

    En conclusion, je dirai qu'on ne peut pas avancer en continuant de classer la musique en "savante" ou "prolétaire" ou "populaire", en "tonale" et "atonale". L'évolution vient justement de la mise en place, avant tout, de nos propres idées. Tant que nous sommes enfermés dans des concepts qu'on nous rabâche (et là je critique particulièrement le conservatoire de musique), il n'y a pas d'évolution possible. Il faut pouvoir connaître sans pour autant classer les choses dans des boîtes hermétiques.

    Les porosités sont nombreuses, et à tous les niveaux, et il ne revient qu'à nous de faire : ce que nous voulons et ce qui nous parle.

    Pour illustrer mes propos, je conseille l'écoute de l'album Daughters de Daughters. Ca fait la part belle à la dissonance et aux rythmiques chaotiques.

    Pour ceux qui n'aiment pas, c'est pas grave, on se retrouvera autour d'une oeuvre de Tristan Murail.

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