Deauville, Salle Elie
de Brignac, samedi 27 avril 2013
Créé en 1997, le Festival de
Pâques de Deauville est une véritable pépinière de talents souhaitant faire de
la musique pour le seul plaisir d’être ensemble et de découvrir un vaste
répertoire se présentant sous divers effectifs, du trio à l’orchestre. Très
vite se sont joints aux Renaud Capuçon, Jérôme Ducros, Jérôme Pernoo et
Nicholas Angelich à l’origine de la manifestation, tout ce que cette génération
comptait de vocations de chambristes, Jérémie Rohrer, Philippe Jaroussky, Bertrand Chamayou, le Quatuor Ebène... Tous se sont forgés dans ce cadre aux
instruments anciens au sein de la Philharmonie de Chambre, qui allait devenir
la Chambre Philharmonique sous l’impulsion d’Emmanuel Krivine, à laquelle a
succédé l’ensemble Le Cercle de l’Harmonie de Jérémie Rohrer en 2002. Ces
musiciens sont rapidement devenus des têtes d’affiche parcourant le monde.
Cette année, le temps de trois week-ends, plus de quatre-vingt musiciens se
retrouvent autour de programmes toujours plus larges, allant du XVIIe au XXIe
siècle, de Mozart à François Meïmoun, en passant par Beethoven, Mendelssohn-Bartholdy,
Schumann, Brahms, Saint-Saëns, Fauré, Elgar, Falla, Turina, Chavez, Revueltas,
Copland, Rodolfo Hallfter, Paul Bowles, Elliott Carter, Hans Werner Henze et
Jonathan Harvey, ces trois derniers nous ayant quittés en 2012.
Deauville 2013 : Nicholas Angelich (piano) et l'Atelier de musique. Photo : (c) Claude Doare
Tous ces jeunes artistes, pour la
plupart solistes à l’orée de leur carrière, ont choisi de faire leurs classes
au sein du troisième orchestre né sous l’égide du Festival de Pâques de
Deauville, l’Atelier de musique, qu’ils ont créé voilà cinq ans sous l’égide
des Amis de la Musique de Deauville, dans le but de se perfectionner dans des
conditions professionnelles, avec répétitions et concerts publics. Contrairement
à leurs prédécesseurs, ces interprètes jouent non pas sur instruments anciens
mais modernes. Les prestations sont encadrées de cessions de travail intense au
mois d’août. Ainsi s’agit-il en quelque sorte d’un laboratoire grandeur réelle,
et il en est ainsi depuis seize ans. Si, en 2010, il était impossible de juger
des qualités intrinsèque de cette phalange en devenir à l’aune de ses aînées, d’autant
que la salle du casino était par trop sèche, il convient de saluer trois ans
plus tard les progrès sensibles qui ont été réalisés par l’Atelier de musique. Pourtant,
cette année, les quarante musiciens réunis au sein de la formation ont choisi
de jouer sans chef, la fonction revenant au premier violon solo, Amaury Coeytaux,
qui indique départs et pulsations du corps et de la tête, depuis son siège,
relayé par les chefs de pupitres.
Donné avec Nicholas Angelich en
soliste, pour un Concerto n° 17 en sol majeur KV. 453 de Mozart d’une
délicate expressivité, le concert inaugural du Festival de Pâques de Deauville 2013
a démontré les indubitables qualités de l’Atelier de musique dans une Symphonie n° 2 en ré majeur op. 36 de Beethoven vive et pimpante, d’un allant tout
printanier, bien qu’il y manquât encore de vision globale. L’absence de chef en
est peut-être fautive, car même si les orchestres se produisaient ainsi
jusqu’au XIXe siècle, il n’est plus aujourd’hui d’exemples qui se prolongent.
Mais l’expérience vaut assurément la peine d’être creusée. En ouverture de
programme, l’ensemble Initium, dont les membres forment l’ossature de l’orchestre,
avec le Quatuor Ebène, encadrant ainsi les jeunes musiciens âgés de dix-sept à
dix-neuf ans, ont interprété avec goût la trop longue transcription pour octuor à vent (hautbois,
clarinettes, basson, cors par deux) et contrebasse de Don Giovanni de Mozart réalisée par le hautboïste bohémien Joseph Triebensee
(1772-1846), dans laquelle figurent l’ouverture et les arie les plus populaires de l’opéra.
Bruno Serrou
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