Toulouse,
Théâtre du Capitole, vendredi 19 avril 2013
Roberto Scandiuzzi (Don Pasquale). Photo : (c) Patrice Nin / Théâtre du Capitole de Toulouse
Quatorze
mois après le Théâtre des Champs-Elysées à Paris qui avait confié le Don Pasquale de Gaetano Donizetti à
Denis Podalydès, le Théâtre du Capitole de
Toulouse présente une nouvelle approche de ce fameux opéra bouffe, plus de
vingt ans après celle dans laquelle s’illustra l’énorme Gabriel Bacquier. Après
les tréteaux de fête foraine de Podalydès (voir http://brunoserrou.blogspot.fr/2012/02/theatre-des-champs-elysees-don-pasquale.html), Stéphane Roche situe lui aussi l’action dans les années
1960, mais au centre de Rome, surchargeant comme Podalydès son propos d’images
sorties de Federico Fellini et de Vittorio de Sica, avec affiches
promotionnelles de La Dolce Vita
(1960) et de la célébrissime Ferrari 250 GTO (1962), tandis que les désormais
inévitables bicyclettes et scooters - ici un superbe Lambretta 125LD de 1956 -
sont bien évidemment conviés.
Juan Francisco Gatell (Ernesto), la Lambretta, la 250 GTO et La dolce vita.... Photo : (c) Patrice Nin / Théâtre du Capitole de Toulouse
Autre
élément scénographique toujours plus invariablement utilisé, le décor format
boîte s’entrouvrant en son milieu que Bruno de Lavenère exploite cette fois
comme intérieur de la résidence bourgeoise lourdement encombrée du riche barbon
naturellement manipulée par des figurants. La gifle infligée à Pasquale par Norina qui,
bien que située au troisième acte, tient une place centrale dans l’ouvrage en
faisant passer celui-ci de la comédie au tragique sitôt qu’elle résonne, ne
réduit pas le barbon au ridicule mais le rend au contraire d’autant plus attachant.
Roberto Scandiuzzi (Don Pasquale), Juan Francisco Gatell (Ernesto) et Dario Solari (Malatesta). Photo : (c) Patrice Nin / Théâtre du Capitole de Toulouse
Bien que les situations soient plus ou moins convenues, à l’exception de la quatrième
scène du quatrième acte qui se déroule sur la terrasse de l’appartement de
Norina puis dans la rue, et que la direction d’acteur ne soit pas transcendante
quoique efficace, la comédie est menée avec vivacité, si bien que l’on ne s’ennuie
pas une seconde.
Donizetti, Don Pasquale. Scène finale. Photo : Patrice Nin / Théâtre du Capitole de Toulouse
Sans
avoir l’excentricité d’un Gabriel Bacquier, qui a fait ce rôle sien, Roberto
Scandiuzzi a la truculence et la spontanéité de Don Pasquale, pour lequel l’on
compatit tant il semble vrai, ne surchargeant jamais le trait et en faisant
finalement un être attendrissant. Il lui suffit en effet d’être et de laisser
porter par le rôle sa voix ferme et colorée. Dario Solari est un Malatesta
consistant et truculent, vocalement séduisant, Juan Francisco Gatell un Ernesto
élégant tenor di grazia mais la voix
manque de carnation. Jennifer Black a l’abattage qui sied à Norina. Tout
d’abord criarde en harpie de comédie, elle trouve vocalement ses marques au troisième
acte, où elle se fait soudain plus chantante. Dans la fosse, Paolo Olmi donne avec
souplesse mais sans génie l’impulsion à la partition de Donizetti, à la tête
d’un Orchestre du Capitole sans défaut. Si l’on se félicite de la présence sur
scène du solide et fort musical trompettiste René-Gilles Rousselot dans le lamento d’Ernesto au début de l’acte II, Povero Ernesto! Dalla zio cacciato, l’on regrette la prestation au lointain des guitaristes et
du percussionniste dans la célèbre sérénade du même Ernesto au troisième acte, Com’è gentil - la notte...
Bruno Serrou
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