Paris. Théâtre des Champs-Elysées. Mardi 16 mai 2023
Troisième concert de la trilogie
Johannes Brahms de l’Orchestre de Chambre de Paris dirigé avec allant par Philipp von
Steinaecker au Théâtre des Champs-Elysées, exclusivement concertant, avec pour
invité central Christian Tetzlaff, qui avait participé trois jours plus tôt en compagnie de sa sœur Tanja au Double Concerto pour violon, violoncelle
et orchestre en la mineur op. 102 (voir http://brunoserrou.blogspot.com/2023/05/orchestre-de-chambre-de-paris-christian.html),
qui cette fois a joué le Concerto pour violon
et orchestre en ré majeur op. 77.
Moins solaire qu’Hilary Hahn le 21 avril avec l’Orchestre Philharmonique de Radio France (voir http://brunoserrou.blogspot.com/2023/04/concert-solaire-de-lorchestre.html), Christian Tetzlaff a brillé par la qualité de son chant, qui s’est épanoui sur des tempi retenus par l’aisance du jeu du violoniste allemand, malgré des sonorités un peu sèches. Avec un archet mordant et franc, le violon moderne de Tetzlaff signé du luthier de Stuttgart Stefan-Peter Greiner sonne clair, rutilant, ses résonances se situant davantage dans le médium que dans le bas du spectre, ce qui atténue légèrement chaleur et humanité du chant en faveur d’un relief plus nu et plus direct, ce qui n’est pas sans attraits, car ouvrant des perspectives captivantes pour l’oreille.
Pianiste et jazzman russe (il est né à Voronezh en 1979), de nationalité états-unienne (il s’y est installé à 14 ans sur l’impulsion du célèbre vibraphoniste de jazz Gary Burton), vainqueur du Concours Artur Rubinstein 2001, vivant à Berlin, taillé tel un bûcheron, Kirill Gerstein a offert un Second Concerto pour piano et orchestre en si bémol majeur op. 83 énergique, sonnant large et profond, une densité enthousiasmante, donnant l’impulsion sonore à l’assise grave à un orchestre manquant de cordes (8-7-5-5-3), tandis que les effectifs de bois, de cuivres et les timbales étaient ceux requis par la partition. Mais un orchestre bien présent malgré tout pour cette symphonie en cinq mouvements avec piano obligé qui a pu brosser un dialogue concertant plus homogène que dans le Concerto pour violon, perceptible dès la sublime introduction du cor solo (de légers dérapages du deuxième cor seront à relever dans le finale) et de lumineux violoncelle solo dans l’Andante, ainsi que le hautbois solo.
Au milieu des saluts, en réponse aux ovations du public, restant dans la continuité brahmsienne, Kirill Gerstein est allé quérir Christian Tetzlaff dans les coulisses pour un touchant Adagio de la Sonate n° 3 pour violon et piano en ré mineur op. 108 du maître de Hambourg joué en hommage Lars Vogt, directeur musical de l’Orchestre de Chambre de Paris décédé le 5 septembre dernier qui aurait dû diriger le concert.
Bruno Serrou
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire