samedi 28 janvier 2023

Véronique Gens et l'Orchestre National de Lille galvanisent la Philharmonie dans La Voix humaine de Francis Poulenc, disparu voilà soixante ans, le 30 janvier

Paris. Philharmonie. Salle Pierre Boulez. Vendredi 27 janvier 2023

Véronique Gens, Alexandre Bloch, Orchestre National de Lille. Photo : (c) Bruno Serrou

La Philharmonie de Paris avait invité l’Orchestre National de Lille et son directeur musical Alexandre Bloch dans un programme monographique consacré à Francis Poulenc disparu voilà soixante ans le 30 janvier. L’œuvre centrale était La Voix humaine composée en 1958 sur un texte de Jean Cocteau et créée le 5 février de l’année suivante à l’Opéra Comique par Denise Duval sous la direction de Georges Prêtre. Ecrit peu après Dialogues des Carmélites, le monodrame de Poulenc participe d’une esthétique classique. A l’instar du texte de Cocteau qui, malgré ses indéniables qualités, est également assez conventionnel dans sa structure, et le vocabulaire très quotidien est tantôt précieux tantôt archaïque. Les grands épanchements lyriques ménagés par Poulenc.

Photo : (c) Bruno Serrou

Après une Sinfonietta ennuyeuse à souhait, impression globale due à l’œuvre elle-même amplifiée par une exécution blafarde, précédait une excellente conception de La Voix humaine brillamment restituée par l’orchestre nordique soutenant sans jamais la couvrir, même dans les saillies les plus sonores, une magnifique Véronique Gens, élégante jeune femme abandonnée et éperdue merveilleusement crédible tant elle a incarné avec naturel et intériorité la victime anonyme de cette violente et lâche rupture téléphonique - parasitée par une opératrice incompétente - de sa voix solide et pure au timbre de lumière, velouté et fruité, magnifiés par une diction parfaite. Alexandre Bloch a bien mis en valeur les grands épanchements lyriques ménagés par Poulenc tout en préservant la cantatrice qui n’a jamais eu à forcer sa voix pour passer au-dessus de l’orchestre, mais au contraire ajoutant ses propres couleurs à l’infinie variété de la palette mise en jeu par le compositeur.

Photo : (c) Bruno Serrou

A noter que malgré les effectifs réduits des œuvres programmées (cinquante-huit instrumentistes), il manquait pour ce concert parisien de l’Orchestre National de Lille dix de ses titulaires parmi plus de quatre vingt dix musiciens, tant et si bien qu'il a dû être renforcé par onze remplaçants, premier violon inclus, tenu ce vendredi soir par Ji-Yoon Park, qui a décliné l’invitation trois fois réitérée du chef à saluer seule, ainsi que trois violons du rang, trois altos, un violoncelle, une contrebasse, une clarinette et un basson…

Bruno Serrou 

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