Paris. Philharmonie. Grande Salle Pierre Boulez. Lundi 8 décembre 2025
Le plaisir de chaque mois qui se renouvelle chaque année en décembre, le concert parisien annuel à la Philharmonie de Paris de l’Orchestre Français des Jeunes, formation changeant tous les ans d’effectifs à la suite de concours de recrutement annuels effectués dans les Conservatoires de France et de Navarre. Cette année, c’est la jeune cheffe estonienne Kristiina Poska, directrice musicale de l’Orchestre Symphonique des Flandres et premier chef invité de l’Orchestre Symphonique national de Lettonie, qui en est la directrice musicale, succédant au chef danois Michael Schønwandt.
L’OFJ et sa directrice musicale ont présenté un programme complexe et musicalement d’une intensité enthousiasmante. Fidèle à son principe de programmation d’une œuvre contemporaine travaillée en collaboration avec son auteur, l’OFJ a ouvert la soirée avec une œuvre de Yan Maresz (né en 1966) mettant notamment en avant les contrebasses, qui, pendant plus de cinq minutes, jouent près de quarante fois la même note en pizz. Bartók, le premier mouvement titré Recto » d’un ballet intitule D’une rive à l’autre, commande des Ballets de Monte-Carlo qui l’ont créé en 2003, œuvre à la rythmique impressionnante aux pulsations magnétiques, aux sonorités luxuriantes, avec entre autres la participation de trois saxophones.
Suivait le concerto obligato, choisi parmi ceux laissés par Dimitri Chostakovitch (1901-1975), dont la juvénile phalange a tenu à célébrer le cinquantenaire de la mort, le Concerto n° 2 pour piano et orchestre en fa majeur op. 102 dont la partie soliste a été confiée à un Alexandre Tharaud sur la réserve, la dynamique retenue et les sonorités un rien blafardes, au point parfois que les tutti de l’orchestre écrasaient celle du piano, malgré le large nuancier offert par la direction aérienne, précise et vivifiante de Kristiina Poska.
En seconde partie, les quatre épisodes de la Shéhérazade op. 35 (1888) du compositeur russe Nikolaï
Rimski-Korsakov (1844-1908), grande fresque d’inspiration moyen-orientale. La direction de Kristiina Poska a suscité chez les
jeunes musiciens des sonorités somptueuses de lumière et de sensualité,
magnifiées par une cheffe qui chante comme si elle était dans son propre jardin.
Un Nikolaï Rimski-Korsakov judicieusement
fébrile, enflammé, fluide, puissant, vif, contrasté, mettant admirablement en
relief les somptueux solos instrumentaux (éblouissants Nicolas Debart, violon,
Hélia Tahmasebzadeh, harpe), mais aussi l’ensemble des pupitres solistes (malheureusement
non identifiables considérant le fait que les jeunes gens, et les jeunes
filles, plus nombreuses, étaient classés dans le programme de salle dans leur
ordre alphabétique, sans distinction autre qu’instrumentale).
En bis une chaleureuse et puissante ouverture de Candide de Leonard Bernstein (1918-1990), suivie d’un bœuf improvisé sur l’impulsion des pupitres de cuivres, rejoints par la totalité de l’orchestre, certains se regroupant pour se lancer dans quelque simulacre de danses… avant de finir par se jeter dans les bras des uns et des autres. Ce jeudi soir, l’Orchestre Français des Jeunes donnent le même programme au Bozart de Bruxelles.
Bruno Serrou





Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire