mardi 16 août 2022

Le Quatuor à Cordes dans tous ses états au 47e festival qui lui dédie le Luberon

47e Festival de Quatuors à Cordes du Luberon. Eglise de Cabrières d'Avignon, Place de la Mairie et Ecomusée de l'Ocre de Roussillon-en-Provence. Samedi 13 et dimanche 14 août 2022

Affiche conçue par Frou pour la 47e édition du Festival de Quatuors à Cordes du Luberon. Photo : (c) Bruno Serrou

Depuis 1976, le quatuor à cordes a pour résidence estivale le Luberon brûlé par le soleil

Roussillon-en-Provence, carrière d'ocre. Phot : (c) Bruno Serrou

Réputé comme le mode d’expression musicale le plus délicat pour les auditeurs et le plus exigeant pour les musiciens, moins couru que le piano, qui a son temple sur la rive gauche du même affluent du Rhône, le quatuor à cordes a sa résidence d’été dans l’un des lieux les plus idylliques de France sur les rives de la basse Durance, le Luberon et ses villages de crèches provençales grillés par le soleil.

Eglise de Cabrières d'Avignon. Photo : (c) Bruno Serrou

Avec un budget limité de cent mille euros réservé aux seuls artistes pour une activité annuelle au sein de la région avec pour tête de pont le festival en août, d’où l’animation exclusivement assurée par des bénévoles, la manifestation reste sur des sommets d’exigence artistique, se maintenant ainsi parmi les rendez-vous majeurs de ce genre réputé difficile qu’est le quatuor à cordes. Le tout dans des cadres patrimoniaux remarquables qui fleurissent dans la vallée de la basse Durance, de l’avignonnais au pays d’Aix.

Roussillon-en-Provence, Ecomusée de l'Ocre. Photo : (c) Bruno Serrou

Depuis sa fondation en 1976, cette belle manifestation a reçu les quatuors à cordes les plus éminents de leurs générations. Des plus réputés aux plus prometteurs, ces derniers généralement issus des grands concours internationaux, tous s’y sont produits ou y seront invités un jour. Cette année, Hélène Salmona, qui préside le festival depuis onze ans, a confié la programmation aux membres du Quatuor Béla qui ont choisi pour thème le folklore et ses influences et apports dans les musiques savantes. Conformément aux précédentes éditions, le festival provençal accueille cette année onze quatuors à cordes auxquels s’ajoutent quatre solistes pour douze concerts. Ce festival à forte ambition artistique a formé en moins de cinquante ans un public de connaisseurs résidents et estivants capable d’accepter toute sorte de répertoire, du plus accessible au plus complexe. Il suffit de le voir concentré, écoutant les yeux fermés, du tango à la création contemporaine tel l’hommage à Xenakis du compositeur Loïc Guénin (1), né la même année que le festival.

Eglise de Cabrières d'Avignon, les Quatuors Béla et Zaïde. Photo : (c) Bruno Serrou

Le concert d’ouverture a réuni les Quatuors Béla et Zaïde. Le second a ouvert le programme avec le 3e Quatuor « Razumowsky » de Beethoven porté à l’incandescence jusqu’au finale de forme fuguée. Le Béla a rejoint le Zaïde pour le somptueux et injustement méconnu Octuor d’un génie de 19 ans, le Roumain Georges Enesco dans lequel les musiciens ont entraîné les deux cents auditeurs dans le flot jaillissant de façon impétueuse d’une écriture cyclique qui déroule l’œuvre à jet continu médusant l’oreille au point que l’on espérait une reprise da capo de l’œuvre entière, malgré la chaleur suffocante qui enveloppait le chœur de l’église du village de Cabrières d’Avignon.

Roussillon-en-Provence, Place de la Mairie. Violon Rigaudon. Photo : (c) Bruno Serrou

Journée vouée au folklore le lendemain, dimanche 14 août, à Roussillon-en-Provence. “Violon Rigaudon” d’abord sur la Place de la Mairie par un groupe de “violoneux” venus des Hautes-Alpes invitant à la danse entourés de jeunes gens en journées découvertes venus du troisième arrondissement de Marseille qui observaient et touchaient l’instrument avec curiosité à travers des violons à pavillons de cuivres, dans des rigaudons rejoints par villageois et touristes surpris de trouver une telle animation après la pluie torrentielle qui venait d’inonder la capitale de l’ocre rouge amenant une légère fraîcheur tant attendue. 

Roussillon-en-Provence, Ecomusée de l'Ocre. Jean-Baptiste Henry et le Quatuor Voce. Photo : (c) Bruno Serrou

Une soirée Tango s’ensuivit dans la cour de l’Écomusée de l’Ocre proposée par le bandonéoniste Jean-Baptiste Henry entouré par le Quatuor Voce dans des tangos festifs, sensuels, nostalgiques, décalés et "savants" d’Astor Piazzolla (1921-1992), Julio De Caro (1899-1980), Horacio Adolfo Salgán (1916-2016), Juan Carlos Cobián (1896-1953), Alfredo Gobbi (1912-1965), Anibal Troilo (1914-1975), Juan Rezzano/Lito Bayardo, Erwin Schulhoff (1894-1942), Julio Maria Sosa (1926-1964), Jean-Baptiste Henry (né en 1979) et, en création, Miracles of everydaylife de Gabriel Sivak (né en 1979).

Bruno Serrou

Jusqu’au 27 août 2022. Renseignements et réservations : 07.77.34.42.25. www.quatuors-luberon.org. 1) Le 21 août en l’Abbaye de Silvacane

Version orginale quotidien La Croix.


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