mercredi 10 août 2022

Le pianiste russe Dmitry Masleev et le violoncelliste paraguayen Michiaki Ueno embrasent le 40e Festival du Périgord Noir

Festival du Périgord Noir. Saint-Léon-de-la-Vézère. Eglise Saint-Léonce. Mercredi 3, jeudi 4 et vendredi 5 août 2022

Festival du Périgord Noir, Dmitry MASLEEV. Photo : (c) Bruno Serrou 

Fondé en 1983 à Montignac, le Festival du Périgord Noir est l’un des rendez-vous les plus attendus de la musique de chambre baroque, classique et jazz du mois d’août en Nouvelle Aquitaine, attirant plus de dix mille spectateurs

Photo : (c) Bruno Serrou

Né à Montignac, village des rives de La Vézère, affluent de la Dordogne, de la volonté d’un enfant du pays, Jean-Luc SOULE, entouré d’amis mélomanes ex-diplomate passionné de musique de chambre et de clarinette, qui en est aujourd’hui le président, le Festival du Périgord Noir attire depuis trente-neuf ans les plus grands musiciens de notre temps, confirmés ou en devenir qui captent un public fidèle et constamment renouvelé inscrit dans la ruralité, avec des actions pédagogiques durant l’année, dont un bus de formation à l’orgue qui parcourt la campagne. « Le festival, précise Jean-Luc Soulé, s’attache à mettre en lumière le talent de jeunes artistes au contact de leurs aînés autour d’une quarantaine de concerts proposés dans plus de vingt lieux différents, associant stars de la musique de chambre, lauréats de concours internationaux, jeunes talents du baroque et grands noms du jazz. » En effet, le festival s’étend également à la Semaine d’Orgue de Sarlat en septembre et à l’Académie de musique baroque. La vingtième édition de cette dernière réunit une trentaine de stagiaires dont dix chanteurs sous la houlette d’Iñaki Encina Oyón et de Christophe Coin autour de l’oratorio La Resurrezione de Haendel qui est donnée les 18 et 19 août en la splendide abbatiale fortifiée du XIIe siècle de Saint-Amand-de-Coly. 

Eglise Saint-Léonce de Saint-Léon-de-La-Vézère. Photo : (c) Bruno Serrou

Les premiers concerts de cette quarantième édition du Festival du Périgord Noir ont été organisés en la charmante église Romane Saint-Léonce de Saint-Léon-sur-Vézère, commune classée parmi « Les Plus Beaux Villages de France », où il faisait bon s’abriter en ces temps de canicule. Deux concerts monographiques de l’ensemble APPASSIONATO de Mathieu HERZOG étaient programmés, l’un consacré à Dvorak, avec une Sérénade pour cordes énergique, et un Concerto pour violoncelle joué par un orchestre réduit aux seules cordes enrichies d’une harpe mais adapté au lieu avec en soliste l’impressionnant violoncelliste paraguayen Michiaki UENO, vainqueur du Concours de Genève 2021. « J’ai initié un partenariat avec les Conservatoires de Genève pour le classique et de Lausanne pour le jazz, se félicite Véronique IACIU, directrice artistique du Festival depuis trente ans. Ces deux institutions sont de véritables terreaux de talents. Un festival ne peut s’imposer qu’en se démarquant de ce qui se fait ailleurs en ayant des idées novatrices de programmation. »

Jeanne GERARD (soprano), Gérard CAUSSE (alto), Pierre GENISSON (clarinette), Mathieu HERZOG et son ensemble APPASSIONATO. Photo : (c) Bruno Serrou

Le lendemain, la soirée anniversaire de la 40e édition du festival présentait un cocktail d’œuvres par le même ensemble Appassionato de Mathieu Herzog, chef trop dans la démonstration pour être attentif aux solistes. Seul l’altiste Gérard CAUSSE a pu tirer son épingle du jeu, tandis que la soprano Jeanne GERARD était obligée de passer en force pour assurer son souffle tandis que le clarinettiste Pierre GENISSON semblait si impatient qu’il tentait clairement de cumuler les fonctions de soliste et de chef.

Michiaki UENO (violoncelle) et l'ensemble APPASSIONATO. Photo : (c) Bruno Serrou

Moment d’exception, en revanche, le somptueux récital du pianiste russe Dmitry MASLEEV en la même église de Saint-Léon-sur-Vézère. Des Saisons de Tchaïkovski devenant sous ses doigts un magnifique livre d’images d’une variété et d’une densité de coloris extraordinaires, une Sonatine de Ravel enchaînée à son A la mémoire de Borodine merveilleusement impressionnistes, et une Sonate n° 2 de Rachmaninov admirable de souffle et de climats, programme auquel Masleev a ajouté deux bis, l’Elégie en mi bémol mineur du même Rachmaninov et une page jazzy du compositeur d’origine ukrainienne Nikolaï Kapoustine (1937-2020), dont le pianiste a été un proche.

Bruno Serrou

Jusqu‘au 19 août. www.festivalmusiqueperigordnoir.com 

[C/0 le quotidien La Croix]

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