jeudi 19 mai 2022

Manfred Honeck a porté l'Orchestre de Paris à la fusion avec en soliste Igor Levit

 Paris. Philharmonie. Salle Boulez. Mercredi 18 mai 2022

Manfred Honeck et l'Orchestre de Paris. Photo : (c) Bruno Serrou 

Ce concert consacré à trois grands compositeurs parmi les plus représentifs de la création musicale de la première moitié du XXe siècle a été magistralement donné cette semaine par l'Orchestre de Paris dirigé par Manfred Horneck. Le chef autrichien, actuel directeur musical de l'Orchestre Symphonique de Pittsburgh aux Etats-Unis vient de renouveler son contrat jusqu'en juin 2028. Ex-altiste du Philharmonique de Vienne puis assistant de Claudio Abbado, il excelle dans tous les répertoires, avec une palpable affinité avec celui dans lequel il s'est illustré mercredi à la tête de l'Orchestre de Paris. 

Igor Levit, Manfred Honeck et l'Orchestre de Paris. Photo : (c) Bruno Serrou

A commencer par La Valse à travers laquelle le Français Maurice Ravel décrit non seulement la chute de l'Empire austro-hongrois par le biais de la décadence viennoise mais aussi l'effondrement de l'Europe romantique dont les élans foudroyants s'effondrent violemment dans la folie tournoillante des mesures finales. Une Valse tendue jusqu'au vertige. 

Manfred Honeck et l'Orchestre de Paris (à gauche Eiichi Chijiiwa, premier violon). Photo : (c) Bruno Serrou

Inexplicablement plus rare dans les salles de concert, du moins en France, le Concerto en fa de l'Etatsunien George Gershwin, que Manfred Honeck avec l'aide de l'éclat sonore et technique de l'Orchestre de Paris a fait swinguer de façon à emporter le public dans une danse inconsciante avec un groove ensorcelant transmis à satiété par Igor Levit, qui a joué l'oeuvre comme s'il improvisait tel un jazzman, au risque de partiner légèrement dans le mouvement central, comme s'il était victime d'un passage à vide dextrement rattrapé par le chef. Le pianiste germano-russe a ensuite offert un très court bis choisi dans le catalogue de Gershwin.

L'Orchestre de Paris mercredi 18 mai 2022 Salle Boulez de la Philharmonie de Paris. Photo : (c) Bruno Serrou

La seconde partie du concert était entièrement consacrée au Concerto pour orchestre du Hongrois Béla Bartók interprété de façon tout aussi prenante que la première partie du programme, avec des moments proprement exceptionnels, plus particulièrement le Giuco delle coppie, l'Elégie et le Finale, où Honeck a porté l'Orchestre de Paris dans une folle échappée supérieurement maîtrisée, tous les pupitres, autant solistes que tuttistes, rivalisant de brio.

Bruno Serrou

 

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