mercredi 22 février 2023

Lisa Batiashvili, le Royal Concertgebouworkest Amsterdam et Paavo Järvi embrasent la Philharmonie de Paris

Paris. Philharmonie. Salle Pierre Boulez. Mardi 21 février 2023

Paavo Järvi, Lisa Batiashvili, Royal Concertgebouworkest Amsterdam. Photo : (c) Bruno Serrou

Les événements à ne rater sous aucun prétexte ne cessent de s’accumuler à la Philharmonie de Paris. Le concert de ce troisième mardi de février 2023 en est la démonstration, avec l’extraordinaire prestation du Royal Concertgebouworkest Amsterdam dirigé avec élégance et onirisme par Paavo Järvi, avec en soliste la prodigieuse Lisa Batiashvili dans un Concerto pour violon et orchestre en ré majeur op. 61 de Beethoven d’une beauté stupéfiante. Cette merveilleuse violoniste possède un son extraordinaire, d’une chaleur, d’une variété de couleurs phénoménales, des timbres épanouis, son archet est plein, délié, d’une précision, d’une légèreté, d’une ampleur expressive et de nuances à tomber à la renverse. À noter qu’elle a opté pour la cadence du compositeur russe Alfred Schnittke (1934-1998), se projetant ainsi dans la seconde partie de la soirée… Il convient de saluer les sublimes dialogues de la violoniste géorgienne avec l’orchestre et ses solistes, particulièrement basson (Andrea Cellacchi), hautbois (Ivan Podyomov) solos, timbales (Tomohiro Ando). En bis, Lisa Batiashvili a opté pour un partage avec les cordes de la phalange batave en tenant à elle seule la place des premiers violons dans un adagio de Suite de Jean-Sébastien Bach d’une brûlante luminosité.

Lisa Batiashvili, Paavo Järvi, Royal Concertgebouworkest Amsterdam. Photo : (c) Bruno Serrou

L’orchestre hollandais a donné de la Symphonie n° 5 en si bémol majeur op. 100 de Serge Prokofiev une interprétation virevoltante, épique, brillamment contrastée, avec une rythmique envoûtante d’une précision diabolique sous la direction enthousiaste de Paavo Järvi. En bis une Valse triste de Jean Sibelius émouvante. Soirée à marquer d’une pierre blanche. Symphonie dite « de guerre, cette cinquième torrentielle, asphyxiante, tétanisante, a sonné aux oreilles d’un certain nombre d’auditeurs de façon alarmante, plongeant au cœur des terribles événements qui se  déroulent depuis une année en Ukraine, avec l’agresseur russe qui ne cessent d’évoquer la Seconde Guerre mondiale, les nazis, Staline et autres « sacrifices du peuple russe » pour détruire l’Ukraine, massacrer des civils, déporter des enfants, tandis que venaient de se répondre à distance dans la journée les présidents russe et étatsunien quant aux objectifs de guerre…

Paavo Järvi, Royal Concertgebouworkest Amsterdam. Photoi : (c) Bruno Serrou

Fort heureusement, Lisa Batiashvili, avant de jouer Bach, a rendu hommage à toutes les victimes de l’agression russe, tandis que la Valse triste de Sibelius a l’issue de la symphonie de Prokofiev offerte en bis par le chef estonien et l’orchestre hollandais a tenu de la même pensée.

Bruno Serrou

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire