Strasbourg. Opéra du Rhin-Opéra de Strasbourg. Vendredi 21 octobre 2016
Gaetano Donizetti (1797-1848), L'Elisir d'amore. Ismael Jordi (Nemorino), Danielle de Niese (Ardina), Franco Pomponi (Belcore). Photo : (c) Klara Beck
Pour son premier essai en France, le metteur en scène plasticien
Stefano Poda signe à Strasbourg un Elisire d'amore (Elixir d’amour) de Gaetano Donizetti dans un univers rongé par la végétation
Gaetano Donizetti (1797-1848), L'Elisir d'amore. Photo : (c) Klara Beck
Metteur en scène, chorégraphe, décorateur,
costumier, éclairagiste italien, Stefano Poda a réalisé en vingt-deux ans plus
d’une centaine de spectacles lyriques dans le monde. Seule la France l’a ignoré
jusqu’en ce mois d’octobre. Même s’il eut de son propre aveu préféré commencer avec
une production wagnérienne, c’est avec l’Elisir
d’amore de Gaetano Donizetti (1797-1848) qu’il fait ses premiers pas en France, à l’Opéra du
Rhin, relevant ainsi un défi avec un ouvrage primesautier. Naturellement, Poda
situe l’action du melodramma giocoso en
deux actes de Gaetano Donizetti aux confins du printemps et de l’été, dans un
cube envahi par la végétation, avec une avant-scène bordée de fleurs, des murs
couverts de lierre, un fond entouré d’arbres feuillus encadrant un ciel bleu
argenté présentant quelques lézardes traversé par un viaduc.
Gaetano Donizetti (1797-1848), L'Elisir d'amore. Danielle de Nise (Ardina), Ismael Jordi (Nemorino). Photo : (c) Klara Beck
Au centre du
plateau tournant une pomme craquelée gigantesque moitié grise moitié blanche s’ouvrant
en son centre et, en guise de véhicule du charlatan ambulant Dulcamara, l’ultime
modèle Coccinelle de Volkswagen mise au point par Ferdinand Porsche à la demande
du chancelier Adolf Hitler rongée par la mauvaise herbe. Les costumes sont tous
plus ou moins fleuris, tandis que les soldats sont de cuir vêtus, les femmes portant
chaussures rouges à haut talon dont elles font un énorme tas et disposent sur la
Coccinelle.
Gaetano Donizetti (1797-1848), L'Elisir d'amore. Ismael Jordi (Nemorino). Photo : (c) Klara Beck
Le quintette vocal réuni pour l’occasion
ne démérite pas dans cet environnement floral. Portés par l’esprit commedia dell’arte de l’ouvrage de
Donizetti, les chanteurs s’expriment joyeusement, prenant un plaisir patent à s’exprimer
dans ce cadre champêtre où le réalisme de certains objets est absorbé par un onirisme
certain. Le ténor espagnol Ismael Jordi qui fit ses débuts en France en 2002
sur cette même scène de l’Opéra de Strasbourg est un Nemorino naïf et empressé
à la voix souple et ferme, la soprano australienne Danielle de Niese une Ardina
rayonnante, sensuelle, comédienne accomplie à la voix rayonnante. Le baryton
italien Franco Pomponi est un sergent Belcore entreprenant, la soprano belge
Hanne Roos une séduisante Giannetta. Seule la basse italienne Enzo Capuano n’est
pas tout à fait à son affaire dans le rôle du Dr Dulcamara, dessinant un
charlatan sans faconde et guère fourbe, tandis que le chœur de l’Opéra du Rhin
incarne avec entrain le petit peuple basque.
Gaetano Donizetti (1797-1848), L'Elisir d'amore. Danielle de Niese (Ardina), Enzo Capuano (Dr. Dulcamara). Photo : (c) Klara Beck
Dans la fosse, l’Orchestre
Symphonique de Mulhouse fait un sans-faute (bois de toute beauté) sous la
direction galbée et souple de la chef britannique Julia Jones qui restitue la
partition dans toute sa variété de couleurs et de desseins.
Bruno Serrou
1) Jusqu’au 7/11 Opéra de Strasbourg,
le 17/11 Théâtre de Colmar, 25 et 27/11 La Sinne de Mulhouse. Rens. : http://www.operanationaldurhin.eu
Article paru dans le quotidien La Croix daté mardi 25 octobre 2016
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