vendredi 10 octobre 2014

L’Orchestre Français des Jeunes baroque dirigé par Christophe Coin a participé à Aix-en-Provence, sa ville de résidence, aux commémorations Rameau et Gluck

Aix-en-Provence, Grand Théâtre de Provence, mercredi 8 octobre 2014

Aix-en-Provence, Grand Théâtre de Provence. Christophe Coin et l'Orchestre Français des Jeunes baroque. Photo : (c) Orchestre Français des Jeunes

Fondé en 2006 sous le label de l’Orchestre Français des Jeunes (OFJ) initié par le ministère de la Culture en 1982, l’Orchestre Français des Jeunes Baroque (OFJB) est confié pendant deux ans à un musicien de renom spécialiste de l’interprétation à l’ancienne, sur instruments historiques courant du XVIIe siècle au début du XXe. Succédant à Christophe Rousset, Paul Agnew et Reinhard Goebel, Christophe Coin a conçu pour sa seconde session à la tête de l’OFJB, un programme autour de la danse, « la connaissance du corps et du rythme étant capitale pour un musicien interprète », remarque le violoncelliste, gambiste chef d’orchestre pédagogue qui a travaillé plusieurs années avec Rudolph Noureev.

Aix-en-Provence, Grand Théâtre de Provence. Johannes Pramsohler (violon) et Christophe Coin (direction) présentent les différences sonores des archets aux musiciens de l'Orchestre Français des Jeunes baroque. Photo : (c) Bruno Serrou

A l’issue de douze jours de travail et de répétitions sur des œuvres de Jean-Philippe Rameau, dans le cadre du deux-cent-cinquantenaire de sa mort, Christoph Willibald Gluck, pour ses trois-cents ans, et le moins célèbre François Martin, Coin et l'OFJB ont préparé leur programme avec la participation de Johannes Pramsohler, violoniste tyrolien vivant à Paris spécialisé dans le jeu sur instruments historiques, particulièrement sur son violon Pietro Giacomo Rogeri de Brescia de 1713. Vingt-huit instrumentistes (contre cent-un pour l’OFJ), cordes, bois et cuivres, entre 17 et 28 ans étudiants de toutes origines (Français, Colombiens, Hollandais, Japonais, Polonais, Portugais, etc.) en fin d’études des Conservatoires Nationaux Supérieurs de Musique de Paris et de Lyon, de la Scola Cantorum de Bâle et de l’Académie de Musique d’Amsterdam, ont intensément vécu autour d’un projet dense et riche au sein du Grand Théâtre de Provence, partenaire privilégié de l’OFJB (comme de l’OFJ, en août et décembre) aux côtés du ministère de la Culture et de la Communication et de la Région Île-de-France, sur un programme qu’ils devaient interpréter en public dans le cadre d’une courte tournée qui allait les conduire d’Aix-en-Provence à Paris en passant par Toulouse.

Aix-en-Provence, Grand Théâtre de Provence. Photo : (c) Bruno Serrou

Dans la grande salle de mille quatre cents places du Grand Théâtre de Provence - construit sur l’initiative de Stéphane Lissner en vue du Ring de Richard Wagner mis en scène par Stéphane Braunschweig, inauguré en juillet 2007 avec Die Walküre -, qui, indépendamment du Festival d’Aix-en-Provence, organise ses propres saisons et son propre Festival de Pâques, le premier concert a permis de juger de l’excellence de la préparation de ces jeunes musiciens passionnés et avides de découvertes, de toute évidence heureux des connaissances et de l’expérience acquises au contact de l’un des maîtres de l’interprétation historique, lui-même instrumentiste, qui connaît donc bien à la fois les instruments à cordes, les œuvres et leur contexte historique, ainsi que l’enseignement. Certains des jeunes musiciens de cette cession sont d’ailleurs parmi les élèves de Christophe Coin, soit au CNSMD de Paris soit à la Scola Cantorum de Bâle. Le théâtre était étonnamment loin d’être pleine, mais la demi-salle présente s’est montrée conquise par le résultat de ce travail intensif qui s’est de fait avéré particulièrement fertile. Même si quelques approximations côté justesse de la part des bois, notamment des flûtes et bassons, l’ensemble est incontestable homogénéité, et l’on n’a perçu aucune acidité sonore et pas davantage de faiblesse dans les attaques, particulièrement des archets, au contraire une infaillibilité étonnante des cors et des trompettes naturels.

Aix-en-Provence, Façade du Grand Théâtre de Provence, résidence de l'Orchestre Français des Jeunes et de l'Orchestre Français des Jeunes baroque. Photo : (c) Bruno Serrou

Ecrivons-le sans attendre, les œuvres choisies ont été superbement jouées, tant et si bien que l’on a pu juger sans interférences techniques et de style de leur qualités intrinsèques. Ainsi, les deux suites d’orchestre d’opéras de Jean-Philippe Rameau (1683-1764) créés en 1739, la première, celle de la tragédie lyrique Dardanus, qui a ouvert le programme, la seconde, celle de l’opéra-ballet les Fêtes d’Hébé ou les Talents lyriques le fermant, le tout encadrant la Symphonie pour cordes en sol mineur op. 4/2 de François Martin (1727 ?-1757) et des extraits du ballet Don Juan de Christoph Willibald Gluck (1714-1787) créé à Vienne en 1761. Tirant profit de l’excellence de la préparation des jeunes musiciens de l’OFJB, placé sous l’autorité de son premier violon, le vétéran Johannes Pramsohler, Christophe Coin, qui a présenté les œuvres avec simplicité et érudition de façon sythétique en début de concert, a donné une impulsion dynamique et épanouie à chacune des œuvres programmées, instillant un onirisme et un élan souple et aérien à ces pages de Rameau d’un attrait inégal, alternant des passages atones et des moments de grâce, à l’instar du Don Juan de Gluck, plus égal et plus riche en mélodies et en variétés expressives. Mais la surprise a émané de l’humble Symphonie pour cordes en sol mineur op. 4/2 du discret François Martin, compositeur violoncelliste qui fut attaché au service du sixième duc de Gramont lorsque la mort l’emporta à l’âge de trente ans. Ces trois courts mouvements qui vont en s’enchaînant sont à la fois simples et enjoués, et ont de toute évidence su séduire autant les jeunes musiciens de l’OFJB que leur chef, Christophe Coin.

Aix-en-Provence, Grand Théâtre de Provence. Christophe Coin et l'Orchestre Français des Jeunes baroque. Photo : (c) Orchestre Français des Jeunes

L’Orchestre Français des Jeunes baroque sera dirigé en 2015 et 2016 par le chef argentin Leonardo García Alarcón. A noter également que le 1er janvier 2015, le chef d’orchestre américain David Zinman succédera à son compatriote Denis Russell Davies au poste de directeur musical de l’Orchestre Français des Jeunes.


Bruno Serrou

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