jeudi 22 septembre 2022

Pour sa 40e édition, Musica de Strasbourg rend hommage à deux de ses compositeurs fétiches, Georges Aperghis et Kaija Saariaho

Strasbourg (Bas-Rhin). 40e Musica. 15-18 septembre 2022. Palais des Fêtes, Théâtre du Maillon, Café Aedaen Speakeasy, TNS-Théâtre National de Strasbourg

Photo : (c) Bruno Serrou

Pour sa 40e édition, Musica de Strasbourg revient à l’esprit novateur qui en a fait l’un des rendez-vous majeurs de la création musicale contemporaine internationale


Georges Aperghis (né en 1945), Migrants. Solistes et Ensemble Resonanz, direction Emilio Pomarico. Photo : (c) Bruno Serrou

Le week-end d’ouverture était placé sous la figure de deux grands compositeurs qui ont choisi la France pour s’exprimer, le Grec Georges Aperghis et la Finlandaise Kaija Saariaho, deux fidèles du festival. Il a débuté sur une poignante soirée Palais des Fêtes en présence des directeurs successifs du festival, Laurent Bayle le fondateur, Laurent Spielmann, Jean-Dominique Marco et Stéphane Roth, avec la création de l’oratorio Migrants d’Aperghis sur des textes du poète polonais d’expression anglaise né en terre ukrainienne Joseph Conrad sur le drame de la migration, exhortation déchirante somptueusement interprétée par la soprano polonaise Agata Zubel, la mezzo-soprano ukrainienne Christina Daletska, l’altiste strasbourgeoise Geneviève Strosser et l’Ensemble Resonanz de Hambourg dirigé avec ardeur par le chef argentin Emilio Pomarico.


Kaija Saariaho (née en 1952), Only the Sound Remains, production de Ernest Martinez Izquierdo et Aleksis Barrière. Photo : (c) Bruno Serrou

Seconde invitée centrale de cette édition, Kaija Saariaho a assisté Théâtre du Maillon devant un public conquis à une nouvelle production du quatrième de ses opéras, Only the Sound Remains créé en 2016 dans une mise en scène de Peter Sellars vue à l’Opéra de Paris-Garnier en janvier 2018. Captivante, celle d’Aleksis Barrière, fils de la compositrice, a un caractère dépouillé propre au théâtre nô qui a inspiré l’œuvre, remarquablement dirigée par Ernest Martinez Izquierdo, déjà présent dans la fosse à Garnier, avec les excellents Michal Sławecki, contre-ténor, et Bryan Murray, baryton, un ensemble formé par le Quatuor Ardeo et trois musiciens, dont Eija Kankaanranta au kantele, instrument traditionnel finlandais à cordes pincées, quatre solistes du Cor de Cambra del Palau de la Musica Catalana, et la danseuse-chorégraphe japonaise Kaiji Moriyama.


Georges Aperghis (né en 1945), La Construction du Monde. Georges Aperghis, Nina Bonardi et Richard Dubelski. Photo : (c) Bruno Serrou

Le plaisir des festivaliers est d’enchaîner les concerts. Ainsi, le 17 septembre, quatre rendez-vous étaient fixés jusque tard dans la nuit. Dans l’arrière-salle d’un bar, le café Aedaen Speakeasy, Georges Aperghis accueillait les spectateurs pour La Construction du Monde, solo pour table percussive pleine de magie par le percussionniste-comédien Richard Dubelski dans une scénographie de Nina Bonardi, grave et tendre histoire de solitude et de désœuvrement pour tous publics où corps, gestes, sonorités apparemment anodines, la moindre syllabe chère au compositeur atteignent une fascinante théâtralité.


TNS-Strasbourg, salle de concert de l'ancien Conservatoire de Strasbourg au moment du Concert pour soi du 17 septrembre 2022. Photo : (c) Bruno Serrou 

Nouveau concept peu ordinaire de Musica, le « Concert pour Soi » : un musicien anonyme joue en solo face à un spectateur unique tout aussi anonyme un programme surprise dans un lieu surprise, à l’exemple de cette altiste de l’Orchestre Philharmonique de Strasbourg que je découvrais dans la salle de concert fantomatique du vieux Conservatoire de Strasbourg aujourd’hui dans le bâtiment du Théâtre National de Strasbourg, dans des pages pour alto de Max Reger et Georges Aperghis…


Concert-hommage à Kaija Saariaho (née en 1952). Photo : (c) Bruno Serrou

Grand concert-hommage à Kaija Saariaho Palais des Fêtes pour les soixante-dix ans de la compositrice par sa famille et ses amis qui, sous le titre-générique Kaija dans le miroir, ont retracé avec émotion son parcours avec pour fil conducteur un documentaire qu’Anne Grange est en train de réaliser ponctué d’œuvres pour petits effectifs interprétées live couvrant la période 1991 (Nuit, adieux) - 2016 (Light still and moving). Parmi les artistes pzrticipant à cet hommage, le violoncelliste Anssi Karttunen, le Quatuor Ardeon, le Chœur du Palais de la Musique de Catalogne, Faustine De Mones, Aliisa Neige Barrière, fille violoniste de la compositrice, la percussionniste Eija Kankaanranta, et, en seconde partie, des improvisations du groupe Tres Coyotes associant le compositeur Magnus Lindberg au piano, Anssi Karttunen au violoncelle et le bassiste du groupe pop’ Led Zeppelin John Paul Jones.

Bruno Serrou

Musica de Strasbourg se poursuit jusqu’au 2 octobre 2022. www.festivalmusica.fr 

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