mardi 16 novembre 2021

A Perpignan, Aujourd’hui Musiques 2021 au carrefour des modes d’expression musicale contemporains

Perpignan (Pyrénées-Orientales). Théâtre de l'Archipel. Vendredi 12, samedi 13, dimanche 14 novembre 2021

Photo : (c) Bruno Serrou

Après une annulation peu avant son premier concert mi-novembre 2020 pour cause de Covid-19, Aujourd’hui Musiques s’ouvre de plus en plus depuis 10 ans à tous les styles d’expressions musicales

Théâtre de l'Archipel de Perpignan. Photo : (c) Bruno Serrou

A 12 mois de ses trente ans, le festival de création contemporaine Aujourd’hui Musiques s’impose à la fois comme l’un des plus ouverts et des plus proches du public. Légèrement à la marge au début, il se révèle désormais précurseur de l’esprit des festivals de musique contemporaine, se délaissant l’œuvre écrite pour se projeter dans l’univers de l’électronique improvisée, acteur des évolutions technologiques. Malgré la pandémie, ce rendez-vous automnal attire un large public, du plus jeune au plus âgé avide de découvertes.

Prologue de concert dans le hall-foyer du Théâtre de l'Archipel. Photo : (c) Bruno Serrou

Disposant d’une enveloppe propre de trois cents mille euros au sein du budget du Théâtre de l’Archipel de Perpignan qui l’a intégré à sa programmation dès son ouverture en 2011, Aujourd’hui Musiques présente la diversité de la recherche technologique contemporaine. « Les machines ne sont plus cantonnées dans le secret des laboratoires, s’enthousiasme Jackie Surjus-Collet directrice artistique du festival, elles sont entrées dans nos vies et participent à notre vision du monde. Le public le sait et il entend l’expérimenter avec nous. » 

Groupe Aquaserge « Perdu dans un étui de guitare ». Photo : (c) Bruno Serrou

Performances, improvisation, œuvres interactives, déambulations électroniques associant corps et sensations, deviennent dans ce festival désormais suivi par beaucoup de ses congénères, particulièrement le festival Musica de Strasbourg, un instrument de création image et son, aux confluences des musiques « actuelles » et « savantes », des plus anciennes (Bach, Haendel) aux plus accessibles du XXe siècle (Satie).

La Muse en Circuit, « Fake ». Photo : (c) Bruno Serrou

Cette édition 2021 a débuté le week-end dernier et se conclura le prochain week-end. La balade Fake proposée par le collectif La Muse en Circuit créé par Luc Ferrari et dirigé aujourd’hui par Wilfried Wendling, est une adaptation pour une promenade dans le centre de Perpignan de celle de septembre 2020 à Musica de Strasbourg. 

Sceniscome, « Cyclic ». Photo : (c) Bruno Serrou 

En prélude au spectacle du soir, Cristal Baschet par Michel Deneuve jouant de sculptures sonores des frères Baschet qu’il a présentées sans rire comme étant « aussi difficiles à jouer qu’un violon », suivi par de déambulations interactives sensorielles La Maison sensible et Cyclic de Sceniscome, et GeKiPe de l’Ensemble Flashback, en prologue du spectacle sensoriel LIBER de la Compagnie Intensités de Maguelone Vidal, avec un mixeur sonore aux limites de la saturation et qui se termine sur un chaste strip-tease… Toutes expériences qui se ressemblent terriblement quant aux résultats sonores…

Compagnie Intensités / Maguelone Vidal, « LIBER ». Photo : (c) Bruno Serrou

Un programme voué à des compositrices du XVIIe et du XXIe siècles a été offert par le magnifique Chœur de Chambre Spirito de Nicole Corti a clôt le premier week-end du festival, prouvant que les musiques écrites et acoustiques restent pérennes et d’une force créatrice inégalable qui, avec le couple d’accordéonistes Jean-Etienne Sotty et Fanny Vicens. 

Chœur de Chambre Spirito, Jean-Etienne Sotty et Fanny Vicens (accordéons), Nicole Corti (direction). Photo : (c) Bruno Serrou

Cet ensemble vocal enrichi de deux accordéonniste a enthousiasmé le public, particulièrement le créatif Paradiso pour douze voix et deux accordéons microtonals (2018) d’Edith Canat de Chizy, et deux autres de ses œuvres, Amore pour cinq voix de femmes et Vega pour deux accordéons microtonals à côté de deux chants pour voix seule de Betsy Jolas et du charmant Bruyères à l’automne pour douze voix mixtes a capella de Gracian Finzi, mis en regard de pages d’Elizabeth Jacquet de Guerre et de Barbara Strozzi.

Bruno Serrou

Original paru dans le quotidien La Croix daté lundi 15 novembre 2021

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