mardi 7 mars 2017

Kurt Moll, mort d’un géant au cœur d’or

Kurt Moll (1938-2017) en Baron Ochs du Chevalier à la rose de Richard Strauss. Photo : DR

Immense basse allemande à la voix de velours et au visage affable au sourire généreux, Kurt Moll est mort à Munich le 5 mars 2016 à l’âge de 78 ans.

Que ce soit dans Mozart, Wagner ou Richard Strauss, la voix aux graves abyssaux, au timbre rond, ample, d’une chaleureuse humanité ont fait de Kurt Moll l’une des basses les plus appréciées et reconnaissables de sa génération.

Kurt Moll (1938-2017), Osmin dans l'Enlèvement au sérail de Wolfgang Amadeus Mozart. Photo : DR

Né le 11 avril 1938 à Buir, non loin de Cologne, Kurt Moll a d’abord étudié le violoncelle avant de se passionner pour le chant qu’il étudie à la Musikhochschule de Cologne. Il fait ses débuts en 1961 à Aix-la-Chapelle où il se produit jusqu’en 1965, avant d’être engagé à Sarrebruck puis à l’Opéra de Cologne en 1967. Un an plus tard, le Festival de Bayreuth l’invite pour la première fois pour incarner le Veilleur de nuit dans les Maîtres Chanteurs de Nuremberg. En 1969, il chante à l’Opéra de Hambourg, qui l’engage aussitôt comme membre permanent. Son nom s’impose dans le monde lyrique grâce à son interprétation d’une profonde humanité du personnage de Sarastro dans la Flûte enchantée de Mozart au Festival de Salzbourg. Il reprendra ce rôle sur toutes les grandes scènes internationales, et l’enregistrera à plusieurs reprises. Sénèque du Couronnement de Poppée, Osmin de l’Enlèvement au sérail, Bartolo des Noces de Figaro, le Commandeur de Don Giovanni, Don Alfonso dans Cosi fan tutte, Rocco de Fidelio, Daland du Vaisseau fantôme, le Landgraf Hermann de Tannhäuser, le roi Heinrich de Lohengrin, le roi Mark de Tristan und Isolde, Gurnemanz de Parsifal, Fasolt de l’Or du Rhin, Hunding de la Walkyrie, Padre Guardino de La forza del destino, Ramfis d’Aïda, Sparafucille de Rigoletto, Gremin d’Eugène Oneguin, Pimène de Boris Godounov, le baron Ochs du Chevalier à la rose, Sir Morosus de la Femme silencieuse, Schigolch de Lulu font de lui l’une des plus grandes basses du xxe siècle.  

Kurt Moll (1938-2017), Gurnemanz de Parsifal de Richard Wagner au Metropolitan Opera de New York. Photo : DR

En 1972, Kurt Moll triomphe à la Scala de Milan en Osmin, ainsi que l’Opéra de Paris dans les Noces de Figaro et dans Parsifal, l’année suivante il est à l’Opéra de Munich, puis il chante au Vatican devant le pape Paul VI le Magnificat de Bach. Invité permanent des Opéras de Berlin, de Munich et de Vienne ainsi que du Festival de Salzbourg, il est l’hôte des Opéras de San Francisco, Covent Garden de Londres, Colon de Buenos Aires, Liceo de Barcelone… En 1978, il fait ses débuts au Metropolitan Opera de New York dans Parsifal. Nommé Kammersänger par l’Opéra de Hambourg en 1975 et par l’Opéra de Munich en 1978, il mène parallèlement une carrière de concertiste et de récitaliste, et enseigne le chant à l’Ecole Supérieure de Musique de Cologne.

Kurt Moll (1938-2017). Photo : DR

Kurt Moll a fait les beaux soirs des plus grands théâtres lyriques du monde, jusqu’à sa dernière apparition le 31 juillet 2006, sur la scène de l’Opéra de Munich en Veilleur de nuit des Maître Chanteurs de Nuremberg, rôle avec lequel il avait fait ses débuts à Bayreuth en 1968…

Kurt Moll est décédé le 5 mars 2016 à Munich des suites d’un cancer. Il avait 78 ans.

Parmi ses nombreux enregistrements discographiques, trois Parsifal (Karajan, Kubelik, Levine), trois Chevalier à la rose (A. Davis, Karajan, C. Kleiber), trois Flûte enchantée (C. Davis, Lombard, Sawallisch), deux Noces de Figaro (Harnoncourt, Solti), deux Enlèvement au sérail (Böhm, Solti), deux Freischütz (Harnoncourt, Kubelik), deux Ring des Nibelungen (Levine, Sawallisch), deux Création de Haydn (Bernstein, Dorati), Don Giovanni (Solti), Fidelio (Haitink), Die drei Pintos de Weber/Mahler (Bertini), les Fées (Sawallisch), le Vaisseau fantôme (Karajan), Tannhäuser (Haitink), Lohengrin (Abbado), Tristan und Isolde (C. Kleiber), les Maîtres Chanteurs de Nuremberg (Solti), la Force du destin de Verdi (Levine), Werther (Chailly), Intermezzo de R. Strauss (Sawallisch), Lulu de Berg (Dohnanyi)…

Bruno Serrou

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