jeudi 26 juillet 2018

Suisse (Valais) : le Festival de Verbier a 25 ans


Verbier (Valais). Festival de Verbier, jeudi 20, vendredi 21, samedi 22 juillet 2018

Verbier, vue sur le Mont-Blanc. Photo : (c) Bruno Serrou

La vingt-cinquième édition du Festival de Verbier a été ouverte en fanfare par le nouveau directeur musical de son orchestre symphonique, le chef d’orchestre russe Valéry Gergiev

Photo : (c) Bruno Serrou

C’est par une chaude fin d’après-midi ensoleillé suscitant un bienfaisant sentiment de vacances avec à l’arrière-plan le sommet du massif du Mont-Blanc, que s’est ouverte jeudi dernier la vingt-cinquième édition du Festival de Verbier. Après une petite montée qui rappelle que l’amour de la musique mérite que l’on fasse efforts, l’on retrouve la foule des mélomanes qui s’égaye sur les terrasses des cafés éphémères de l’esplanade de la Salle des Combins. En prélude du concert, le directeur-fondateur de la manifestation, Martin Engstroem, rappelle le chemin parcouru depuis 1994 avec sa guirlande d’interprètes de renom, de grandes découvertes, de musiciens en devenir, tous côtoyant un public de fidèles qu’ils ont formés et devant lesquels ils se sont eux-mêmes forgés.

Verbier, le parvis de la Salle des Combins. Photo : (c) Bruno Serrou

Succédant à James Levine et à Charles Dutoit, Valery Gergiev, infatigable bâtisseur d’orchestres, prend la direction musicale du Verbier Festival Orchestra (VFO). Une formation de jeunes musiciens professionnels que le chef russe dirige avec assiduité depuis de nombreuses années. Avec sa nouvelle fonction, il a trouvé le temps de se poser trois ou quatre jours avant le concert pour une sérié de répétitions organisées à la suite d’une préparation de la phalange de trois semaines par les chefs de pupitre de l’Orchestre du Metropolitan Opera de New York. 

Verbier, la Salle des Combins et son plateau vu de la salle. Photo : (c) Bruno Serrou

Chef charismatique, Gergiev a électrisé cette phalange temporaire avivée par un enthousiasme juvénile qui atteste à la fois d’une grande homogénéité et d’une virtuosité à toute épreuve, qualités qui se sont pleinement exprimées dans une Schéhérazade de Nikolaï Rimski-Korsakov aux sonorités somptueuses magnifiées par un chef qui chante dans son jardin. Deux jeunes solistes étaient de la fête, le violoniste suédois Daniel Lozakovich dans une page de Saint-Saëns, et le pianiste américain George Li dans un Concerto n° 1 de Mendelssohn épuré. En revanche, malgré la flamboyance de l’orchestre, la déception était grande dans le très attendu air de Cunégonde pour soprano colorature dans Candide de Leonard Bernstein chanté par Pretty Yende à la voix serrée et pas toujours audible.

Valéry Gergiev et le Verbier Festival Orchestra. Photo : (c) Bruno Serrou

Deux jeunes artistes ont remplacé le duo Janine Jansen/Elisabeth Leonskaja annoncé, la violoniste moldave Alexandra Conunova et le pianiste russe Denis Kozhukhin. Malgré un archet un peu lourd à la corde chez la violoniste, mais un piano d’une élasticité et d’une musicalité exceptionnelle, le programme copieux s’est imposé par sa diversité et le chant instrumental, avec la Sixième Sonate de Beethoven, les Premières Sonates de Prokofiev et de Brahms, et la Sonate de Ravel.

Alexandra Conunova et Denis Kozhukhin. Photo : (c) Bruno Serrou

Mais la formation la plus expérimentée née sous l’égide du Festival de Verbier est indubitablement le Verbier Festival Chamber Orchestra (VFCO), qui réunit une soixantaine d’anciens membres du Verbier Festival Orchestra dont le plus âgé ne dépasse pas l’âge de quarante ans, tous exerçant désormais dans les plus grands orchestres du monde. « Pour moi, dit Gábor Takács-Nagy, le plus important est ce qui m’a été inculqué par mes maîtres au Conservatoire de Budapest : la musique est une question d’humanité, de caractère, de musicalité, la technique est secondaire. C’est ce que j’ai pratiqué toute ma vie, et que j’enseigne à la Haute Ecole de Musique de Genève. C’est aussi ce que je trouve avec le VFCO que j’ai dirigé pour la première fois en 2006. » 

La Création de Joseph Haydn dirigée par Gábor Takács-Nagy. Photo : (c) Bruno Serrou

Fondateur du célèbre Quatuor Takács, violoniste de renom, instrument auquel il a été contraint de renoncer à la suite d’une tendinite, Takács-Nagy est depuis onze ans directeur artistique du VFCO. « Cet ensemble a été fondé dans l’esprit de celui d’Abbado, l’Orchestre de Chambre d’Europe, s’enthousiasme le musicien hongrois. L’orchestre donne ici chaque année sept concerts, ainsi qu’un certain nombre dans le cadre de sa résidence au Schloss Elmau, et dans des tournées, la dernière en date en Chine pendant un mois. » Leur premier concert de l’édition du quart de siècle du festival, salle des Combins, a été une somptueuse interprétation de La Création de Joseph Haydn, compositeur privilégié de l’ancien quartettiste qu’est Gábor Takács-Nagy. Malgré de légers décalages entre l'engagement du chef et la réserve des musiciens de l'orchestre, cette interprétation a séduit, éclairée par une distribution de tout premier plan, à commencer par l'éblouissant RIAS Kammerchor de Berlin, ainsi que par l'exceptionnelle prestation du baryton Peter Mattei en Adam, mais aussi la lumineuse soprano Miah Persson (Gabriel/Eve), le généreux ténor Bernard Richter (Uriel), et la solide basse Andreas Bauer (Raphael).

Bruno Serrou

Jusqu’au 5 août 2018. Réservations : +41 (0)848 771 882. www.verbierfestival.com. Le site Medici.tv, qui célèbre ses dix ans d’existence, retransmet en direct sur Internet la totalité des concerts du Festival de Verbier,  www.medici.tv/fr. Vient de paraître chez DG un coffret de 4 CD « 25 ans du Verbier Festival » (DG. 4835143)

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