Verbier (Valais). Festival de Verbier, jeudi 20, vendredi 21, samedi 22 juillet 2018
Verbier, vue sur le Mont-Blanc. Photo : (c) Bruno Serrou
La vingt-cinquième édition du Festival de Verbier a été ouverte en
fanfare par le nouveau directeur musical de son orchestre symphonique, le chef
d’orchestre russe Valéry Gergiev
Photo : (c) Bruno Serrou
C’est par une chaude fin
d’après-midi ensoleillé suscitant un bienfaisant sentiment de vacances avec à
l’arrière-plan le sommet du massif du Mont-Blanc, que s’est ouverte jeudi dernier
la vingt-cinquième édition du Festival de Verbier. Après une petite montée qui
rappelle que l’amour de la musique mérite que l’on fasse efforts, l’on retrouve
la foule des mélomanes qui s’égaye sur les terrasses des cafés éphémères de
l’esplanade de la Salle des Combins. En prélude du concert, le
directeur-fondateur de la manifestation, Martin Engstroem, rappelle le chemin
parcouru depuis 1994 avec sa guirlande d’interprètes de renom, de grandes
découvertes, de musiciens en devenir, tous côtoyant un public de fidèles qu’ils
ont formés et devant lesquels ils se sont eux-mêmes forgés.
Verbier, le parvis de la Salle des Combins. Photo : (c) Bruno Serrou
Succédant à James Levine et à
Charles Dutoit, Valery Gergiev, infatigable bâtisseur d’orchestres, prend la
direction musicale du Verbier Festival Orchestra (VFO). Une formation de jeunes
musiciens professionnels que le chef russe dirige avec assiduité depuis de
nombreuses années. Avec sa nouvelle fonction, il a trouvé le temps de se poser trois
ou quatre jours avant le concert pour une sérié de répétitions organisées à la
suite d’une préparation de la phalange de trois semaines par les chefs de
pupitre de l’Orchestre du Metropolitan Opera de New York.
Verbier, la Salle des Combins et son plateau vu de la salle. Photo : (c) Bruno Serrou
Chef charismatique, Gergiev
a électrisé cette phalange temporaire avivée par un enthousiasme juvénile qui
atteste à la fois d’une grande homogénéité et d’une virtuosité à toute épreuve,
qualités qui se sont pleinement exprimées dans une Schéhérazade de Nikolaï Rimski-Korsakov aux sonorités somptueuses
magnifiées par un chef qui chante dans son jardin. Deux jeunes solistes étaient
de la fête, le violoniste suédois Daniel Lozakovich dans une page de
Saint-Saëns, et le pianiste américain George Li dans un Concerto n° 1 de Mendelssohn épuré. En revanche, malgré la
flamboyance de l’orchestre, la déception était grande dans le très attendu air
de Cunégonde pour soprano colorature dans Candide
de Leonard Bernstein chanté par Pretty Yende à la voix serrée et pas
toujours audible.
Valéry Gergiev et le Verbier Festival Orchestra. Photo : (c) Bruno Serrou
Deux jeunes artistes ont remplacé
le duo Janine Jansen/Elisabeth Leonskaja annoncé, la violoniste moldave Alexandra
Conunova et le pianiste russe Denis Kozhukhin. Malgré un archet un peu lourd à
la corde chez la violoniste, mais un piano d’une élasticité et d’une musicalité
exceptionnelle, le programme copieux s’est imposé par sa diversité et le chant
instrumental, avec la Sixième Sonate
de Beethoven, les Premières Sonates
de Prokofiev et de Brahms, et la Sonate
de Ravel.
Alexandra Conunova et Denis Kozhukhin. Photo : (c) Bruno Serrou
Mais la formation la plus
expérimentée née sous l’égide du Festival de Verbier est indubitablement le
Verbier Festival Chamber Orchestra (VFCO), qui réunit une soixantaine d’anciens
membres du Verbier Festival Orchestra dont le plus âgé ne dépasse pas l’âge de
quarante ans, tous exerçant désormais dans les plus grands orchestres du monde.
« Pour moi, dit Gábor Takács-Nagy, le plus important est ce
qui m’a été inculqué par mes maîtres au Conservatoire de Budapest : la
musique est une question d’humanité, de caractère, de musicalité, la technique
est secondaire. C’est ce que j’ai pratiqué toute ma vie, et que j’enseigne à la
Haute Ecole de Musique de Genève. C’est aussi ce que je trouve avec le VFCO que
j’ai dirigé pour la première fois en 2006. »
La Création de Joseph Haydn dirigée par Gábor Takács-Nagy. Photo : (c) Bruno Serrou
Fondateur du célèbre Quatuor
Takács,
violoniste de renom, instrument auquel il a été contraint de renoncer à la
suite d’une tendinite, Takács-Nagy est depuis onze ans directeur artistique du
VFCO. « Cet ensemble a été fondé dans l’esprit de celui d’Abbado, l’Orchestre
de Chambre d’Europe, s’enthousiasme le musicien hongrois. L’orchestre donne ici
chaque année sept concerts, ainsi qu’un certain nombre dans le cadre de sa
résidence au Schloss Elmau, et dans des tournées, la dernière en date en Chine
pendant un mois. » Leur premier concert de l’édition du quart de siècle du
festival, salle des Combins, a été une somptueuse interprétation de La Création de Joseph Haydn, compositeur
privilégié de l’ancien quartettiste qu’est Gábor Takács-Nagy. Malgré de légers décalages entre l'engagement du chef et la réserve des musiciens de l'orchestre, cette interprétation a séduit, éclairée par une distribution de tout premier plan, à commencer par l'éblouissant RIAS Kammerchor de Berlin, ainsi que par l'exceptionnelle prestation du baryton Peter Mattei en Adam, mais aussi la lumineuse soprano Miah Persson (Gabriel/Eve), le généreux ténor Bernard Richter (Uriel), et la solide basse Andreas Bauer (Raphael).
Bruno Serrou
Jusqu’au 5 août 2018. Réservations : +41 (0)848 771 882. www.verbierfestival.com. Le site Medici.tv,
qui célèbre ses dix ans d’existence, retransmet en direct sur Internet la
totalité des concerts du Festival de Verbier,
www.medici.tv/fr. Vient de
paraître chez DG un coffret de 4 CD « 25 ans du Verbier Festival »
(DG. 4835143)
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