mercredi 31 janvier 2018

350 ans de l’Opéra de Paris et 30 ans de l’Opéra Bastille, biotopes de la saison 2018-2019

Paris. Opéra de Paris, Palais Garnier. Lundi 29 janvier 2018

L'Opéra Bastille. Photo : (c) Opéra national de Paris

C’est à une conférence de lancement de saison particulière que l’Opéra national de Paris a convié journalistes, mécènes, abonnés fidèles, jeune public lundi 29 janvier. Dans la double perspective du trois-cent-cinquantenaire de la création par lettre patente du roi Louis XIV datée du 28 juin 1669 de l’Académie royale de musique, à l’instigation de Jean-Baptiste Colbert, et du trentième anniversaire de l’Opéra Bastille inauguré une première fois le 13 juillet 1989 par le président François Mitterrand, la saison 2018-2019 s’annonce prometteuse.

La présentation de ce double anniversaire s’est tenue dans la salle l’Opéra Garnier devant un public particulièrement fourni. Après un court résumé de la programmation par le directeur de l’Opéra de Paris, plusieurs entretiens ont été conduits par diverses personnalités du chant et de la danse avec metteurs en scène et chorégraphes ponctués d’extraits musicaux ouverts par un court passage de la passacaille de l’Armide de Jean-Baptiste Lully (1632-1687) dansé par Julien Guillemard soutenu par la Cappella Mediterranea et son directeur fondateur Leonardo Garcia Alarcon. Julie Fuchs, Philippe Sly, Karine Deshayes, Ludovic Tézier, Sondra Radvanovsky, Marta Danusevich, Sofija Petrovic, Farrah El Dibany ont chanté des extraits des Indes Galantes de Jean-Philippe Rameau, Don Giovanni de Mozart, les Huguenots de Giacomo Meyerbeer, Simon Boccanegra de Giuseppe Verdi, Iolanta de Piotr Ilyich Tchaïkovski. Mais le plus remarquable a été la performance exceptionnelle de deux des Danseurs Etoiles du Ballet de l’Opéra de Paris, Ludmila Pagliero et Hugo Marchand, dans les trois Gnossiennes d’Erik Satie remarquablement accompagnés par la pianiste Elena Bonnay.

La programmation 2018-2019 ne se présente pas comme une synthèse de l’histoire de l’une des plus anciennes scènes lyriques internationales, mais comme celle d’une tradition, autant sur le plan lyrique que chorégraphique. La programmation rendra ainsi hommage aux compositeurs, metteurs en scène, chanteurs et chorégraphes qui ont marqué l’histoire de l’Opéra de Paris et poursuivra les cycles entamés voilà trois ans, Berlioz, Wagner, russe, Mozart/Da Ponte, ainsi que le cycle de créations autour de la littérature française. Les célébrations de ces trois siècles et demi d’existence seront aussi l’occasion pour l’Opéra de Paris de sortir de ses murs. Associé au Musée d’Orsay, au Centre Georges Pompidou Paris et Metz, à la Bibliothèque nationale de France, au Collège de France et à un certain nombre de théâtre régionaux, l’Opéra de Paris organisera expositions, conférences, master classes, rencontres qui aborderont les grandes étapes de son histoire.

Théâtre de répertoire plutôt que de création, l’Opéra de Paris a néanmoins porté plusieurs ouvrages sur les fonts baptismaux. Trois cent cinquantenaire oblige, quelques-uns d’entre eux seront repris, et un tout nouveau verra le jour dès le 29 septembre 2018 à Garnier, Bérénice de Michael Jarrell (né en 1958) d’après Jean Racine, avec une distribution de tout premier plan comptant rien moins que Barbara Hannigan et Bo Skovhus, dirigé par Philippe Jordan et mis en scène par Claus Guth (Garnier 29 septembre-17 octobre 2018). Suivront d’autres ouvrages créés à l’Opéra de Paris, comme le rare les Huguenots de Giacomo Meyerbeer (1791-1864), montés pour la première fois salle Le Pelletier en 1836 et jamais repris depuis 1936. Il sera le seul ouvrage historiquement créé à l’Opéra de Paris à être repris en cette année anniversaire de l’institution. Il le sera à Bastille à partir du 28 septembre jusqu’au 24 octobre 2018 par Diana Damrau, Bryan Hymel, Karine Deshayes, Cyrille Dubois, Michele Mariotti sera au pupitre et Andreas Kriegenburg à la mise en scène.

Malgré toutes les tentatives de leur auteur qui ne les verra jamais représentés dans leur intégralité, les liens des Troyens d’Hector Berlioz (1803-1869) avec l’histoire de l’Opéra de Paris ne remontent vraiment qu’au 17 mars 1990, lorsque ce grand opéra à la française a fait l’ouverture au grand public du vaisseau Bastille dans une mise en scène de Pier Luigi Pizzi. Près de vingt-neuf ans plus tard, les Troyens font leur retour dirigés par Philippe Jordan et mis en scène par Dmitri Tcherniakov, avec Stéphanie d’Oustrac, Véronique Gens, Elina Garanca, Michèle Losier, Bryan Hymel, Stéphane Degout, Pasta Burchaladze (Bastille 25 janvier- 12 février 2019. Le cycle russe propose une nouvelle production de Lady Macbeth du district de Mzensk de Dimitri Chostakovitch, chef-d’œuvre qui, à l’instar des Troyens, a forgé le renom de l’Opéra Bastille à ses débuts, en février 1992, dans une production Myung-Whun Chung/André Engel. Cette fois, l’ouvrage est dirigé par Ingo Metzmacher et mis en scène par Krzysztof Warlikowski, avec Audriné Stundyté dans le rôle-titre, Dmitri Ulyanov, John Daszak, Pavel Cernoch (Bastille 6-25 avril 2019).

Le cycle Mozart/Da Ponte se poursuivra avec une nouvelle approche de Don Giovanni dirigée par Philippe Jordan et mise en scène par Ivo Van Hove avec Etienne Dupuis, Jacquelyn Wagner, Stanislas de Barbeyrac, Nicole Car, Philippe Sly et Elsa Dreisig (Garnier, 11 juin-13 juillet). Côté XVIIe siècle, qui vit la création de l’Académie de musique, rien de Lully, son premier surintendant, mais un ouvrage d’Alessandro Scarlatti (1660-1725), l’oratorio à six voix Il primo omicidio composé au tout début du XVIIIe siècle (1707) confié à René Jacobs et Romeo Castellucci avec entre autres Kristina Hammerarström, Olivia Vermeulen et Thomas Walker (Garnier 24 janvier-23 février 2018). Côté grand répertoire, une nouvelle production de Simon Boccanegra de Giuseppe Verdi (1813-1901) dirigée par Fabio Luisi et mis en scène par Calixto Bieito avec Ludovic Tézier, Mika Kares, Maria Agresta, Francesco Demuro, Nicola Alaimo (Bastille 15 novembre-13 décembre 2018).

Année du trois-cent-cinquantenaire oblige, l’Opéra de Paris également publié la programmation des trois premiers mois de la saison 2019-2020. Ainsi, sont d’ores et déjà ouvertes à la location trois nouvelles productions. La Traviata de Verdi réalisée par Michele Mariotti à la direction et Simon Stone à la mise en scène avec, en alternance, Pretty Yende/Nino Machaidze, Benjamin Bernheim/Atalia Ayan, Ludovic Tézier/Jean-François Lapointe (Garnier, 12 septembre-16 octobre 2019). Créées en 1735 à l’Académie royale de musique, les Indes galantes de Jean-Philippe Rameau seront revisitées par Leonardo Garcia Alarcon et Clément Cogitore avec Sabine Devieilhe, Julie Fuchs, Alexandre Duhamel, Stanislas de Barbeyrac, Matthias Vidal (Bastille, 27 septembre-13 octobre 2019). Poursuite de l’opéra russe avec le Prince Igor d’Alexandre Borodine (1833-1887) dans une production inédite de Philippe Jordan et Barrie Kosky avec John Relyea, Elena Stikhina, Dmitry Ivashchenko, Anita Rachvellshvili et Andrei Popov (28 novembre-26 décembre 2019).

Enfin, en octobre 2019, un spectacle onirique autour des Madrigaux de Claudio Monteverdi (1567-1643) sera proposé par la réalisatrice Clémence Poésy au cœur du Palais Garnier (2-17 octobre 2019).

La saison 2018-2019 verra en outre les reprises de productions créées les années passées. Le Tristan und Isolde de Richard Wagner (1813-1883) de Peter Sellars et Bill Viola, dirigé cette fois par Philippe Jordan, avec Andreas Schager, René Pape, Martina Serafin, Matthias Goerne, Ekaterina Gubanova (Bastille 11 septembre-9 octobre 2018), La Triavata de Verdi de Benoît Jacquot avec Aleksandra Kurzak/Ermonela Jaho, Jean-François Borras/Charles Castronovo, George Gagnidze/Luca Sahi/Ludovic Tézier (Bastille 29 septembre-26 octobre, 11-29 décembre 2018), l’Elixir d’amour de Gaetano Donizetti (1797-1848) de Laurent Pelly dirigé par Giacomo Sagripanti avec Lisette Oropesa/Valentina Nafornita, Vittorio Grigolo/Paolo Fanale, Gabriele Viviani (Bastille 25 octobre-25 novembre 2018), La Cenerentola de Gioacchino Rossini (1792-1868) mis en scène par Guillaume Gallienne et dirigé par Evelino Pido, avec Lawrence Brownlee, Alessandro Corbelli, Florian Sempey, Chiara Skerath (Garnier 23 novembre-26 décembre), Rusalka d’Antonín Dvořák (1841-1904) dans la fameuse production de Robert Carsen qui sera dirigée par Suzanna Mälkki avec Klaus Florian Vogt, Karita Mattila, Camilla Nylund (Bastille 29 janvier-13 février 2019), Otello de Verdi dans la mise en scène d’Andrei Serban dirigé par Bertrand de Billy avec Roberto Alagna/Aleksandrs Antonenko, George Gagnidze, Aleksandra Kurzak/Hibla Gerzmava (Bastille 2 mars-7avril 2019), Don Pasquale de Gaetano Donizetti (1797-1848) dans la mise en scène de Damiano Michieletto et dirigé par Michele Mariotti avec Michele Pertusi, Mariusz Kwiecien, Javier Camarena et Pretty Yende (Garnier 22 mars-16 avril 2019), Carmen de Georges Bizet (1838-1875) dans la production de Calixto Bieito dirigée par Lorenzo Viotti, avec Roberto Alagna/Jean-François Borras, Roberto Tagliavini, Anita Rachvelishvili/Ksenia Dudnikova, Nicole Car/Anett Fritsch (Bastille 11 avril-5 mai 2019), la Flûte enchantée de Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) signée Robert Carsen et dirigée par Henrik Nanasi avec Julien Behr, Florian Sempey, Nicolas Testé, Vannina Santoni, Jodie Devos (Bastille 27 avril-30 mai, 4-15 juin 2019), le diptyque opéré/danse Iolanta/Casse-Noisette de Piotr Ilyich Tchaïkovski (1840-1893) mis en scène par Dmitri Tcherniakov et chorégraphié par Sidi Larbi Cherkaoui, Edouard Lock et Arthur Pita, avec Ain Anger, Valentina Nafornitja, Dmytro Popov dirigés par Tomas Hanus (Garnier 9-24 mai 2019), Tosca de Giacomo Puccini (1858-1924) de Pierre Audi dirigée par Dan Ettinger avec Anja Harteros/Martina Serafin/Sonya Yoncheva, Jonas Kaufmann/Marcello Puente, Zeijko Lucic/Luca Salsi (Bastille 16 mai-23 juin 2019), la Force du Destin de Verdi enfin, mis en scène par Jean-Claude Auvray qui sera dirigé par Nicola Luisotti et chanté par Carlo Cigni, Anja Harteros/Elena Stikhina, Zeljiko Lucic, Brian Jagde, Gabriele Viviani (Bastille, 6 juin-9 juillet 2019).

A côté des opéras et des ballets, plusieurs concerts et récitals ponctueront la saison, mais aussi les spectacles de l’Académie, Shakespeare, Fragments nocturnes mis en scène par Maëlle Dequiedt (Amphithéâtre Bastille 17-24 octobre 2018), et la Chauve-Souris de Johann Strauss Jr (1825-1899) en coproduction avec la MC93 de Bobigny (MC93 13-29 mars 2019). Dans le cadre de cette année anniversaire, l’Opéra de Paris présente des expositions consacrées à l’Académie royale de Musique (Garnier, 28 mai-1er septembre 2019), Opéra Monde, Opéra et arts visuels aux XXe et XXIe siècles (Centre Pompidou-Metz 22 juin 2019-6 janvier 2020), Edgar Degas à l’Opéra (Musée d’Orsay 24 septembre 2019-19 janvier 2020) et Le Grand Opéra (Garnier, 24 octobre 2019-2 février 2020). Une série de conférences sera prononcée au Collège de France d’avril 2018 à avril 2019 et un cycle de rencontres proposé par le Centre Pompidou.

Bruno Serrou

Renseignements et locations : www.operadeparis.fr ; 08.92.89.90.90/(+33) 1.71.25.24.23

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