mercredi 27 février 2013

Marie-Claire Alain, la plus grande organiste des temps modernes, est décédée mardi à l’âge de 86 ans




Marie-Claire Alain (1926-2013). Photo : DR

Douée d'une mémoire phénoménale qui lui a permis de jouer par cœur la plupart des œuvres figurant dans son vaste répertoire, de l’ère baroque au XXe siècle, Marie-Claire Alain lègue un héritage considérable, à la fois discographique, avec plus de deux cent cinquante enregistrements, et pédagogique, la plupart des grands organistes d’aujourd’hui ayant été ses élèves. 

Fille du compositeur organiste Albert Alain, qui fur l’élève de Guilmant, Vierne et Fauré, et sœur benjamine du compositeur et organiste Jehan Alain, dont la mort au front pendant la Seconde Guerre mondiale la marqua profondément, Marie-Claire Alain compte parmi les plus illustres organistes de sa génération. Ses tournées de récitals qui l’ont conduite dans le monde entier, lui ont apporté la réputation d’interprète parmi les plus éminentes de Jean-Sébastien Bach, au point d’être célébrée aux Etats-Unis comme « The First Lady of the Organ ». 

Née le 10 août 1926 à Saint-Germain-en-Laye, où elle fait ses débuts à 11 ans comme suppléante de son père à la tribune de l’église Saint-Germain, elle entre au Conservatoire de Paris en 1944. Elle y devient l’élève de Marcel Dupré (orgue), Maurice Duruflé (harmonie) et Simone Plé-Caussade (fugue), et obtient de nombreux prix, avant de remporter un grand nombre de concours internationaux, notamment le Deuxième Prix du Concours de Genève en 1950, tout en se perfectionnant avec Gaston Litaize et André Marchal. 

Marie-Claire Alain a largement contribué, par ses enregistrements et ses nombreux concerts, à la découverte et à la propagation de l'œuvre de son frère aîné Jehan. Musiciens et critiques louent la clarté étincelante de son jeu, la pureté de son style, la musicalité intense et l'ardeur de ses interprétations, sa maîtrise dans l’art de la registration. Pédagogue recherchée, ce qui l’a conduite à enseigner dans les plus prestigieuses universités des Etats-Unis, du Japon et dans tous les grands conservatoires d’Europe, elle aura fondé son enseignement sur les études musicologiques approfondies qu’elle n’aura eu de cesse d’effectuer dans les domaines de la littérature pour orgue et de l’interprétation des musiques ancienne, romantique et symphonique. Elle a également été chargée du Cycle de formation professionnelle pour organistes dans le cadre du Conservatoire de Région de Paris de 1994 à 2000, après avoir enseigné au Conservatoire de Région de Rueil-Malmaison de 1978 à 1994. En 1977, elle dirige la réfection des Grandes Orgues de la cathédrale Saint-Etienne de Bourges. Cette même année, elle fonde l’Académie Bach de Saint-Donat dans la Drôme où elle dispense des master-classes tous les étés sur l’orgue Schwenkedel jusqu’en 1991. Elle est aussi invitée permanente de l’Académie d’orgue de Romainmôtier en Suisse où elle dispense ses cours de 1991 à 2009 sur l’orgue restauré de la famille Alain. Elle était titulaire de l’orgue de l’église Saint-Louis de Saint-Germain-en-Laye, où elle avait succédé à son père. Au sein de son impressionnante discographie, citons les célèbres Intégrales Jean-Sébastien Bach (qu’elle enregistra trois fois), Dietrich Buxtehude, César Franck et Jehan Alain qui lui ont valu plus de quinze Grands Prix du Disque.

Née le 10 août 1926, Marie-Claire Alain est décédée le 26 février 2013. Elle avait renoncé à sa carrière d’interprète en 2010, après avoir donné plus de deux mille cinq cents récitals et concerts. Charles Chaynes lui avait dédié en 1966 son Concerto pour orgue. Sa connaissance incomparable de l’instrument l’avait conduite au sein de la Commission des orgues non protégées du ministère de la Culture de 1970 à 2009 et, à deux reprises, de la Commission supérieure des monuments historiques pour les orgues de 1966 à 1984 et de 1998 à 2006.

Bruno Serrou

1 commentaire:

  1. Une actualité qui m’attriste.
    J'ai beaucoup écouté, adoré cette grande interprète et elle m'a même, dans mon adolescence incité à me mettre quelques années à l'orgue, c'est dire...
    Par elle j'ai aussi découvert et adulé son frère Jehan mort très jeune à la guerre.
    Une grande interprète nous quitte.
    Merci à elle pour cette vie dédiée à la musique.

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