Paris. Maison de la Radio. Auditorium. Vendredi 26 mai 2023
Retour vendredi soir Marek Janowski,
qui, à quatre vingt quatre ans, reste tel qu’il était en 1984, année où je l’ai
rencontré et vu diriger pour la première fois l’Orchestre Philharmonique de
Radio France, dénommé à l’époque Nouvel Orchestre Philharmonique (NOP) : jamais
content, exigeant à l’excès, raide de tenue, avare en sourires, mais surtout
maître de son art, geste précis et souple, laissant les pupitres solistes
s’exprimer seuls…
Ce vendredi 26 mai, il retrouvait la
phalange qui acquit grâce à lui une qualité enviable durant ses mandats qui l’on
reconduit pendant seize ans, de 1984 à 2000 au poste de directeur musical, en
faisant le navire amiral des formations musicales de Radio France, devant l’Orchestre
National de France. Le programme qui lui était confié correspond précisément à
ceux dans lesquels il excelle, Mozart, qu’il dirigeait souvent, notamment
lorsque je travaillais Théâtre du Châtelet avec Paul-Yvon Kapp alors délégué
artistique du NOP, et Bruckner, dont il est un éminent connaisseur, à l’instar
de Richard Wagner et de Richard Strauss.
Deux compositeurs autrichiens donc à
l’affiche de ce concert dirigé par Marek Janowski. Créé à Vienne en 1786, le Concerto pour piano et orchestre n° 23 en la
majeur KV. 488 de Wolfgang Amadeus Mozart a confirmé la qualité d’écoute du
chef allemand pour le soliste, cette fois le Japonais Mao Fujita, vainqueur du
Concours Clara Haskil 2017, disciple de Kirill Gerstein à Berlin (voir http://brunoserrou.blogspot.com/2023/05/theatre-des-champs-elysees-christian.html)
qui, à vingt-cinq ans, a brillé par son toucher limpide et aérien, et
impressionne par la qualité de son chant dans l’Adagio central. En bis, Mao Fujita a donné un étincelant Prélude op. 12/7 "Harpe" de Serge Prokofiev.
Mais c’est dans l’ultime opus d’Anton Bruckner resté inachevé que l’on attendait le plus Marek Janowski. Car nombreux sont ceux qui savent combien le chef allemand excelle dans sa conception de l’univers du compositeur de Linz que le mode musical célèbrera le bicentenaire de la naissance l’année prochaine, particulièrement dans les trois mouvements complets de la Symphonie n° 9 en ré mineur A. 124, œuvre que Bruckner a dédiée « au bon Dieu », qui, sans doute très content de cette dédicace, rappela le compositeur auprès de Lui avant-même que l’œuvre fut terminée. Dans des tempos relativement serrés, la dynamique contrastée, puissante laissant respirer largement les longs crescendos de la partition, avec des plages de grande poésie, mais des cuivres un peu trop sonores, se répercutant sur le mur derrière eux (huit cors dont quatre alternant les Wagnertuben, tuba, trois trombones, trois trompettes), comprimant parfois le contrechant des cordes, mais un Scherzo aux sonorités flatteuses, tandis que l’immense ode funèbre qu’est l’Adagio, qui dépasse à lui seul les vingt-cinq minutes, a sonné avec une extrême solennité. Pourtant, à la fin du concert, le chef allemand ne semblait pas très épanoui…
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