Paris. Théâtre des Champs-Elysées. Mardi 26 novembre 2019
Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791), Le Nozze di Figaro. Robert Gleadow (Figaro), Anna Aglatova (Suzanne), Vannina Santoni (la Comtesse), Stéphane Dégout (le Comte). Photo : (c) Vincent Pontet
Après Cosi fan tutte en 2012 et Don Giovanni en 2016, le
Théâtre des Champs-Elysées confie à Jérémie Rohrer le premier volet de la
trilogie Mozart/Da Ponte, Les Noces de Figaro, animé par un
troisième metteur en scène, le célèbre réalisateur américain James Gray.
Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791), Le Nozze di Figaro. Robert Gleadow (Figaro), Anna Aglatova (Suzanne). Photo : (c) Vincent Pontet
En effet, après les metteurs en
scène de théâtre français Eric Genovèse (Cosi
fan tutte) et Stéphane Braunschweig (Don
Giovanni), c’est au cinéaste
new-yorkais James Gray, auteur notamment de Two
Lovers (2008), The Immigrant (2013),
The Lost City of Z (2016) et Ad Astra (2019), qu’a été
confié Les Noces de Figaro. C’est avec cet ouvrage que le
réalisateur américain fait ses débuts à l’opéra. C’est donc l’esprit vierge qu’il
propose une mise en scène traditionnelle, un peu trop littérale mais sobre et
fidèle au texte. La scénographie évocatrice de Santo Loquasto et les beaux
costumes du couturier Christian Lacroix situent l’action dans la Séville du début
du XVIIIe siècle de la pièce de Beaumarchais dont s’est inspiré Da
Ponte et qui répond aux attentes du public du théâtre de l’avenue Montaigne,
qui, pourtant, a été témoin de quelques huées peu audibles il est vrai qui
manifestaient le dépit de d’inconditionnels du cinéaste qu’ils ont jugés moins
moderne que dans ses films.
Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791), Le Nozze di Figaro. Eléonore Pancrazi (Chérubin), Vannina Santoni (la Comtesse). Photo : (c) Vincent Pontet
Abondant dans le sens de la mise en scène, la direction nerveuse et vive de
Jérémie Rohrer à la tête de son Cercle de l’Harmonie, ne laisse aucun répit, et
l’on ne s’ennuie pas une seconde à l’écoute du chef-d’œuvre de Mozart. L’effectif
des cordes donne ici une chair sonore onctueuse, qui instille sensualité et fluidité
(le pianofortiste est en costume XVIIIe et emperruqué). La fébrilité
instaurée par le chef dès les premières mesures de l’ouverture ne réprime pas
pour auant un nuancier particulièrement large au sein de l’orchestre.
Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791), Le Nozze di Figaro. Vannina Santoni (la Comtesse), Stéphane Dégout (le Comte). Photo : (c) Vincent Pontet
Mue par la direction d’acteur au
cordeau de James Gray, qui fait de chacun des personnages des êtres de chair et
de sang aux sentiments authentiques et spontanés, cette production est servie
par une distribution homogène qui se fond sans restriction au sein de la
dramaturgie. La soprano corse Vannina Santoni campe une Comtesse mélancolique
et solitaire singulièrement humaine et complexe, s’appuyant sur une voix
lumineuse et brûlante. Face à elle, un Comte de grande classe, à la fois noble,
fragile et impulsif du baryton lyonnais Stéphane Dégout, suprêmement
chantant, doué d’un timbre rutilant et noir. Le baryton-basse canadien Robert
Gleadow, voix sombre et pleine, est un Figaro jaillissant et impulsif, et la
soprano russe Anna Aglatova, Suzanne à la voix large et charnue, s’échauffe peu à peu pour atteindre sa plénitude vocale
dans Deh veni. Eléonore Pancrazi est un Chérubin un peu éteint, mais elle
finit par s’imposer dans l’acte final. La production est également marquée par
la Marceline joviale de Jennifer Larmore, et par la pimpante Barberine de
Florie Valiquette.
Bruno Serrou
Jusqu’au 8 décembre. Rés. :
01.49.52.50.50. www.theatrechampselysees.fr.
Le spectacle est diffusé dans les cinémas MK2 le 6 décembre 2019, sur France 5 le 14 décembre à 22h30 et sur France
Musique le 28 décembre 2019 à 20h
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