Phoito : (c) Bruno Serrou
Depuis treize ans, le compositeur Marc Monnet dirige avec enthousiasme et conviction pédagogique l’un des festivals les
plus originaux et les plus courus, le Printemps des Arts de Monaco, cela avec l’indéfectible
soutien de la Princesse de Hanovre
La Principauté de Monaco vue d'avion. Photo : (c) Bruno Serrou
Conformément à la politique
artistique établie par Marc Monnet depuis sa nomination à la direction du
Printemps des Arts en 2003, l’édition 2018 embrasse l’histoire de la musique
dans sa globalité, des origines à nos jours, avec plusieurs créations. Le compositeur
se plaît à relever le défi d’élaborer chaque année de
nouvelles thématiques, mais aussi de nouvelles façons de donner concerts et
spectacles, comme la participation d’un mime acrobate à des œuvres d’écoute
exigeante mais rendues ainsi accessibles au grand public, des associations
originales de styles et d’époques dans un même contexte, comme la mise en
regard de l’Autrichien Mozart (1756-1791) et les musiques américaines,
particulièrement Charles Ives (1874-1954), deux compositeurs programmés pour la
première fois dans le cadre de la manifestation monégasque.
Le concert du Choeur de la Radio lettone au Musée océanographique. Photo : (c) Bruno Serrou
La diversité du public est
toujours plus large, et l’on ne peut que se féliciter en un tel lieu du succès
d’une programmation consistante dont l’un des axes est la musique
contemporaine, jouée dans les ors princiers retrouvant ainsi le temps où la
musique naissait dans les palais. « En treize ans, ce
sont soixante-cinq commandes et créations auxquelles le public du festival a eu
accès, se félicite Monnet. Mais, tempère-t-il, la création n’est qu’un aspect
du Printemps des Arts. Ce qui en fait sa spécificité, ce sont ses axes qui
changent à chaque édition. J’aime en effet créer la surprise, renouveler le
propos. Programmer et composer résultent pour moi d’une même réflexion. »
Hall de l'Auditorium Rainier III. Photo : (c) Bruno Serrou
Le deuxième
week-end du festival monégasque a permis de découvrir deux œuvres, l’une en
première européenne, l’autre en création mondiale. Comme tout concert de cette
édition, l’une des quatorze Sequenze de
Luciano Berio (1925-2003), a ouvert celui du Chœur de la Radio lettone au Musée
océanographique, avec l’excellente Aurélie Bouchard, qui a joué avec suavité l’envoûtante
Sequenza II pour harpe. Référence de
la grande tradition chorale balte, le Chœur de la Radio lettone a révélé une
œuvre singulière aux effectifs étonnants de Charles Ives, Le Pays céleste pour ténor, baryton, deux quatuors vocaux, chœur
mixte, orgue et ensemble instrumental. Auditorium Rainier III, une exceptionnelle
Ieva Sruogyté s’est imposée dans la Sequenza
VI pour alto de Berio, somptueux prélude pour l’excellente prestation de
l’Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo dans la création d’Eclair physionomique, fantaisie symphonique après Paul Klee d’Eric
Montalbetti (né en 1968), scintillant de couleurs aux éclats hérités de
Messiaen et de Dutilleux, suivi de la brahmsienne Symphonie n° 1 en ré mineur d’Ives qui rend aussi hommage à Dvorak
dans le deuxième mouvement, empruntant le cor anglais solo au mouvement lent de la Syphonie n° 9 Du Nouveau Monde.
Bruno Serrou
Jusqu’au 8/04 et 4 ballets 26-29/04. Rés. :
(+377) 93.25.58.04. www.printempsdesarts.com.
Le Printemps des Arts publie 2 CD, le Makrokosmos
de George Crumb par le pianiste Stéphanos Thomopoulos, et des œuvres pour
orchestre de Miroslav Srnka, Francesco Filidei et Ramon Lazkano par l’Orchestre
Philharmonique de Monte-Carlo, Mario Caroli (flûte) et Pierre-André Valade
(direction) (UVM Distribution)
Article paru dans le quotidien La Croix daté samedi 31 mars-dimanche 1er avril 2018
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire