dimanche 1 avril 2018

Printemps des Arts de Monaco : découvertes

Phoito : (c) Bruno Serrou

Depuis treize ans, le compositeur Marc Monnet dirige avec enthousiasme et conviction pédagogique l’un des festivals les plus originaux et les plus courus, le Printemps des Arts de Monaco, cela avec l’indéfectible soutien de la Princesse de Hanovre

La Principauté de Monaco vue d'avion. Photo : (c) Bruno Serrou

Conformément à la politique artistique établie par Marc Monnet depuis sa nomination à la direction du Printemps des Arts en 2003, l’édition 2018 embrasse l’histoire de la musique dans sa globalité, des origines à nos jours, avec plusieurs créations. Le compositeur se plaît à relever le défi d’élaborer chaque année de nouvelles thématiques, mais aussi de nouvelles façons de donner concerts et spectacles, comme la participation d’un mime acrobate à des œuvres d’écoute exigeante mais rendues ainsi accessibles au grand public, des associations originales de styles et d’époques dans un même contexte, comme la mise en regard de l’Autrichien Mozart (1756-1791) et les musiques américaines, particulièrement Charles Ives (1874-1954), deux compositeurs programmés pour la première fois dans le cadre de la manifestation monégasque.

Le concert du Choeur de la Radio lettone au Musée océanographique. Photo : (c) Bruno Serrou

La diversité du public est toujours plus large, et l’on ne peut que se féliciter en un tel lieu du succès d’une programmation consistante dont l’un des axes est la musique contemporaine, jouée dans les ors princiers retrouvant ainsi le temps où la musique naissait dans les palais. « En treize ans, ce sont soixante-cinq commandes et créations auxquelles le public du festival a eu accès, se félicite Monnet. Mais, tempère-t-il, la création n’est qu’un aspect du Printemps des Arts. Ce qui en fait sa spécificité, ce sont ses axes qui changent à chaque édition. J’aime en effet créer la surprise, renouveler le propos. Programmer et composer résultent pour moi d’une même réflexion. »

Hall de l'Auditorium Rainier III. Photo : (c) Bruno Serrou

Le deuxième week-end du festival monégasque a permis de découvrir deux œuvres, l’une en première européenne, l’autre en création mondiale. Comme tout concert de cette édition, l’une des quatorze Sequenze de Luciano Berio (1925-2003), a ouvert celui du Chœur de la Radio lettone au Musée océanographique, avec l’excellente Aurélie Bouchard, qui a joué avec suavité l’envoûtante Sequenza II pour harpe. Référence de la grande tradition chorale balte, le Chœur de la Radio lettone a révélé une œuvre singulière aux effectifs étonnants de Charles Ives, Le Pays céleste pour ténor, baryton, deux quatuors vocaux, chœur mixte, orgue et ensemble instrumental. Auditorium Rainier III, une exceptionnelle Ieva Sruogyté s’est imposée dans la Sequenza VI pour alto de Berio, somptueux prélude pour l’excellente prestation de l’Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo dans la création d’Eclair physionomique, fantaisie symphonique après Paul Klee d’Eric Montalbetti (né en 1968), scintillant de couleurs aux éclats hérités de Messiaen et de Dutilleux, suivi de la brahmsienne Symphonie n° 1 en ré mineur d’Ives qui rend aussi hommage à Dvorak dans le deuxième mouvement, empruntant le cor anglais solo au mouvement lent de la Syphonie n° 9 Du Nouveau Monde.

Bruno Serrou


Jusqu’au 8/04 et 4 ballets 26-29/04. Rés. : (+377) 93.25.58.04. www.printempsdesarts.com. Le Printemps des Arts publie 2 CD, le Makrokosmos de George Crumb par le pianiste Stéphanos Thomopoulos, et des œuvres pour orchestre de Miroslav Srnka, Francesco Filidei et Ramon Lazkano par l’Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo, Mario Caroli (flûte) et Pierre-André Valade (direction) (UVM Distribution)

Article paru dans le quotidien La Croix daté samedi 31 mars-dimanche 1er avril 2018

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