mardi 17 juin 2025

Alfred Brendel est mort... L'immense pianiste autrichien s'est éteint à Londres mardi 17 juin 2025

Alfred Brendel (1931-2025)
Photo : DR

Disparition d’un Géant, artiste incomparable, Alfred Brendel est mort ! Il avait 94 ans… Perte irreparable d’un artiste incomparable, d’une force intellectuelle sans équivalent, philosophe, poète, essayiste, doué d’un sens de l’humour contagieux, professeur couru, il avait remis plusieurs fois sur le métier ses œuvres de prédilection. Élève d’Edwin Fischer, né en Moravie le 5 janvier 1931, il excellait dans Bach, Haydn, Beethoven, Schubert, Schumann, Liszt, Brahms, Busoni, Schönberg, il avait eu pour élèves entre autres Till Fell’er, Anne Queffélec… Il est mort ce 17 juin 2025 à Londres

Il était le dernier des géants du piano de sa génération. Sans doute le plus polymorphe car artiste complet, non seulement comme pianiste, musicien, musicologue, pédagogue, mais aussi comme peintre, comme écrivain et comme poète. Luciano Berio (1925-2003), dont le monde de la musique s'apprête à célébrer le centenaire de la naissance, utilise l'un de ses poèmes dans son oeuvre ultime, la cantate Stanze créée par Dietrich Fischer-Dieskau - autre centenaire et proche de Brendel -, trois petits choeurs d'hommes de l'Armée Française et Orchestre de Paris dirigés par Christoph Eschenbach en janvier 2004. 


 Till Fellner, son élève, avril 1998 :

« Alfred Brendel essaie toujours d’approcher les œuvres du point de vue du compositeur, il se demande toujours “qu’est-ce que le compositeur a voulu dire avec son œuvre, comment l’œuvre est construite et l’interprète sert l’œuvre. Mais si on regarde très clairement même des morceaux très connus, le résultat est souvent complètement différent de ce que font les autres pianistes, alors même qu’il n’a pas pour objectif premier de se démarquer de ses confrères, contrairement à Glenn Gould, par exemple. »  

Hélène Grimaud, 17 mars 1997 :

« Un jour que je me produisais avec l’Orchestre Symphonique de la Radio bavaroise, un collaborateur de la Herkulensaal, résidence de l’orchestre qui, comme toujours en Allemagne, dispose en permanence de trois excellents pianos, me proposa d’essayer celui réservé à Alfred Brendel. Bien que j’aie toujours eu la chance à Munich de disposer d’un piano magnifique, cette fois je touchais un instrument d’un niveau que je n’avais jamais imaginé, un piano sur lequel on finissait son récital aussi frais qu’avant de le commencer, au point de pouvoir le refaire immédiatement. Tout sortait si facilement... C’était un piano qui avait une rondeur de son, un volume incroyables. Lorsque l’on suggérait une couleur, elle était perceptible, alors que c’est très souvent l’inverse, c’est-à-dire que l’on croit faire quelque chose qui, en fait, ne se passe pas tout à fait. Cet instrument était absolument extraordinaire. Je ne veux pas dire que les interprètes n’ont pas de mérite à bien jouer quand ils bénéficient de tels instruments, mais presque. En fait, il était réglé pour Brendel et en fonction de lui… »

 

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