vendredi 19 août 2022

CD : Elsa Grether et David Lively proposent une féerique intégrale de l’œuvre pour violon et piano de Maurice Ravel


Pour son cinquième CD à paraître le 9 septembre 2022, Elsa Grether a porté son dévolu sur l’œuvre pour violon et piano de Maurice Ravel. La violoniste alsacienne forme ici un duo avec le pianiste français d’origine états-unienne David Lively, avec qui elle a déjà gravé un disque Prokofiev. Ensemble ils sont allés au-delà de la pensée du compositeur basque en ajoutant en premiers enregistrements mondiaux deux arrangements apocryphes d’originaux ravéliens mais adaptés par des mains étrangères.

En 1928, Maurice Ravel décrétait à qui voulait l’entendre que le violon et le piano sont à ses oreilles des instruments « essentiellement incompatibles »… Pourtant - ou est-ce en raison de cette expérience -, à cette date, il a déjà composé pour ce duo deux Sonates - celle de 1898 ne sera publiée qu’à titre posthume, la seconde réclamant cinq ans de genèse (1922-1927) -, Tzigane (1922-1924), ainsi que la splendide Berceuse sur le nom de Gabriel Fauré (1922). Elsa Grether et David Lively ont enregistré la totalité des œuvres que Ravel a composées pour cet effectif, y associant en outre des arrangements de la Pièce en forme de Habanera (1907) par Théodore Doney (1921), et deux Mélodies hébraïques de 1914 (Kaddisch arrangé par Lucien Garban en 1924, et L’énigme éternelle), ainsi que deux premières mondiales, un arrangement que Gustave Samazeuilh réalisa en 1932 de l’Adagio assai du Concerto pour piano en sol majeur composé un an plus tôt, et une transcription de 1931 d’André Asselin du malicieux Five O’Clock Foxtrot tiré de l’opéra L’Enfant et les Sortilèges de 1925.

Enregistré dans l’excellente acoustique de la salle Flagey à Bruxelles, ce disque d’Elsa Grether et David Lively est pur ravissement, cela dès la première écoute l’envie d’y revenir est prégnante. Sensible, introspectif, méditatif, lumineux, empli d’une prégnante et authentique émotion, il offre l’une des plus éblouissantes interprétations de cette part de l’œuvre de Ravel, et il ne fait pas de doute qu’à son audition l’auteur de se serait dédit sur le champ de son jugement qu’il jugerait à n’en point douter comme injustifié.

 Bruno Serrou

1 CD APARTE AP295. Enregistré en décembre 2021. 1h08mn. (apartemusic.com, Integral Distribution)


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