Paris. Théâtre des Champs-Elysées. Mercredi 10 novembre 2021
Adapté par le compositeur et Constantin Chilovski du roman éponyme d’Alexandre Pouchkine, Eugène Onéguine de Piotr Illitch Tchaïkovski est l’un des opéras les plus populaires du répertoire. Pourtant, il y a longtemps qu’il n’était pas réapparu sur une scène lyrique parisienne. C’est dire combien son retour était attendu.
De cette histoire au romantisme exacerbé, Stéphane Braunschweig tire sans jamais en trahir l’essence une action de toute éternité, celle d’un héros (Onéguine) sans but et d’un égoïsme indifférent à tout ce qui l’entoure, à commencer par l’amour d’une jeune fille (Tatiana), se plaît à susciter la jalousie de son meilleur ami (Lenski) qu’il pousse au duel en charmant lourdement sa fiancée (Olga) et qu’il tue, mais finira par regretter d’avoir rejeté la femme qui l’aimait et qui a fini par épouser un prince (Grémine) sans pour autant l’oublier, et à qui il essaye vainement de l’arracher…
Piotr Ilitch Tchaïkovski (1840-1893), Eugène Onéguine. Photo : (c) Théâtre des Champs-ElyséesDans sa scénographie quasi nue plus symboliste que réaliste, permettant une grande liberté dans l’espace pour le développement de l’action, qui s’exprime sur la totalité du plateau du Théâtre des Champs-Elysées parfois resserrée par un cadre mural rectangulaire à trois côté orné de deux jeux de deux fois trente chaises, de tables de casino et d’une chambre s’y intégrant par le dessous de scène, un décor uniformément blanc, ornementé par les seuls tissus colorés des élégants costumes de Thibault Vancraenenbroeck, Stéphane Braunschweig, en véritable homme de théâtre, sait ce que direction d’acteur signifie. Il donne en effet à chacun de ses protagonistes une humanité et une authenticité remarquable, y compris dans les chœurs, qu’il sait faire bouger comme trop peu de metteurs en scène d’opéra, jusqu’à les faire danser avec art. Braunschweig a réussi cette gageure dans un opéra pourtant réputé réfractaire au théâtre, remarquablement servi il est vrai par la cohésion totale entre solistes, chœur et orchestre.
Piotr Ilitch Tchaïkovski (1840-1893), Eugène Onéguine. Photo : (c) Théâtre des Champs-Elysées
Bruno
Serrou
Jusqu’au
19 novembre. Coproduction du Théâtre des Champs-Elysées et de l’Opéra National
de Bordeaux, cet Eugène Onéguine sera bientôt repris dans la
capitale aquitaine
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire