La Roque d'Anthéron. Le plateau et la coque acoustique du Parc du château de Florans. Photo : (c) Bruno Serrou
La Roque d’Anthéron, Lambesc (Bouches-du-Rhône). Festival international
de piano. Parc du château de Florans de La Roque d’Anthéron. Parvis de l’église Notre-Dame
de l’Assomption de Lambesc. Mercredi 8 et jeudi 9 juillet 2018.
La Roque d'Anthéron. Avant-concert sous les séquoïas du Parc du château de Florans. Photo : (c) Bruno Serrou
Si la canicule ne contrarie pas mélomanes et musiciens, il n’en est pas
de même lorsque les orages, qui ramènent certes la fraîcheur, conduisent à
l’annulation de concerts qui se déroulent tous en plein air
La Roque d'Anthéron. Parc du château de Florans. Photo : (c) Bruno Serrou
En vingt-cinq ans de festival,
c’est la première fois que le commentateur de la vie musicale que je suis ait
eu à subir des intempéries à La Roque d’Anthéron. En effet, la célèbre
manifestation pianistique provençale, que la bonne étoile a pour habitude de
protéger des intempéries, a été contrainte d’annuler une journée entière
d’activité après deux semaines de canicule.
Photo : (c) Bruno Serrou
Considérant la programmation à flux
tendu jusqu’à la fin de cette trente-huitième édition, il n’était
malheureusement pas question de report, en dépit de la présence des artistes,
qui n’ont pas même eu le loisir de répéter in
situ. La soirée était donnée à guichets fermés, car il s’agissait de rien
de moins que de l’immense pianiste allemand Lars Vogt, qui jouait et dirigeait
deux concertos de Beethoven, dont « l’Empereur »,
ainsi que la Symphonie n° 4…
Lambesc (Bouches-du-Rhône). Photo : (c) Bruno Serrou
Il faut dire que, si la majorité
des concerts continue à se tenir dans ce lieu désormais mythique qu’est le Parc
du château de Florans dont la coque de bois a été agrandie et l’acoustique
grandement améliorée en 2007, grâce à une organisation sans défaut, le Festival
de La Roque d’Anthéron présente de plus en plus de concerts hors les murs, comme
cette nuit du piano proposée sur le parvis de l’église Notre-Dame de
l’Assomption de Lambesc.
Lambesc, le parvi de l'église Notre-Dame de l'Assomption. Photo : (c) Bruno Serrou
Devant le succès des fameuses
« Nuits du piano », la formule se développe désormais loin du parc de
Florens. Ainsi la « Nuit Liszt », qui a réuni deux jeunes pianistes
français déjà consacrés par la critique pour leurs indéniables qualités musicales,
s’est-elle déroulée au centre du charmant village de Lambesc, à une quinzaine
de kilomètres de La Roque, sur le parvis de l’église Notre-Dame de l’Assomption
qui fleure bon l’architecture toscane.
Nathanaël Gouin. Photo : (c) Bruno Serrou
Nathanaël Gouin, qui fait partie des
pianistes soutenus par René Martin, directeur du Festival de La Roque
d’Anthéron, a présenté un programme athlétique et profond, avec lequel il a
imposé sa technique imparable avec l’assurance d’un grand du clavier, amenuisé
par une narration un peu trop linéaire et manquant d’émotion. Ce qui est
regrettable avec les œuvres choisies, les quatre Valses oubliées, la dernière étant donnée en bis et révélant le
meilleur du pianiste, la Rhapsodie espagnole et, surtout, la fabuleuse Sonate en si mineur, sommet du
romantisme en forme de poème symphonique, jouée avec une technique
irréprochable mais manquant d’unité.
Tanguy de Williancourt. Photo : (c) Bruno Serrou
Ce qui n’a pas été le cas de Tanguy de
Williancourt, qui allie à sa technique parfaite une musicalité de bon aloi.
Ainsi, sa conception de la première des Années
de Pèlerinage est-elle apparue comme une suite de saynètes d’un onirisme
saisissant, et d’une unité présentant les neuf volets comme autant d’étapes
d’un voyage mystique conclu par une Bénédiction
de Dieu dans la solitude qui a atteint une force et une authenticité
vivifiantes, tandis qu’en bis c’est avec l’une des transcriptions de Tannhäuser de Wagner que le brillant artiste
a conclu son récital.
Jonathan Fournel. Photo : (c) Bruno Serrou
Auparavant, dans l’après-midi,
dans un Parc du château de Florans brûlé par le soleil, la prestation de Jonathan Fournel
a indéniablement été victime de la canicule, sa Sonate n° 3 de Brahms s’étirant en longueur et sans aspérités, à
l’instar du Scherzo n° 3 et de la Ballade n° 4 de Chopin, plus concentrés
néanmoins. Mais c’est dans les bis que le talent du jeune pianiste français
s’est illustré, avec Jésus que ma joie
demeure de Bach et un extrait d’une Sonate
pour flûte du cantor transcrite pour le piano par Wilhelm Kempff.
Bruno Serrou
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire