Festival de La Chaise Dieu. Abbatiale Saint-Robert pendant le concert du Cercle de l'Harmonie. Photo : (c) Bertrand Pichene FLCD
Dans ce lieu improbable de moins de sept-cents âmes, l’un des festivals les
plus courus de France de la seconde moitié du mois d’août a ouvert samedi
devant une foule de fidèles mâtinés de néophytes dans la splendide abbatiale
Saint-Robert à 1082 mètres d’altitude
Le parvis de l'abbatiale Saint-Robert lors de la fanfare d'ouverture du Festival de La Chaise-Dieu 2018. Photo : (c) Bruno Serrou
Sous l’impulsion de son jeune
directeur, Julien Caron, qui, depuis sa nomination, a créé une académie pour
quatuors à cordes, clavecinistes et chefs de chœur, et qui développe une action
pédagogique tout au long de l’année en milieu rural, le festival de La Chaise
Dieu prend de plus en plus d’opulence. C’est avec un grand oratorio de Haendel
« romantisé » par Mendelssohn, Israël
en Egypte, qu’a été lancée la cinquante-deuxième édition du Festival de La
Chaise Dieu. Une interprétation de tout premier plan, car, comme c’est le cas
depuis 1967, la manifestation de la Haute-Loire invite les plus grands noms de
la musique baroque.
Festival de La Chaise Dieu. Abbatiale Saint-Robert. Robert King et le King's Consort. Photo : (c) Bertrand Pichene FLCD
Cette fois, ce sont le remarquable ensemble britannique The
King’s Consort et son directeur musical fondateur Robert King qui ont lancé les
festivités. Robert King, chef d’orchestre claveciniste, musicologue, éditeur, a
choisi de donner l’oratorio que Haendel écrivit à Londres sur un texte anglais
en 1739 dans sa version revisitée en 1833 par un Mendelssohn de 24 ans qui
réorchestra (les bois remplaçant l’orgue, entre autres), et traduisit en
allemand ce qu’il restait alors de l’œuvre dont il sera retrouvé plus tard
plusieurs parties, notamment l’ouverture, qui est ici du pur Mendelssohn. Ce
choix peut paraître extravagant de la part du spécialiste de l’authenticité du
XVIIIe siècle qu’est Robert King. Œuvre d’un Allemand exilé en
Angleterre remise à jour par un autre Allemand séjournant régulièrement à
Londres, cette version de l’oratorio a été retrouvée par Robert King dans
divers sites universitaires britanniques où les manuscrits avaient été
dispersés. Outre l’orchestration, ce qui prime et impressionne le plus dans
cette partition est la prédominance du chœur, qui, souvent divisé en huit parties,
fait avancer l’action et relève du tour de force.
Jérémy Rohrer et le Cercle de l'Harmonie. Festival de La Chaise Dieu, Abbatiale Saint-Robert. Photo : (c) Bertrand Pichene FLCD
Dans cette même abbatiale,
Jérémy Rohrer et son Cercle de l’Harmonie renforcé par la Vokalakademie Berlin ont
donné avec une grande profondeur spirituelle deux œuvres méconnues de deux
immenses compositeurs, le Stabat Mater de Schubert et Christ au mont des Oliviers de
Beethoven, avec un Jean-Sébastien Bou en très grande forme.
Le Quatuor Takacs. Festival de La Chaise Dieu, Auditorium György Cziffra. Photo : (c) Bertrand Pichene FLCD
Outre l’abbatiale, le Festival de
La Chaise Dieu se déploie en divers lieux. Ainsi, depuis 2010, un auditorium en
bois flambant neuf est dédié à la musique de chambre portant le nom du
fondateur de la manifestation, le pianiste hongrois György Cziffra.
D’autres Hongrois, ceux du Quatuor Takacs, y ont donné un concert d’une densité
et d’une force saisissante, avec notamment le Quatuor à cordes n° 2 du Hongrois Ernö Dohnanyi don l’inspiration
se situe entre Brahms et Bartók.
Festival de La Chaise Dieu. La cathédrale Notre-Dame du Puy-en-Velay pendant le concert du King's Consort Choir. Photo : (c) Bruno Serrou
Autre lieu investi cette fois par
le King’s Consort Choir, la cathédrale Sainte-Marie du Puy-en-Velay, point de
départ de l’un des chemins de Compostelle les plus fréquentés, avec plus de
trois cents pèlerins par jour de mai à octobre. Une suite de pièces chorales
spirituelles anglaises des XIXe et XXe siècles de
compositeurs inconnus en France, à l’exception de William Walton, mais d’un
onirisme et d’une spiritualité troublante.
Il conviendra aux amateurs d’œuvres
d’art de se rendre au prochain festival de La Chaise-Dieu, qui verra le
retour des tapisseries médiévales absentes depuis plusieurs années pour cause
de restauration et au milieu desquelles des concerts seront proposés au public.
Bruno Serrou
Jusqu’au 28/08. Rés. :
04.71.00.01.16. www.chaise-dieu.com
Article paru pour l’essentiel dans le quotidien La Croix mardi 21 août 2018
Heureux de voir que le festival se porte bien avec toujours une belle programmation.
RépondreSupprimerBravo et bonne continuation.
Un luthier à bordeaux