Deauville
(Calvados), Festival de Pâques de Deauville, Salle Elie de Brignac, samedi 18
et dimanche 19 avril 2015
Photo : (c) Bruno Serrou
Le Festival de Pâques de Deauville (1), qui, dans la
perspective de sa vingtième édition l’an prochain, lance une collection de
disques publiés par un nouveau label émanation de l’ensemble Le Balcon (d’où le
« B ») (2), a révélé en dix-huit ans grand nombre de jeunes
musiciens, dont plusieurs chefs et orchestres, ces derniers dans le cadre de
l’Atelier de musique, qu’ils soient baroques, classiques ou modernes. Après le
Cercle de l’Harmonie de Jérémie Rohrer, Le Balcon de Maxime Pascal, les Ensembles Orfeo55, Pygmalion,
Initium, les Cris de Paris, Vocal Aedes, les Quatuors Eben, Ardeo, Hermès,
Zaïde, les Trios Karénine, Dali, etc., la manifestation accueille cette fois une formation
vouée au répertoire des XXe et XXIe siècles, le Secession
Orchestra.
Irina de Baghy (mezzo-soprano), Clément Mao-Takacs et le Secession Orchestra. Photo : (c) Bruno Serrou
Cet orchestre jouant sur instruments modernes a ouvert
le week-end dernier l’édition 2015 de la manifestation. Secession Orchestra,
qui renvoie à la Sécession viennoise (1892-1906), mouvement artistique qui
compte parmi ses figures de proue le peintre Gustav Klimt et l’architecte Otto
Wagner, tandis que, côté musique, Gustav Mahler et le représentant emblématique,
son nom trahit ses objectifs. Cette formation d’une quarantaine de musiciens
est placée sous la direction musicale et artistique de Clément Mao-Takacs, qui
l’a fondé voilà quatre ans. Né à Paris en 1980, ce jeune chef français aux
origines bretonnes et Mittle-Europa est lauréat du festival de Bayreuth et du
prix Jeune Talent de la fondation Del Duca de l’Institut de France.
« Tandis que mon contrat de chef assistant à l’Opéra de Rome touchait à sa
fin, j’ai eu l’idée de recruter sur audition des musiciens qui sortaient du
Conservatoire National de Musique et de Danse de Paris, se souvient Mao-Takacs.
La cohésion s’est faite à force de travail, et les liens d’amitié se sont
forgés peu à peu. Nous organisons autant de répétitions que nécessaire, sans
autre limites que l’accomplissement d’un ensemble de musique de chambre. »
Basé à Paris, donnant soixante concerts par an à travers l’Europe, le Secession
Orchestra est une formation à géométrie variable fondée sur un noyau de
trente-cinq musiciens.
Clément Mao-Takacs et le Secession Orchestra. Photo : (c) Claude Doaré
A Deauville, dans une salle peu garnie mais à
l’écoute, ce sont des arrangements pour ensembles d’œuvres à gros effectifs qui
ont été retenus. Ainsi, la Passacaille
Op. 1 d’Anton Webern superbement arrangée par Henri Pousseur, et la Symphonie n° 1 « Titan » de Gustav
Mahler transcrite par Klaus Simon (remplaçant les timbales par un piano et des
timbres manquant par un accordéon) à la demande d’Universal Edition de Vienne
se sont imposées par leur transparence mettant en avant la diversité des voix
instrumentales tout en préservant la richesse des timbres et des dynamiques,
tandis que les musiciens, à découvert, ont vaillamment relevé les défis suscités
par des textures plus aérées. La mezzo-soprano canadienne Irina de Baghi a
donné une vibrante interprétation des Wesendonck
Lieder.
Ensemble Messiaen. Photo : (c) Claude Daoré
Autre concert, celui de l’Ensemble Messiaen. Cette
formation qui réunit le clarinettiste Raphaël Sévère, le violoniste David Petrlick,
le violoncelliste Volodia Van Keulen et le pianiste Théo Fouchenneret, a donné
du Quatuor pour la fin du temps (1940-1941)
du compositeur dont il porte le nom une interprétation encore un peu timorée
mais porteuse de promesses. En ouverture de ce concert, le clarinettiste, le
violoniste et le violoncelliste, associés à Verena Chen (violon), Adrien
Boisseau (alto) et Guillaume Vincent (piano), ont mis en exergue le classicisme
de l’écriture et de l’inspiration d’Im
Fremden Land pour clarinette, quatuor à cordes et piano (2002) de Philippe
Hersant dont la genèse paraît être de trente ans antérieure à celle du quatuor de
Messiaen.
Bruno Serrou
2) B Records (distribution Naïve) : 1 CD Leoš Janáček
(Quatuor à cordes n° 2 « Lettres
intimes », Pohadka pour
violoncelle et piano, Concertino pour
piano, deux violons, alto, clarinette, cor et basson) LBM 001, et 1 CD Félix
Mendelssohn-Bartholdy (Quatuor à cordes
n° 3 op. 3, Sextuor op. 110) LBM
003.
Article en partie paru dans le quotidien La Croix le 25 avril 2015
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire