Tandis
que les fondations d’entreprises ont de plus en plus tendance à se tourner vers
l’événementiel ou l’humanitaire pour conforter l’image les sociétés dont elles
sont l’émanation, il convient de saluer l’initiative
du réseau Banques Populaires, qui, à l’instar de la Société Générale ou de BNP-Paribas, a opté pour la diversité de son mécénat, portant notamment son attention sur
la musique. Fondation d’Entreprise Banque Populaire a pour sa part choisi de
soutenir les musiciens à l’orée de leur carrière. Ce qu’elle fait depuis 1992…
Ainsi,
depuis vingt-et-un ans, jeunes instrumentistes et compositeurs bénéficient du
soutien de cette fondation dans la préparation et les épreuves des concours
internationaux, le suivi de master classes et de cours de perfectionnement, d’aides
à l’enregistrement d’un premier disque et à la création d’une œuvre, mais aussi
pour se faire connaître du grand public à travers concerts et festivals. Ainsi,
la Fondation a accompagné depuis 1992 cent-quatre-vingt-seize instrumentistes
et vingt-et-un compositeurs…
Jardins de Bagatelle. Photo : (c) Bruno Serrou (23/05/2010)
Pour
la sixième édition des Musicales de Bagatelle, qui se déroulent chaque année
le pont de Pentecôte au cœur du bois de Boulogne à Paris, plusieurs jeunes
talents ont été parrainés par un aîné, lui-même ancien bénéficiaire du soutien
de la Fondation. Un long week-end de musique durant, à raison de deux concerts
par jour, le festival 2013 a été fort fréquenté, malgré les pluies diluviennes
qui se sont abattues sur Paris. Il a fallu de ce fait avoir l’amour de la
musique et l’envie de la découverte bien accrochés pour se rendre dans les beaux
Jardins de Bagatelle gorgés d’eau, qu’il était donc impossible d’arpenter entre
deux concerts, à moins de prendre le risque d’y perdre ses chaussures et d’attraper
un gros rhume. Quant aux paons et leur plumage coloré, ils se sont faits fort
discrets cette année.
Un paon des Jardins de Bagatelle. Photo : (c) Bruno Serrou (23/05/2010)
Le
second concert de dimanche était parrainé par le pianiste Jonas Vitaud. A
trente-trois ans, ce disciple de Brigitte Engerer, Jean Koerner et Christian
Ivaldi est déjà célébré dans le monde entier, se produisant à travers l’Europe
et jusqu’en Chine. Il a ouvert le programme sur quatre des Romances sans paroles de Félix Mendelssohn-Bartholdy suivies de
quatre des Pièces lyriques poétiques
et fantasques d’Edvard Grieg, jouant avec une précision de bon aloi. Mais il a
eu du mal à entrer dans son récital, les deux premières pièces étant roides et
distantes, puis s’est fait plus onirique et inventif par la suite.
Jardins de Bagatelle. Photo : (c) Bruno Serrou (23/05/2010)
Super-soliste
de l’Orchestre Philharmonique de Radio France, chambriste reconnu, Amaury
Coeytaux a partagé la Sonate n° 5 pour
violon et piano en fa majeur op. 24 « Printemps » de Beethoven
avec le pianiste Antoine Golée. Loin de la belle entente de Stéphanie-Marie
Degand et Michaël Levinas Salle Gaveau le 9 avril dernier (voir http://brunoserrou.blogspot.fr/2013/04/stephanie-marie-degand-et-michael.html), les deux
jeunes musiciens n’ont pas réussi à trouver l’entente et l’écoute réciproque
que requiert cette partition guillerette et avenante, le piano couvrant trop
souvent le violon, le pianiste en faisant des tonnes dans les mimiques, son toucher
et ses attaques s’avérant raides, tandis que l’instrument à cordes était
étonnamment sec et gras, surtout considérant la qualité du violonn un
Guadagnini de 1773, qui, peut-être, n’a pas apprécié le taux d’hydrométrie exceptionnellement
élevé qui enveloppait l’Orangerie de Bagatelle.
L'Orangerie des Jardins de Bagatelle. Photo : DR
Elève
au Conservatoire de Paris de Nicholas Angelich, Christian Ivaldi et Alain
Meunier, Bordelais vivant entre Paris et New York, où il se produit avec les
plus grands chambristes actuels, Vincent Balse a donné une Sonate pour piano n° 14 en ut dièse mineur op. 27/2 « Clair de
lune » au ton neutre,
techniquement parfaite mais sans direction ni cheminement clairement
identifiables, n’excellant que dans le Presto
agitato final, mais sans vraiment se livrer, laissant ainsi l’auditeur sur sa faim quant à son indubitable
potentiel.
Quatuor Anches Hantées. Photo : DR
Le
concert s’est conclu sur la prestation d’un remarquable ensemble de clarinettes,
le Quatuor Anches Hantées constitué de Romain Millaud, Elise Marre (à la
clarinette basse), Nicolas Châtelain et Bertrand Hainaut. Les deux œuvres présentées
étaient des arrangements et transcriptions qui avaient tout pour séduire un
public familial, sonnant telle de la musique de kiosque. Une œuvre de
circonstance, sous cette pluie digne d’un mois de novembre, Crisantemi de Giacomo Puccini
originellement destinée aux cordes, et la Valse
de la Mascarade d’Aram Khatchatourian… Je dois avouer que, à l’écoute de
cet ensemble, mon esprit s’est mis à imaginer ces authentiques musiciens dans
un programme plus ambitieux et téméraire, et le plaisir qu’auraient nombre de
compositeurs à écrire pour lui…
Bruno Serrou
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